François Hollande et Nicolas Sarkozy ont repris hier la route de la présidentielle avec un écart d’environ 1,5 point de pourcentage qui sépare les deux finalistes.
Une course qui s’annonce d’ores et déjà très serrée pour les deux candidats même si le candidat socialiste se sent quelque peu dans une position favorable : «Je suis plus fort puisque je suis premier», s’enorgueillit-il à l’annonce des résultats du 1er tour. Pourtant, même si Hollande, conforté par les urnes, semble être sur le chemin de l’Elysée, une chose est sûre : Nicolas Sarkozy, lui, ne désespère pas. «Le combat continue plus que jamais», a expliqué le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, qui a appelé les électeurs à la «mobilisation générale». Il est vrai qu’il est délicat, voire imprudent, de porter un pronostic sur le score final de cette élection présidentielle française, et de prévoir lequel des deux candidats s’installera à l’Elysée. Pourtant, une question s’impose : Si François Hollande est président de la République française, verrait-on un changement dans la politique étrangère française ? Quelle politique étrangère adoptera-t-il ? Lorsque l’on sait qu’à l’international Sarkozy s’est impliqué dans de nombreux dossiers : Sahara occidental, Israël, Afghanistan, Libye, Syrie, Côte d’Ivoire, Mali… Lorsqu’on connaît la politique qui est la sienne en ce qui concerne l’immigration, les harkis… les relations algéro-françaises et son entêtement dans la non-repentance et la non-reconnaissance des crimes de guerre commis en Algérie. Lorsqu’on sait qu’au-delà des déclarations officielles et ses intentions «de tourner la page», sur le plan économique, aucun projet industriel important n’est réellement implanté en Algérie, malgré les visites de Jean-Pierre Raffarin, désigné comme «Monsieur Algérie», et autres délégations économiques.
Qu’en sera-t-il avec François Hollande à la tête de l’Etat français ? De prime abord, la réponse sera que cela va être du bonnet blanc, blanc bonnet, du pareil au même. François Hollande a bel et bien applaudi Sarkozy lors de l’intervention militaire de l’Otan en Libye. En outre, il partage avec le candidat-président les mêmes opinions concernant la Syrie. Rien qu’à revoir ses déclarations, il est aisé de comprendre que la politique étrangère de la France dirigée par un socialiste ne changera pas d’un iota, et à plus forte raison en ce qui concerne l’Algérie. Faut-il rappeler à ce sujet que ce sont des socialistes qui ont fait la guerre en Algérie? Tout porte à croire, en effet, que sur ce plan là, quel que soit son Président, la France n’est pas prête de se débraser de ce poids de l’histoire, et d’aller vers un repositionnement de ses positions politiques tant vis-à-vis de l’Algérie que de l’Afrique. Pourtant, l’on s’accorde un semblant d’espoir de voir un changement opéré dans la diplomatie française, du moins pour ce qui est de ses relations avec l’Algérie, si l’on considère la visite à Alger de François Hollande en 2010 où il avait rencontré Ahmed Ben Bella. A juste titre, à cette époque-là, il avait déclaré dans une interview : «Moi, je suis l’ami de l’Algérie. Je considère que c’est un pays avec lequel la France doit avoir des relations qui doivent être exceptionnelles. Parce que nous avons une histoire». Une histoire «douloureuse», dira-t-il que «nous portons d’une manière différente, Français et Algériens (…) Et puis nous avons un avenir. Nous sommes situés géographiquement sur les deux rives de la Méditerranée. L’Algérie et la France sont des pays qui comptent sur la scène mondiale. Nous avons des conceptions souvent proches sur notamment le multilatéralisme, la souveraineté nationale, le développement. Donc, il faut que nous allions beaucoup plus loin». Concernant la criminalisation de la colonisation, Hollande avait rétorqué que «la colonisation devait être condamnée en tant que telle. Mais je dis aussi qu’il faut, et ça va être bientôt le 50e anniversaire de l’indépendance algérienne, que nous soyons capables de parler du passé mais de construire l’avenir». Excuses et repentance ? «Je ne suis pas du tout convaincu que ce soit sous cette forme-là qu’il faille évoquer l’histoire, avait-il répondu, que l’on ait à dire des choses, que l’on ait à reconnaître l’histoire et que l’on ait à admettre des faits qui ne nous font pas plaisir…».
Par Lynda Naili Bourebrab