Sans crier… gare, des cheminots d’Alger ont arrêté ce matin leur machine et ont demandé aux usagers de quitter les trains et de poursuivre leur voyage à pied, le long de la voie ferrée. Et tout ceci par solidarité avec leurs collègues d’Oran qui réclament le départ d’un responsable !
Les conducteurs et aides conducteurs de train exerçant au sein de la direction régionale d’Oran et de ses annexes de Béchar, Aïn Sefra, Mohammadia, Tlemcen, Relizane et de Sidi Bel Abbès en grève depuis cinq jours, ont été rejoints, ce matin, dans leur mouvement par ceux d’Alger.
Ce débrayage a pris de court les usagers du rail qui se sont trouvés laissés en rade au niveau des gares d’Hussein-Dey et des Ateliers. Ce matin, au niveau de la gare de l’Agha, c’est la colère dans toute sa dimension qui, avons-nous constaté, était au rendez-vous. Un échange de «politesses» s’est même fait entendre d’un côté comme de l’autre. «Ce n’est pas possible ces grèves sauvages. Vous êtes des criminels en balançant comme une marchandise avariée des usagers sur la voie ferrée», lance une citoyenne au responsable de la sécurité de cette gare.
Le mécontentement est quasi général. Parmi les citoyens qui devaient emprunter le train, cette famille qui devait se rendre à Oran et ce citoyen du port d’Oran qui risque de perdre son emploi. «J’ai une mise en demeure pour rejoindre immédiatement mon poste de travail. Cet imprévu risque de me coûter mon emploi», lance-t-il à un responsable au niveau de la gare. Selon des représentants du collectif de ces employés, rencontrés ce matin au niveau de la gare ferroviaire, les horaires de départ des trains régionaux sont perturbés depuis dimanche dernier, à part ceux à destination de certains villes de l’est et de l’ouest du pays, qui accusent des retards. Pour appuyer leurs revendications socioprofessionnels, contenues dans une plateforme de 54 points, les grévistes, au nombre d’une centaine entre les conducteurs et les aides conducteurs d’Oran et certains d’Alger, organisent, à proximité de l’esplanade de la gare de l’Agha un sit-in de protestation.
Les protestataires exigent à présent le départ du premier responsable du service du matériel et de la maintenance du dépôt d’Oran, qui occupe ce poste depuis douze ans, ont-ils indiqué. Ils disent aussi que ce responsable «est la cause de tous les problèmes que rencontrent les travailleurs.
Pour ce qui est du trafic passagers, une visite ce matin au niveau de la salle d’attente de la gare ferroviaire a permis de constater une réduction du nombre de passagers, même au niveau des guichets surtout pour les destinations vers l’Algérois et les villes de l’ouest du pays.
Selon les agents de sécurité de la SNTF présents dans cette structure, certains usagers du train ont opté pour d’autres moyens de transport, pour éviter les aléas de ce mouvement de grève qui a été déclenché rappelons-le, sans aucun préavis.
Pour marquer leur solidarité, les cheminots n’ont rien trouvé de mieux que d’arrêter les trains avant leur destination finale et de demander aux passagers de descendre des wagons manu militari. Le désarroi au sein de ces derniers était total et l’image d’hommes et de femmes marchant le long des rails est très pathétique.
R.K