Supporters humiliés et journalistes matraqués À leur retour à Alger Calvaire à l’aéroport de Khartoum

Supporters humiliés et journalistes matraqués À leur retour à Alger Calvaire à l’aéroport de Khartoum

Il ne faisait pas bon d’être algérien, en ce jeudi caniculaire, à l’aéroport international de Khartoum, d’où devaient être embarqués à destination de la capitale les milliers de supporters venus prêter main-forte à l’équipe nationale dans sa quête d’un billet donnant droit à une inespérée mais ardemment souhaitée participation au Mondial 2010.

Pour les plus chanceux qui n’y ont pas passé la nuit mais qui l’ont quand même prise d’assaut dès les premières lueurs du soleil, l’enceinte aéroportuaire de la capitale soudanaise ressemblait davantage à une énorme muraille quasi infranchissable qu’à une porte de sortie.

Au nombre impressionnant d’inconditionnels des Verts qui se sont constitués en une interminable chaîne à ramifications, ainsi qu’au désordre, désorganisation et anarchie typiquement algériens, est, malheureusement, venue s’ajouter la brutalité d’un service de sécurité soudanais très prompt à manier la matraque.

À la moindre contestation ou réclamation, somme toute compréhensible eu égard aux conditions de “détention” inhumaines dans lesquelles se trouvaient ces supporters pris entre le marteau d’un départ annoncé comme imminent et l’enclume d’une police soudanaise très violente, les services de sécurité du pays hôte réagissaient avec une brutalité à l’extrême limite de la sauvagerie.

“Les gendarmes soudanais nous ont demandé de nous agenouiller”

Les mouvements de foule fuyant les matraques des forces antiémeutes soudanaises et créant une énorme panique parmi les supporters des Verts se sont répétés, ainsi, plus d’une dizaine de fois en quelques heures seulement.

“Ils nous matraquaient à la moindre occasion. Ils ont fait preuve d’une cruauté incroyable et injustifiable. Il y a, à peine une heure, ce service de sécurité composé de gendarmes et de policiers en tenue a poussé même les limites de l’indécence jusqu’à exiger que l’on s’agenouille en un seul rang au lieu de rester debout. Bien évidemment, nous nous sommes élevés énergiquement contre cet excès de zèle que rien n’explique.

Tout cela, sous les yeux de quelques membres du corps diplomatique algérien présents ici à Khartoum, restés inactifs et insensibles à nos souffrances”, témoignait, sur place, un des supporters des Verts. Les supporters algériens n’étaient, toutefois, pas les seuls à avoir souffert le martyre devant la cruauté et l’insensibilité des services de l’ordre locaux puisque les représentants des différents organes de presse en mission à Khartoum en ont, également, pris pour leur compte.

Empêchés d’accéder à l’enceinte aéroportuaire, bousculés, insultés et même tabassés avec une férocité rarement vue, les envoyés spéciaux de la presse nationale ont, ainsi, vécu un calvaire qui a duré toute une journée et ce, jusque tard dans la nuit.

Face à l’impuissance d’un corps diplomatique largement dépassé par la tournure des évènements, et qui a, contre toute attente, abandonné les journalistes et autres reporters photographes à leur triste sort, avant qu’un de ses représentants fasse, enfin, sa réapparition vers 5h du matin (3h, heure algérienne), les confrères de la plume ont éprouvé mille et une difficultés pour passer le seul seuil de la porte d’entrée dudit aéroport.

Au minimum, quatorze heures d’attente

Quelques-uns des représentants des supports médiatiques algériens ont même dû passer par… la salle d’embarquement destinée aux voyageurs en partance pour La Mecque, Médine et Dubaï, pour espérer ensuite être (re)dirigés vers l’un des points de départ pour l’Algérie.

Ce parcours du combattant était, toutefois, loin d’être fini puisqu’il fallait encore patienter quelques heures avant d’avoir, enfin, accès à l’avion tant attendu.

En tout et pour tout, quatorze longues heures d’attente (de 15h à 5h du matin), d’incompréhension, de fatigue et d’incertitude pour les “chanceux” journalistes, si ce n’est le double en volume horaire pour les supporters et inconditionnels des Verts qui se souviendront, très certainement tant qu’ils vivront, de ce “cauchemar de Khartoum”. Un supplice de plus pour ces Algériens revenus, pourtant, du “front” soudanais avec de belles images plein la tête, celles d’une historique qualification au Mondial dans une ambiance de folie mais à l’épilogue très terni en raison d’un retour qui n’avait (absolument) rien d’une fête annoncée.

Rachid BELARBI