La grève des travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Kheda dans la wilaya de Tizi Ouzou a connu hier son quatrième jour sans qu’un quelconque fait nouveau dans le conflit ne soit signalé.
En effet, c’est le statu quo et aucune perspective de sortie de crise ne se dessine pour le moment d’autant plus que point de contact entre les grévistes et l’employeur depuis l’entame de ce mouvement de protestation.
Même l’Inspection du travail qui devait faire une autre tentative pour nouer un dialogue entre les deux parties ne s’est pas manifestée au niveau de l’entreprise probablement en l’absence des intentions des deux côtés. Sinon la section syndicale de la laiterie de Draâ Ben Khedda affiliée à l’UGTA a réagi avant-hier et a rendu publique une déclaration dans laquelle elle dénonce «des pressions et des intimidations qui s’exercent sur l’ensemble des travailleurs et particulièrement ceux qui ont pris la parole durant l’assemblée générale du 27 septembre dernier». Ces pressions se sont traduites selon les rédacteurs de la déclaration par «des affectations à d’autres postes».
La même section syndicale «consciente de la gravité de la situation que vivent les travailleurs, reste à leur écoute et partage leurs préoccupations quant à l’avenir de l’entreprise» avant de conclure sa déclaration en interpellant «les pouvoirs publics à agir avant qu’il ne soit trop tard en répondant favorablement aux préoccupations légitimes des travailleurs».
Même le Parti des travailleurs a rendu public un communiqué sur ce conflit en apportant son soutien aux grévistes tout en mettant l’accent sur l’urgence pour que l’Etat intervienne pour reprendre cette entreprise comme il a demandé l’envoi d’une commission d’enquête sur les lieux. Pour rappel, les centaines d’ouvriers de la laiterie de Draâ Ben Khedda ont entamé leur grève depuis dimanche dernier pour revendiquer la reprise par l’Etat de cette entreprise en guise de solutions aux problèmes qu’ils vivent alors que l’employeur s’est défendu en battant en brèche les griefs retenus contre lui comme la préservation de l’outil de travail et les atteintes aux droits des employés. La direction de l’entreprise est passée aux mains d’un privé depuis juin 2008. Il faut rappeler à ce propos que les salaires des travailleurs ont été augmentés depuis avril dernier à hauteur de 30 %, un investissement de 400 millions de dinars pour renforcer les capacités de production a été consenti et un recrutement de 163 personnes sur les 150 prévues a été effectué.
Notons enfin que le sachet de lait se fait rare depuis l’entame de cette grève créant à nouveau une vive tension sur ce produit de large consommation car cette même laiterie produit presque l’essentiel des besoins de la population de la région en la matière, soit 320 000 litres sur une demande estimée à plus de 340 000 litres par jour. Les citoyens les plus matinaux s’arrachent les près de 100 000 litres que produisent les autres laiteries de la wilaya.
Hamid Messir
