Là où le bât blesse c’est que ces subventions ne profiteront pas nécessairement aux faibles revenus
Les véhicules produits localement auront, quant à eux, le gage d’être exonérés d’impôts dès novembre prochain.
L’avant-projet de loi de finances (LFC) 2014 comprend différentes mesures, dont une enveloppe financière de mille six cent (1600) milliards de dinars, soit l’équivalent de vingt milliards de dollars, pour subventionner les produits de large consommation. Cette manne annoncée par le gouvernement est synonyme de prix à payer pour garantir la paix sociale. En effet, et au vu des conflits qui secouent nombre de pays arabes, l’on est en droit de dire que l’Algérie a les moyens de sa stabilité sociale. Cependant là où le bas blesse c’est que ces subventions ne profiteront pas nécessairement aux faibles revenus. Ils vont certainement renflouer les escarcelles des plus nantis, à l’instar du magnat algérien de l’agroalimentaire Issad Rabrab. En fait et sur ce point précis, le débat n’est nouveau surtout que le ministre du Commerce a, jusque récemment, évoqué tout un stratagème qui permettrait de faire bénéficier les citoyens de cette bouffée d’oxygène financière.
Ainsi, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a déclaré au quotidien arabophone Ennahar El Djadid, que le Trésor public débourse annuellement environ 3000 milliards de dinars en termes de subvention «déguisée» depuis 2011. Cette somme représente des exonérations des droits de douanes et de la TVA relatifs à l’importation de la matière première pour la fabrication des deux produits de large consommation, l’huile de table et le sucre. Cette enveloppe globale destinée à l’achat de la paix sociale sera de l’ordre de 9000 milliards de dinars à la fin de l’année en cours, selon la même source. La grande partie de cette enveloppe financière alimente les comptes du patron du groupe Cevital, Isaad Rebrab, qui détient le quasi- monopole du marché de l’huile et du sucre. Outre la couverture par le Trésor de droits de douanes (30%) et la TVA (17%), l’Etat a dû payer 250 milliards de centimes à titre d’indemnisations inhérentes à l’augmentation des cours de soja sur le marché mondial. Cette somme supplémentaire a été destinée à la stabilisation du prix du bidon de 5 litres d’huile au niveau de 600 dinars sur le marché national. Six opérateurs économiques bénéficient de cette subvention. Le maintien de cette politique de subvention malgré le fait que les cours de ces matières premières ont chuté à un niveau très bas sur le marché international, donne l’opportunité aux opérateurs ayant le monopole sur ces produits d’engranger des bénéfices énormes.
Toutefois, l’Etat n’a ni la volonté d’arrêter les subventions ni encore moins de récupérer l’argent déboursé en exonération tous azimuts. La preuve en est, que le département de Benbada n’a jamais fixé le niveau du prix du sucre et de l’huile sur le marché international à partir duquel le Trésor procédera au recouvrement des exonérations. Selon des sources bien informées, la LFC 2014 exonérera d’impôts d’autres matières premières entrant dans l’élevage de la volaille et du bétail. C’est pour soulager les éleveurs de volaille que le gouvernement décide donc du plus belle de la suppression des droits de douanes et de la TVA, qui coûtent généralement près de 15 milliards de dinars au Trésor. Notons ici que les viandes blanches sont devenues inaccessibles pour les petites bourses ces derniers temps, particulièrement à la faveur du jeu mal sain des spéculateurs qui ont anéanti toutes les bonnes volontés, et qui fait que le prix du poulet atteigne souvent les 480 DA, voire les 500 DA le kg sur le marché. Gageons que la future LFC apportera l’accalmie dans ce chapitre et ramènera le prix du volatil à des seuils plus raisonnables. Signalons également que le projet de loi de finances en question accorde une petite fleur à l’enseignement et à la recherche scientifique. Ainsi, le livre électronique verra sa TVA revue à la baisse, puisque de 17% elle passera à 7%. C’est là une autre manière d’encourager la science et l’éducation en général.
La LFC 2014 pourrait à priori lever l’interdiction sur l’importation de véhicules de moins de 3 ans, legs d’Ouyahia.
Cette option relève de la décision du gouvernement d’autoriser l’importation de matériels utilisés et donc de véhicules usagés, croit-on savoir. L’information demeure donc sujette à débats surtout que le gouvernement Sellal entend protéger plus que jamais l’économie nationale et le citoyen algérien. Rappelons que ce point est en étroite relation avec les discussions entre le gouvernement algérien et l’OMC. Les véhicules produits localement auront, quant à eux, le gage d’être exonérés d’impôts dès novembre prochain. Les concessionnaires agrées pourront, pour leur part, espérer quelques faveurs que charriera cette même LFC. Cette dernière prévoit d’importantes mesures capables de juguler le fléau du terrorisme routier en Algérie. L’on évoque l’installation de mouchards sur les poids lourds de plus de 3.5Tonnes et les véhicules de plus de neuf sièges. Autant de dispositions qui permettront de réduire sensiblement les drames sur les routes du pays.