Suppression du Crédoc pour l’importation de la matière première,Les producteurs attendent du concret

Suppression du Crédoc pour l’importation de la matière première,Les producteurs attendent du concret

Les producteurs nationaux sont déçus et très en colère. L’information relative à la suppression du crédit documentaire comme seul moyen de payement de la matière première destinée à la production n’est que «de l’encre sur du papier».

Les opérateurs affirment qu’aucune opération d’importation avec la remise documentaire n’a été autorisée à ce jour en dépit de la parution de la décision dans la loi de finance complémentaire 2011 (LFC 2011) fin juillet dernier. Ils accusent les banques d’être derrière ce blocage persistant.

«La question a été discutée lors de la tripartite où nous avons eu des assurances de la part du Premier ministre que des facilités seront accordées aux producteurs. La loi de finances complémentaire est venue concrétiser cette promesse en autorisant d’autres moyens de payement à leur profit. Mais les banques ne suivent pas cette évolution.

Tout producteur qui fait une tentative d’importation par un autre moyen est confronté à l’entêtement des banquiers qui argumentent leur refus par le fait qu’ils n’ont pas reçu d’instruction sur cette question», affirme Habib Yousfi, président de la Confédération générale des opérateurs et entrepreneurs algériens (CGOEA). Pour lui, les opérateurs sont dans une situation d’impasse.

Ils ne savent plus à quel saint se vouer et qui croire exactement. «On tient un discours au niveau des cercles officiels qui reste lettre morte dans la pratique. Cela dure et perdure mettant l’avenir des entreprise en péril», a t-il ajouté. «La déception des chefs d’entreprise est très grande. Les décisions prises n’ont eu aucune suite.

Elles sont restées lettre morte laissant les opérateurs confrontés à de multiples problèmes et blocages administratifs», dira Abdelaziz Mehenni, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa). Pour lui, les banques publiques sont considérées comme un «Etat à part». «Les banques n’écoutent pas et n’appliquent pas les décisions des hauts responsables de l’Etat et qui sont diffusées publiquement à l’opinion publique.

Elles font leur propre loi et personne ne contrôle ou vérifient si les engagements des pouvoirs publics sont respectés», a-t-il ajouté. La crédibilité du dialogue avec les pouvoirs publics est sérieusement menacée. «A quoi peuvent servir les décisions et le dialogue si elles ne sont pas appliquées ?», s’interroge M. Yousfi, qui tient à souligner la situation critique que traversent actuellement les entreprises.

‘Elles sont moroses. Elles mettent la clé sous le paillasson quotidiennement et dans le silence. Plus personne ne peut éviter la catastrophe», dira-t-il. M. Mehenni rappelle l’engagement de rééchelonnement de la dette des entreprises privées, qui n’a toujours pas été pris en charge.

«C’est récurrent. Ça complique d’avantage la situation des entreprises, déjà fatiguées de subir les contraintes bureaucratiques quotidiennes», a-t-il indiqué. M. Mehenni interpelle les pouvoirs publics à rassurer les opérateurs nationaux qui se trouvent dans une situation embarrassante.

«Nous ne savons plus quoi dire aux opérateurs qui nous appellent quotidiennement pour évoquer leurs problèmes. On a besoin d’être rassurés pour pouvoir les rassurer et argumenter nos réponses», a-t-il ajouté. «Le tissu productif algérien est menacé de disparition», précise-t-il.

En vigueur depuis une semaine, selon l’Abef

Pour Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l’Association des banques et établissement financiers (Abef), le dispositif de diversification des instruments de payement des importations aux producteurs nationaux est opérationnel depuis une semaine. Les clients peuvent s’adresser aux banques pour effectuer les opérations sans aucun problème.

«Les banques avaient besoin de précisions d’application et d’éclairage qui leur ont été fournies pour pouvoir mettre en exécution les deux décisions parus en début août dans la LFC 2011», a-t-il affirmé. Notre interlocuteur rappelle que ça concerne l’importation des intrants destinés à la production locale à travers la remise documentaire»,

où les procédures d’application ont été définies aux banques» ainsi que les importations d’urgence à travers le transfert libre pour des cas d’urgence à hauteur de 4 millions de dinars annuellement. M. Benkhalfa précisé que la procédure d’importation a été allégée depuis la LF 2005, ayant permis une meilleure relation entre la banque et le producteur, qui s’engagera à travers un engagement normalisé à ne pas revendre cette marchandise en l’état.

Par Nouria Bourihane