Suite à la surfacturation des médicaments annoncée par Ould Abbès, Les pharmaciens demandent l’enregistrement du prix en dinars

Suite à la surfacturation des médicaments annoncée par Ould Abbès, Les pharmaciens demandent l’enregistrement du prix en dinars

Suite à la déclaration faite avant-hier par Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, qui a décalaré que 38 médicaments sont surfacturés, augmentant ainsi le coût réel de ces produits à 94 millions de dollars, Lotfi Benbahmed, président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), joint par nos soins, soutient n’avoir «aucune information sur cette déclaration». Néanmoins, il dira que «si des personnes sont responsables d’une telle situation, on doit les sanctionner». Dans ce contexte, et pour éviter de pareilles dérives à l’avenir, le président du CNOP, estimera que «le système de fixation des prix des médicaments doit être fait avec plus de transparence». Et de déplorer qu’il n’y ait pas «de marge fixe à la production», plaidant à ce sujet pour que «le prix d’enregistrement soit le prix public en dinars». Ce qui selon lui, «permettra de faire des économies tout en permettant aux entreprises de faire des bénéfices pour pouvoir investir dans la production».

D’ailleurs, la question d’enregistrer en Algérie les médicaments en dinars a été d’ores et déjà préconisée par l’UNOP (Union nationale des opérateurs de la pharmacie) en octobre 2010. Pour cette dernière, «l’enregistrement du prix en dinars, devrait permettre la prise en charge des pertes de change non pas par l’Algérie, mais par les entreprises exportatrices qui captent toute la plus value du produit».

En effet, selon elle, la réglementation algérienne en la matière permet à un laboratoire étranger d’enregistrer en Algérie son prix en euros ou en dollars. Ce qui, estimera l’UNOP, n’est pas sans conséquences notamment le fait que «toutes les pertes de change en cas de variation du taux de change sont subies par les entreprises algériennes, et donc par l’Algérie».

Un autre impact de la réglementation actuelle est que «sur le marché, existent plusieurs prix pour le même produit en fonction du taux de change du jour de sa réception en Algérie». Causant ainsi une «grande incohérence sur le marché où le même produit peut présenter plus de 10 prix différents, d’autant plus lorsqu’il est importé par 4 ou 5 opérateurs». Ce qui est doublement préjudiciable au marché du médicament en ce sens où il devient difficile de mettre en place un véritable contrôle des prix, d’une part, et d’autre part, pose problème au ministère du Travail pour mettre en place un tarif de référence, lorsque aucun générique n’est fabriqué localement, expliquera l’UNOP.

En conclusion, cet enregistrement du prix en Algérie en dinars, qui «est un élément de souveraineté nationale, devra impérativement être accompagné d’un changement de notre réglementation, qui devra copier les lois des pays développés, et imposer que le titulaire de la décision d’enregistrement d’un produit qui n’est pas fabriqué localement, doive obligatoirement être basé en Algérie». Et de poursuivre que «l’établissement pharmaceutique qui sera titulaire de l’enregistrement en Algérie, devra assumer pleinement la responsabilité qui lui incombe que ce soit en termes de qualité ou de disponibilité».

Rappelant que cette déclaration de Ould Abbès, faite lors de sa visite d’inspection avant-hier à Laghouat, intervient selon lui, après un contrôle effectué sur 38 médicaments, «nous avons découvert un impact financier estimé à 94 millions de dollars par rapport aux prix en vigueur à l’échelle internationale». En conséquence, le ministre dira avoir transmis le dossier de la surfacturation aux «ministères des Finances, de la Justice et au secteur des Douanes».

En outre, tout en soulignant qu’il assumait «la responsabilité de ses déclarations», le ministre fera savoir que maintenant que ces chiffres ont été divulgués, cela va «inciter certaines parties à agir», car cela «touche des intérêts connus».

Par ailleurs, une fois de plus Djamel Ould Abbès affirmera pour la énième fois que le problème des médicaments «a été réglé».

A noter que le ministre de la Santé qui se trouvait à Laghouat, en prévision du déplacement du chef de l’Etat à l’occasion de l’inauguration de l’année universitaire 2011-2012, a inauguré une structure de santé et a procédé à la pose de la première pierre d’un centre de protection maternelle et infantile dans la commune d’Aflou.

Lynda N. B.