Même si le calme est un peu revenu à Ghardaïa, après les évènements qui ont secoué, avant hier, plusieurs quartiers de la ville, la tension demeure vive. Des sources sur place indiquent que les » hostilités » peuvent reprendre à tout moment, même si le wali avait ordonné l’ouverture d’une enquête et la prise de mesures qui s’imposent à l’encontre des auteurs des incidents. « Les commerces demeurent fermés par mesure de sécurité « , nous a indiqué hier, un habitant de Ghardaïa et par ailleurs militant des droits de l’Homme.
Pour rappel, les affrontements entre jeunes des deux communautés (mozabites et Chaambas) se sont poursuivis jusqu’au petit matin du lundi. Notre source nous a indiqué que plusieurs magasins ont été incendiés ainsi que d’autres biens privés (véhicules…) et du mobilier urbain saccagé. » nous réclamons plus de sécurité ajoute la même source indiquant que lors de la 3ème journée des échauffourées, soit dimanche passé, le quartier de Melika a été « encerclé » par des bandes de jeunes chambis en furie. Les services de sécurité ont selon lui, mis beaucoup de temps pour intervenir, ce qui a poussé les mozabites à « réagir pour se défendre ».
Des groupes de jeunes des deux communautés ont commencé à se lancer des pierres, des cocktails Molotov et d’enflammer des pneus, avant que la situation ne déborde, créant un climat d’insécurité près du quartier de Théniet El-Makhzen et aux environs des ksars de Mélika et de Béni-Isguen, où le trafic routier a été interrompu pendant toute la journée de dimanche. L’ensemble des commerçants ont jusqu’à maintenant baissé rideau, en signe de protestation contre l’insécurité et par peur des débordements, casses, vols et incendies. Un sit-in a été organisé lundi par des commerçants ibadites devant le siège de la wilaya, pour appeler à la sécurité des biens et des personnes.
Une délégation représentant ces commerçants, a été reçue par le wali qui a écouté leurs doléances. A l’origine de ces échauffourées récurrentes et sporadiques, les questions du foncier dans la vallée du M’Zab et des constructions illicites. « Ces échauffourées ont éclaté suite à la construction par un ibadite à Mélika d’un mur fermant l’accès à un cimetière malékite », selon des jeunes malékites de Theiniet El-Makhzen. Ces derniers ont réagi en essayant de détruire le mur construit illicitement, avant l’intervention des autorités de la daïra de Ghardaïa qui l’ont démoli. Les jeunes du quartier de Théniet El-Makhzen, dans la commune de Ghardaïa, non satisfaits de la démolition du mur, ont bloqué les axes principaux de la ville, en dressant des barricades, réclamant l’arrestation de la personne à l’origine de l’incident. Notre source affirme que les violences se sont poursuivies lundi matin.
Le wali de Ghardaïa, Ahmed Adli, a ordonné l’ouverture d’une enquête et la prise de mesures qui s’imposent à l’encontre des auteurs des incidents, et a renforcé le dispositif de sécurité visant à la sécurisation des biens et des personnes. « L’ensemble des problèmes peuvent être surmontés dans le calme, le dialogue et la concertation », a-t-il dit à l’APS. Les mozabites dénoncent » un laisser-aller » des autorités, appelées aujourd’hui à agir avant » l’irréparable « .
Par Sofiane Aït Mohamed
