Aucun citoyen libyen n’entre en Tunisie. La décision n’est pas gouvernementale. Elle est plutôt le résultat d’une manifestation organisée par les citoyens de la ville de Benguerdane qui se sont déplacés vers le poste frontalier de Ras Jédir pour barrer la route à tout Libyen désireux de renter en Tunisie. Seul le trafic dans le sens opposé est autorisé.
Les manifestants poursuivent ainsi leur mouvement déclenché, il y a deux semaines, pour maintenir la pression sur le gouvernement en vue de le pousser à répondre à leurs revendications qu’ils résument en deux volets : développement/emploi et suppression de la taxe imposée aux étrangers non résidents à leur sortie du pays. Bien que le gouvernement ait pris le taureau par les cornes en dépêchant une délégation ministérielle sur les lieux pour prendre contact avec les citoyens, la région vit, encore, un calme précaire. Certes, les accrochages entre forces de sécurité et citoyens ont pris fin, mais les manifestations pacifiques et les “sit-in” se poursuivent.
Organisateurs et participants, soutenus par le syndicat régional, n’entendent pas mettre fin à leur mouvement avant que leurs revendications soient prises en charge par les autorités. Ces revendications sont si difficiles à satisfaire dans l’immédiat que le gouvernement est appelé à faire preuve de doigté et de patience dans le traitement d’une affaire qui n’est pas propre à la région. En effet, ces revendications sont aussi partagées par les citoyens de toutes les régions déshéritées. Et elles sont nombreuses. De plus, c’est une affaire dont le règlement ne dépend pas de la seule volonté du gouvernement tunisien. Elle est éclaboussée par la situation qui prévaut en Libye voisine.
En effet, l’éclatement des manifestations dans le Sud-Est tunisien serait intimement lié à la conjoncture dans l’Ouest libyen. Fajr Libya, actuellement, seul maître à bord dans la région de Tripoli, ne serait pas étranger à l’explosion que connaît le Sud-Est tunisien. D’autant plus que ce mouvement est à la recherche d’une reconnaissance internationale et tunisienne, en particulier. Toujours est-il que le gouvernement tunisien est disposé à approfondir l’examen de la situation dans le but de satisfaire, au mieux, les revendications consignées dans un rapport élaboré par la délégation composée des ministres des Finances et du Développement.
Selon cette délégation, pas moins de 50 revendications ont été exprimées par les citoyens de la région. Le gouvernement a-t-il les moyens pour y répondre ? Et même, s’il en dispose, a-t-il une baguette magique pour transformer, en un temps record, l’aspect d’une région qui n’a jamais connu le développement.
M. K.