Suppression des Taxes pour l’importation du sucre blanc,Inquiétudes chez les industriels du raffinage

Suppression des Taxes pour l’importation du sucre blanc,Inquiétudes chez les industriels du raffinage

Le sucre demeure le sujet d’actualité. La suppression des taxes et des droits de douanes sur l’importation du sucre blanc décidée par le gouvernement suscite les inquiétudes des industriels du raffinage, à leur tête le patron de Cevital, Issad Rebrab, allant jusqu’à accuser des «lobbys» de vouloir inonder le marché algérien et mettre en péril le tissu industriel national.

Parallèlement aux décisions prises pour faire baisser les prix du sucre et de l’huile qui sont la suppression de la TVA (17%) et des droits de douanes (5%), le gouvernement avait supprimé les droits de douanes (30%) et la TVA (17%) pour les importateurs de sucre blanc «en vue de mettre un terme à la situation actuelle de quasi monopole sur le marché local du sucre», selon les termes du communiqué du conseil interministériel tenu le 8 janvier dernier.

Cette mesure aura des conséquences graves sur l’industrie algérienne de raffinage, selon le patron de Cevital contacté hier. Pour Issad Rebrab, le gouvernement a favorisé, à travers cette disposition, l’importation au détriment de l’industrie nationale.

En faveur des producteurs, une suspension des droits de douanes est instaurée du 1er janvier 2011 au 31 août 2011, pour l’importation du sucre roux et des matières de base entrant dans la fabrication des huiles alimentaires.

LG Algérie

Les importateurs de sucre se voient encouragés, selon lui, à inonder le marché algérien, alors que les capacités de raffinage sont importantes, pouvant assurer les besoins du marché local et exporter des excédents à l’étranger. «En 2010, nous avons exporté plus de 400 000 tonnes de sucre blanc vers 28 pays. Nous sommes compétitifs et ne pouvons progresser. Notre but est d’accroître notre activité afin d’assurer une rentrée en devises au pays», a tenu à expliquer le patron de Cevital.

Une facture supplémentaire de 300 millions de dollars

L’exonération des taxes et des droits de douanes pour les importateurs va engendrer, selon lui, une hausse de la facture des importations. «Entre le prix de la matière première, le sucre roux, et le produit fini (le sucre blanc), il existe une différence moyenne de 300 dollars la tonne. Pour une quantité annuelle d’importation de 1 million de tonnes de sucre blanc, l’Algérie va débourser une somme supplémentaire de plus de 300 millions de dollars.

Pour moi, la suppression des taxes en faveur des importateurs du sucre blanc n’a aucun sens sauf celui de détruire le tissu économique national», fait remarquer M. Rebrab, ajoutant que son entreprise emploie aujourd’hui plus de 12 000 personnes. Le PDG de Cevital est certain que l’exonération de droits de douanes et de TVA en faveur des importateurs de sucre blanc est  » eune «erreur» engendrée par la «précipitation du gouvernement à trouver des solutions à la hausse des prix du sucre et de l’huile».

«Des lobbys voulant casser mon entreprise seraient derrière. Ils ont l’intention d’inonder le marché par l’importation de sucre produit, notamment en Egypte, alors que le marché national est saturé», a estimé notre interlocuteur.

D’autres industriels algériens ne cachent pas leur désarroi face aux mesures prises, à l’instar du patron de Sorasucre, M. Berrache, qui a souligné les difficultés rencontrées dans le secteur.

La suppression des taxes en faveur des importateurs de sucre blanc complique la situation. Les industriels plaident pour le soutien des pouvoirs publics à ce produit devenu de «première nécessité», en adoptant un mécanisme de soutien.

Par Farouk Belhabib