«La piste officielle est totalement ’dénuée » de toute véracité et de vérité», témoigne l’entourage de la victime.
Le directeur général de la Sûreté nationale, le général- major Abdelghani Hamel, vient d’instruire ses services locaux les sommant d’ouvrir une enquête sur tous les contours ayant précédé la mort du quinquagénaire qui s’est immolé tout récemment près de l’enceinte abritant le siège de la sûreté de wilaya d’Oran.
Dans son instruction, le Dgsn a été explicite en mettant l’accent sur la nécessité de tirer cela au clair, tout en situant les responsabilités des instigateurs d’une affaire qui a coûté la vie à Talbi Abdelhafid, malgré son évacuation rapide vers les services d’urgence après s’être aspergé d’essence avant de s’immoler. L’affaire n’est pas un simple point de vue ni encore moins un fait divers.
Selon la version officielle, la victime qui était employée en tant qu’agent de gardiennage dans la piscine d’Oran relevant des services de la direction de la jeunesse et des sports de la même ville, souffrait de problèmes socioprofessionnels. Or, cette piste est totalement «dénuée» de toute véracité et de vérité, témoigne l’entourage de la victime imputant la responsabilité de sa mort à des facteurs n’ayant aucune relation avec son employeur ni encore moins avec son milieu de travail ni avec son entourage immédiat.
Localement, l’on parle avec insistance d’un grave dépassement qui aurait été orchestré à son encontre par une femme exerçant en tant que commissaire. Celle-ci se serait présentée, en compagnie de son fils, sommant le gardien de lui ouvrir les portes fermées de la piscine. Le gardien n’aurait pas abdiqué, malgré l’insistance accompagnée de «menaces» proférées par la femme policière. Il lui explique tout simplement que la piscine, qui est fermée, est régie par un calendrier définissant son ouverture.
Ayant mal pris «l’obstination» du gardien, la femme-commissaire aurait pris attache avec son époux qui serait lui aussi commissaire. Celui-ci se pointe tout de go devant l’entrée principale de la piscine.
Le gardien aurait eu droit à un traitement exceptionnel que lui aurait tenu le couple de policiers. L’agent en question n’a rien trouvé de mieux pour manifester sa colère et sa désolation que de s’asperger d’essence avant de se présenter devant l’enceinte abritant le siège de la sûreté de la wilaya et de s’immoler par le feu. Sauvé sur place par les policiers se trouvant sur les lieux, il a été aussitôt transporté vers l’hôpital.
Après un séjour très bref dans le service de réanimation, la victime succombe à ses graves blessures. De telles informations demeurent toutefois difficiles à vérifier, vu sans aucun doute le sceau de la discrétion qui entoure l’affaire. Du moins pas chez les sources officielles.
Constituant le sujet dominant des débats locaux, ces informations se sont répandues comme une traînée de poudre un peu partout dans la wilaya d’Oran.
Cette affaire n’est pas restée à ce niveau. Lors de l’enterrement du gardien de la piscine, le correspondant de la chaîne TV KBC a, lui aussi, eu droit à un traitement exceptionnel lorsqu’il a mis en marche sa caméra et ce, après le consentement des membres de la famille du défunt, son but étant de couvrir les funérailles de Talbi Abdelhafid marquées par la présence en force des policiers aussi bien en tenues officielles qu’en tenues civiles.
Des hommes en tenues civiles, se présentant alors en tant qu’éléments du DRS, se sont rapprochés du correspondant de la chaîne TV, l’interpellant avant de le sommer d’éteindre sa caméra. Mieux encore, le même correspondant a été, tel qu’il a témoigné, hélé par le chef de sûreté d’Oran le traitant de tous les noms d’oiseaux.
«Honte à toi, lui a-t-il lancé en pleine face», a indiqué le correspondant Saïd Boudour.