Les prix du pain, du lait, de l’huile de table et du sucre continueront à être soutenus par l’État. Invité de la Chaîne III de la Radio nationale, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a réaffirmé, hier, le maintien de la subvention par l’État des produits alimentaires de large consommation.
Insistant sur la nécessité de «mieux gérer le soutien de l’État », en raison des sommes importantes dégagées annuellement pour soutenir le pouvoir d’achat des consommateurs, le ministre de l’Agriculture a affirmé que cette décision, relève de la volonté de protéger les revenus du consommateur et de participer à la politique nutritionnelle arrêtée par les pouvoirs publics depuis longtemps.
À ce titre, il a souligné «Oui, nous pensons qu’il faut continuer à subventionner les produits de large consommation», tout en précisant que l’enveloppe gérée par son secteur, a pour objectif d’arriver graduellement à ce que ce soutien qui va aux produits importés aille au produit national.
«C’est tout l’enjeu de la politique du Renouveau agricole et rural», a-t-il dit. À cet effet, Rachid Benaïssa a indiqué que l’État consacre 300 milliards de dinars annuellement au soutien des produits de large consommation dont 160 à 170 milliards de dinars consacrés au lait et au blé et 100 milliards de dinars au soutien de la production agricole.
S’agissant de la publication du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la pénurie de certains produits de large consommation au début de l’année, le ministre de l’Agriculture a estimé ue c’est «tellement important, qu’il vient conforter un grand recentrage qui a eu lieu en Algérie en 2008 en plein crise alimentaire mondiale ».
Dans ce sens, il a expliqué qu’avant 2008, «la logique disait que le marché allait tout réguler. Mais le monde s’est rendu compte de la nécessité de créer des mécanismes de régulation au niveau national comme les offices et le soutien des entreprises nationales».
Pour rappel, ce rapport sur la pénurie et la hausse des prix de certains produits de large consommation a conclu que des dysfonctionnements liés à la «mauvaise» organisation du marché national et la «non-maîtrise » des mécanismes d’importation et de distribution, étaient les principales causes de la pénurie de ces produits enregistrée début 2011
Également, la commission parlementaire a estimé dans son rapport que «la prise en charge de la subvention des produits de large consommation par l’État, est une nécessité impérieuse dictée par la sécurité nationale et l’intérêt du pays. Ainsi, la préservation de l’argent public et son utilisation rationnelle est une question liée à la bonne gouvernance et à l’avenir des générations futures».
Par ailleurs, la commission d’enquête parlementaire sur cette pénurie recommande d’ouvrir, un débat national pour la révision des méthodes de gestion des ressources financières, destinées au soutien du pouvoir d’achat de la couche sociale ciblée ainsi que les secteurs économiques productifs, en vue de « créer une richesse et une concurrence loyale et afin d’améliorer la sécurité alimentaire ». À ce propos, le ministre de l’Agriculture qui prône une meilleure gestion des apports de l’État, en relevant au passage, que «beaucoup de mesures ont été prises dans ce sens et beaucoup d’autres doivent l’être».
En réponse à la question de la hausse de la facture céréalière en 2011, qui a atteint durant les neuf premiers mois de l’année 3,4 milliards de dollars, Rachid Benaïssa l’a imputée à la hausse des prix sur le marché international et par les achats importants effectués par l’Algérie compte tenu de la conjoncture sociale traversée par le pays en 2011.
Également, cette augmentation s’explique, selon lui, par le fait que l’Algérie avait modifié son système d’achat de céréales en anticipant ses commandes sur le marché ainsi que par le besoin de constituer ses stocks stratégiques lui permettant d’être à l’abri d’une éventuelle pénurie.
Dans ce sillage, l’invité de la Radio nationale, a indiqué que l’Algérie est «en train d’améliorer son système de régulation », en raison des effets importés de la crise alimentaire mondiale et qui le seront dans les deux prochaines années.
Une crise devenue, selon ses dires, «structurelle, mondiale», mais à laquelle fait face, toute la politique du renouveau agricole et rural, qui est venue comme «réponse à cette crise, donc il faut compter d’abord sur nous même». Aussi, le système de régulations consiste en une série de décisions, dont l’installation de cellules de veille améliorées, par de meilleures connaissances et analyses ainsi que par le développement d’un certain type d’achat.
Nabila Chikhi