Adoptée par le dernier Conseil des ministres, la suppression de l’article 87 bis du Code du travail sera inscrite au titre de la loi de finances 2015.
Le secrétaire général de l’Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, semble être le plus satisfait des résultats de la tripartite (gouvernement-Ugta-patronat), tenue avant-hier, à la Résidence El Mithak, à Alger. Deux revendications phares de la Centrale syndicale sont définitivement acceptées par le gouvernement. Il s’agit de la suppression de l’article 87 bis du Code du travail et du retour au crédit à la consommation pour ce qui concerne la production nationale.
«Je qualifierai l’abrogation de cet article d’historique. Il est définitivement abrogé et ne fait plus de spéculation sur ce sujet», a réagi M. Sidi Saïd à l’issue de la rencontre. Adoptée par le dernier Conseil des ministres, la suppression de l’article 87 bis du Code du travail qui sera inscrite au titre de la loi de finances 2015, a occupé un chapitre important des travaux de la tripartite. «La décision sera appliquée à partir du 1er janvier 2015 et concernera en premier lieu la classe défavorisée», a annoncé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans son allocution d’ouverture.
Pour le patron de l’Ugta, cette abrogation est une victoire après des années de lutte. Il s’en félicite, en soulignant que «les augmentations toucheront 1,2 million de fonctionnaires et entre 2 à 3 millions de travailleurs du secteur économique». «Nous aurons au total 4 millions d’employés qui bénéficieront immédiatement de cette mesure», a-t-il indiqué, précisant que les autres catégories de travailleurs bénéficieront graduellement des augmentations, après révision des grilles des salaires.
Selon le ministre des Finances, Mohamed Djellab, le nouvel article 87 bis du Code du travail sera défini «à l’issue d’un débat impliquant tous les partenaires». La tripartite a décidé, en outre, du retour du crédit à la consommation pour les produits nationaux. Demandée par l’Ugta depuis plusieurs années, cette question a figuré dans l’ordre du jour de toutes les tripartites de ces deux dernières années. Menée «diplomatiquement» par la Centrale syndicale, sans recours à la contestation ni aux grèves, la revendication a enfin abouti, au grand bonheur des ménages et notamment des couches moyennes. Et comme la paix sociale a un prix, le gouvernement qui se soucie en premier lieu de préserver la stabilité, n’a pas cédé uniquement sur ce point. Il compte poursuivre sa politique sociale, en maintenant la subvention des produits de large consommation. Le Premier ministre a évoqué également la distribution équitable des richesses du pays sur les citoyens.
Dans ce contexte, il a souligné que 30% du PIB de l’Algérie, soit environ 60 milliards de dollars sont orientés annuellement aux transferts sociaux. Il est prévu également d’injecter une enveloppe faramineuse de 262 milliards de dollars au titre du Plan d’investissement 2015-2019.
La règle des 49/51% maintenue
Ce plan sera soumis, a indiqué M. Sellal, au Conseil des ministres pour adoption avant la fin de l’année en cours. Il devrait porter la croissance économique de l’Algérie à 7% en 2019, précise le Premier ministre, selon lequel l’élaboration de ce programme a tenu compte des prévisions des prix du pétrole dans les cinq prochaines années.
«Nous avons établi trois hypothèses, et nous avons choisi la plus optimiste, mais c’est un choix qui a été fait sur des bases réalistes. Nous ne nous dirigeons pas vers des horizons inconnus», a-t-il indiqué, en réponse à ceux qui tirent la sonnette d’alarme, à chaque baisse du prix du pétrole. Le Premier ministre a insisté sur le fait que le pays doit réussir la transition économique les cinq prochaines années, en sortant de la dépendance aux hydrocarbures. Dans sa stratégie pour la promotion de l’investissement, le gouvernement compte également réviser le Code des investissements. Mais M.Sellal a réitéré la volonté de l’Exécutif de maintenir la règle des 49/51% applicable aux investissements étrangers en Algérie. Il a fait savoir que le gouvernement «étudie actuellement le Code des investissements, afin d’introduire de nouvelles améliorations en vue d’offrir aux investisseurs davantage de facilitations, tout en limitant les obstacles auxquels ils sont confrontés». Il a assuré que ces amendements n’affecteront pas les principes fondamentaux régissant l’investissement en Algérie, citant la règle des 49/51%.
Si le Premier ministre s’est contenté de cette affirmation, son ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb a annoncé que l’Algérie va élargir la règle dite des 51/49%, régissant l’investissement étranger, au commerce de gros et de détail.
«La règle des 51/49% sera maintenue et sera renforcée puisqu’elle sera élargie au commerce de gros et de détail», a-t-il déclaré à l’issue de la tripartite.