Sur demande de l’avocat du DG de L’EPB, partie plaignante: Le procès de Mourad Bouzidi reporté au 10 juin

Sur demande de l’avocat du DG de L’EPB, partie plaignante: Le procès de Mourad Bouzidi reporté au 10 juin

Contrairement au premier renvoi, c’est, cette fois-ci, à la demande de la partie plaignante, le DG de l’EPB, que l’audience est ajournée d’une semaine.

Le procès en appel qui oppose le porte-parole de la Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques, Mourad Bouzidi, au directeur général du port de Bejaïa, Djelloul Achour, qui devait se tenir hier devant la cour d’appel de Béjaïa, a, de nouveau, été reporté, hier, au 10 juin prochain. Contrairement au premier renvoi, c’est, cette fois-ci, à la demande de la partie plaignante, le DG de l’EPB, que l’audience est ajournée d’une semaine. Les avocats de la défense avaient, en effet, demandé et obtenu le report du procès, programmé initialement pour le dimanche 20 mai 2018, en raison de l’absence du plaignant.

Comme pour l’audience reportée du 20 mai, un rassemblement citoyen de soutien au militant Mourad Bouzidi s’est tenu  devant le palais de justice de Béjaïa. Un rassemblement émaillé d’incidents à la suite d’une intervention de la police qui a dégénéré. En effet, alors que des dizaines de citoyens avaient déjà investi les lieux de la manifestation pour “exiger l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires à l’encontre de Mourad Bouzidi”, une patrouille d’éléments de la Brigade de recherche et d’investigation (BRI) est arrivée en trombe. S’ensuivit alors une altercation verbale entre les policiers et les citoyens se trouvant devant le portail principal du palais de justice. Deux jeunes manifestants, qui prenaient des photos à avec leurs smartphones, ont été embarqués par la police.

L’intervention énergique des deux parlementaires présents à ce rassemblement, Nora Ouali et Khaled Tazaghart en l’occurrence, n’a pu apaiser la tension. “Nous les avons conduits au commissariat juste pour contrôler leur identité. Puis on va les libérer”, expliquera un officier de police aux deux députés de Béjaïa.

Avant de les relâcher, les policiers ont supprimé toutes les photos et vidéos prises par les deux manifestants interpellés, certainement pour qu’elles ne soient pas diffusées sur les réseaux sociaux. Après le relâchement des deux manifestants, la tension, qui était vive un moment, est retombée. C’est au beau milieu de cette atmosphère apaisée que Mourad Bouzidi sort de la cour de justice pour rejoindre la foule qui l’attendait dehors. Sitôt parmi les manifestants, il prend la parole. Il a d’abord vivement remercié l’ensemble des gens qui se sont mobilisés ce dimanche 3 juin pour lui apporter soutien et solidarité, avant de revenir sur la genèse de son procès en diffamation. Pour lui, toutes ces poursuites judiciaires visant à intimider les militants sincères et dévoués “ne sauraient fléchir notre engagement et notre détermination à poursuivre notre combat pour les causes justes, dont le déblocage du projet de Cevital à Béjaïa”.

Serein et imperturbable, l’orateur révélera à son auditoire, dans les détails, les dessous de cette affaire de blocage à la fois “injuste” et “injustifié” de l’usine de trituration de graines oléagineuses que compte réaliser le groupe Cevital dans un terrain à vocation industrielle, situé dans la zone extraportuaire de l’EPB. À sa suite, la députée du RCD, Nora Ouali, prend la parole et dénonce ce qu’elle qualifie de “violence policière” qui s’abat ces derniers temps sur les élus du peuple, citant, au passage, les deux incidents de la semaine écoulée, où le président de l’APW de Béjaïa a été malmené par la police à l’entrée de l’aéroport Abane-Ramdane, alors que la veille, des éléments du même corps de sécurité ont tabassé l’adjoint du P/APC de Tazmalt.

Lui emboîtant le pas, son collègue Khaled Tazaghart abondera dans le même sens, en appelant les citoyens à “faire preuve de vigilance et rester mobilisés pour déjouer toute tentative visant à créer la zizanie ou déstabiliser notre région”.

Réitérant son soutien “total et indéfectible” à son camarade Mourad Bouzidi, le parlementaire du Front de l’avenir interpelle solennellement le premier magistrat du pays au sujet de cette affaire de blocage du projet de Cevital à Béjaïa. “Je saisis cette occasion qui m’est donnée pour en appeler au président de la République et lui demander d’intervenir pour mettre un terme à cette aberration qui n’a que trop duré. Il y va de la diversification de notre économie et de l’avenir de notre jeunesse, frappée de plein fouet par le chômage”, a-t-il insisté. Les deux parlementaires ont rencontré, hier, en début d’après-midi, le wali par intérim de Béjaïa, auprès de qui ils se sont plaints de l’intervention “aussi musclée que brutale” de la police lors de ce rassemblement citoyen et pacifique. Selon Me Nora Ouali, le chef de l’exécutif de wilaya a pris acte de leur doléance et promis de prendre des mesures fermes pour que ce genre de “brutalités policières” ne puissent plus se reproduire.

Il y a lieu de signaler que, outre la députée Nora Ouali, de nombreux cadres et militants du RCD ont pris part au rassemblement. Un rassemblement qui a enregistré aussi la présence de Djamel Zenati, ancienne figure de proue du Mouvement culturel berbère (MCB), de Sofiane Adjlane, militant du Rassemblement pour la Kabylie (RPK), des militants des droits de l’Homme, des syndicalistes, des étudiants, des représentants des travailleurs de Cevital…

Kamel Ouhnia