L’Etat hébreu digère mal l’offensive diplomatique de la Palestine à l’ONU, en faveur de son autodétermination, qui, coup sur coup, vient d’introduire une résolution demandant la fin de la colonisation dans un délai de deux ans, bien que rejetée par le Conseil de sécurité, et de déposer une demande d’adhésion à une vingtaine de conventions internationales, notamment à la Cour pénale internationale (CPI).
Cette campagne lui vaut des mesures der rétorsion de la part d’Israël qui a décidé du gel du transfert d’un demi-milliard de shekels (106 millions d’euros) à l’Autorité palestinienne et menace ses dirigeants de poursuites judiciaires devant la même CPI. Une démarche que le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a aussitôt qualifiée de “nouveau crime de guerre israélien”. “Ce n’est pas une aumône israélienne au peuple palestinien qu’ils ont gelée, mais notre propre argent, qui est légalement à nous (…) Une fois de plus, Israël répond à une de nos initiatives légales par une nouvelle punition collective illégale”, a-t-il ajouté, assurant que les Palestiniens “ne reculeront pas devant les pressions israéliennes”. Israël collecte pour le compte de l’Autorité palestinienne des taxes qu’il lui reverse chaque mois et qui représentent près de la moitié du budget palestinien. C’est conscient de leur importance que l’Etat hébreu utilise ces versements comme un levier de pression. En 2012 déjà, lorsque les Palestiniens avaient obtenu le statut d’Etat observateur à l’ONU, Israël avait gelé ces transferts, en sus d’avoir ordonné la construction de milliers de logements pour les colons. Cette fois-ci, le prétexte est encore plus fort pour Israël de recourir à cette mesure de rétorsion. Elle est destinée à punir la direction palestinienne d’avoir signé son adhésion à une vingtaine de traités internationaux, dont la CPI, qui devrait permettre de citer à comparaître des dirigeants israéliens devant le tribunal de La Haye pour “crimes de guerre”, perpétrés rétroactivement lors des trois offensives lancées sur Gaza depuis 2008, ou encore pour l’occupation. Il n’en fallait pas plus pour susciter les foudres d’Israël, qui a prévenu hier qu’Israël s’opposerait à toute poursuite de ses soldats par la Cour pénale internationale (CPI), en menaçant les dirigeants palestiniens de poursuites judiciaires. Israël “ne permettra pas que ses soldats soient traînés devant la CPI”, disait Netanyahu, hier, à l’ouverture du conseil des ministres hebdomadaire. “Ceux qui doivent être poursuivis sont les dirigeants de l’Autorité palestinienne qui ont fait une alliance avec les criminels de guerre du Hamas !”, a ajouté le Premier ministre israélien. Mais c’est compter sans la détermination de la direction palestinienne qui réfléchit à l’idée de soumettre, à nouveau, son projet de résolution prévoyant la fin sous trois ans de l’occupation israélienne, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, a indiqué, samedi dernier, le négociateur en chef palestinien, M. Erakat. La relance de la demande de la Palestine interviendrait alors que cinq nouveaux membres ont rejoint le Conseil de sécurité, remplaçant les anciens membres au début de 2015. Ce qui est de nature à augmenter la possibilité que le projet de résolution palestinien soit adopté, cette fois, en l’absence de veto. Concernant la CPI, M. Erakat a expliqué que l’adhésion à celle-ci serait obtenue, automatiquement, 60 jours après la demande.