Jamais un concours de recrutement n’a suscité une telle polémique ni mit en état d’alerte un ministère, des syndicats, des partis politiques et même l’opinion publique.
Il s’agit du concours de recrutement de 28 000 enseignants dans le secteur de l’éducation nationale qui sera organisé aujourd’hui. Plus de 970 000 candidats se sont inscrits (971 962, selon les derniers chiffres de la ministre), pour franchir ce fameux test écrit, sujet à controverses. Pourquoi ? Il faut dire que jusqu’à la dernière minute, les rumeurs les plus folles circulaient à propos d’un «compromis» entre le Premier ministre Abdelmalek Sellal et les enseignants contractuels qui réclament une intégration automatique et sans conditions.
Ces derniers qui ont défrayé la chronique durant un mois suite à la marche dite «de la dignité» ont fini par s’inscrire dans les listes après avoir eu des «garanties», semble-t-il, de leur réussite. Du moins à 90% des concernés. Bachir Saïdi, représentant du syndicat des contractuels, joint par nos soins, a refusé de parler d’un quelconque deal se contentant de critiquer «certaines anomalies concernant les convocations» des candidats. A l’opposé, Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) est catégorique : «De par les avantages et concessions du gouvernement, les enseignants contractuels seront aidés. Donc, le deal est déjà là !», lâche sans ambages M. Amoura, avant d’expliquer comment ces enseignants sont avantagés. En effet, les points dont bénéficieront les candidats concernés et relatifs à la valorisation des années d’expérience (1 point pour chaque année) seront multipliés au total des coefficients (10) des matières d’examen. «Un enseignant qui a trois ans d’exercice aura 30 points avec coefficient», précise notre interlocuteur qui ajoute que l’ensemble des contractuels ont une expérience variant entre 3 et 6 ans. De plus, «le contenu des sujets se rapporte à l’exercice quotidien de l’enseignant», fera-t-il savoir. Evidement donc, ce sont les contractuels qui sont «favorisés». «Le deal n’est pas déclaré mais, il est là», insiste le secrétaire général du Satef, pour qui «le gouvernement a été contraint de céder, car cherchant l’apaisement».
Ainsi, c’est de la crédibilité de ce concours qu’il est question. Est-ce un concours pour la forme pour tous les autres candidats qui n’entrent pas dans la catégorie «favorisée» ?

Risque de mécontentements
La question mérite d’être posée et des craintes d’un lendemain incertain et surtout cacophonique planent dès aujourd’hui. Et si c’est le cas, il s’agira donc d’un coup de force contre la loi, puisque dans le contrat des enseignants, il n’est pas mentionné qu’ils seraient favorisés ! Des émissaires du Premier ministre auraient assuré, lundi dernier à Boumerdès, que les contractuels seront admis à près de 90% et que les restants auront la chance lors d’un autre concours en décembre 2016. D’ailleurs toutes les facilités, allant jusqu’à prolonger le délai des inscriptions de 48 heures, soit jeudi dernier, du jour J, prouvent l’intention des autorités. De Moscou, Abdelmalek Sellal a instruit ses services pour donner une autre chance aux retardataires, selon Hassan Aribi, député du parti El-Adala.
Pour rappel, après une marche entamée le 27 mars de Béjaïa vers la capitale -une première dans les annales-, les enseignants contractuels avaient été bloqués à Boudouaou le 4 avril, avant d’être délogés par «force» de la «place de l’Intégration» le 18 du même mois. C’est le 12 mai prochain que seront connus les résultats de l’examen écrit, en attendant le test oral prévu les 8 et 9 juin pour les candidats admis. Les résultats définitifs seront rendus publics le 30 juin.