Tout a été pensé dans le moindre détail et les Américains sont bien outillés pour cela, sauf l’essentiel. Comment convaincre l’opinion américaine qui compte les morts depuis 2001 avec les guerres en Afghanistan et en Irak ? C’est cette question que soulève le secrétaire américain à la Défense.
Robert Gates a en effet déclaré samedi qu’il serait politiquement difficile pour les Etats-Unis d’accroître encore leur présence militaire en Afghanistan. Il n’a pas dit s’il prenait acte des alliés de son pays qui traînent les pieds, sinon qu’ils disent par la négative aux doléances américaines comme cela s’est passé lors du dernier sommet de l’OTAN. De nombreux pays se sont gardés de répondre, tandis que d’autres annoncent la fin de leur mission en Afghanistan, et par conséquent le retour de leurs soldats. « Ce serait difficile à vendre, sans aucun doute », a estimé M. Gates à la chaîne de télévision CNN.
On ne doute pas qu’il l’a fait avec une amertume d’autant plus grande que cela intervient à trois jours du sommet tripartite qui réunira à la Maison-Blanche les présidents américain, afghan et pakistanais, ce qui serait le prélude à une implication beaucoup plus grande de pays de la région comme l’Iran. La Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) de l’Otan comprend environ 58 000 hommes de presque 40 Etats, en majorité américains, et quelque 8000 autres militaires américains doivent être déployés prochainement dans le cadre d’un renfort dans les prochains mois de 21 000 hommes annoncé par le président Barack Obama. Comment se fera cette opération que l’on dit bien arrêtée dans les tablettes des états-majors américains ?
Justement à l’approche de cette perspective, et comme s’il fallait donner un signal fort aux pays engagés dans cette guerre, la tension ne cesse de croître. En effet, une trentaine d’insurgés ont été tués au cours des dernières 24 heures dans des combats les opposant aux forces afghanes et internationales dans le sud et l’est de l’Afghanistan. Dix-neuf insurgés ont été tués dans des combats vendredi et tôt samedi au nord-est de Kaboul, selon des sources militaires américaines. Ces combats ont eu lieu dans la zone où cinq soldats de l’Otan – trois Américains et deux Lettons – ainsi que quatre soldats afghans et un interprète ont été tués dans la nuit de jeudi à vendredi dans l’attaque de leur avant-poste près de la frontière pakistanaise dans la province de Kunar (est).
L’affrontement s’est déclenché lorsque les insurgés ont attaqué une patrouille conjointe, provoquant une riposte à l’arme lourde des soldats afghans et de la coalition. Selon la coalition, cette patrouille, à la recherche des insurgés qui avaient attaqué la veille un avant-poste, a tué 19 d’entre eux avec l’aide d’un appui aérien. « Nous avons envoyé des renforts dans cette zone et pourchassons les insurgés », a expliqué le général Mohammad Zahir Azimi, le porte-parole du ministère afghan de la Défense.
Cinq insurgés ont également été tués vendredi soir dans le district de Nahr Surkh de la province de Helmand, un bastion des talibans et le premier centre de production d’opium du pays, a indiqué la coalition sous commandement américain dans un communiqué. Dans la province voisine de Kandahar, le berceau des talibans, au moins six insurgés sont morts dans une frappe aérienne dans le district de Maywand, a annoncé le chef des services de renseignements locaux, Abdullah Khan.
Par ailleurs, le chef de la police du district de Farsi dans la province de Herat (ouest) a été tué ainsi que son garde du corps dans l’explosion d’une bombe au passage de leur véhicule, selon le ministère de l’Intérieur. Les attaques des insurgés afghans, parmi lesquels les talibans chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les Etats-Unis, ont redoublé d’intensité depuis deux ans. Et à bien suivre la localisation des différents accrochages et autres opérations, c’est d’une partie considérable du territoire afghan qu’il s’agit. Et c’est cela qui pose problème pour cette coalition sur le départ pour une bonne partie d’entre elle. Que deviendra alors cette guerre ? La première impression, sinon le constat qui sera fait, c’est qu’elle sera américaine. Est-ce alors ce qui explique le redéploiement tel qu’envisagé depuis son élection par le président Obama ? De nouveaux moyens pour accompagner la montée en puissance, plus d’argent pour aider à la reconstruction, avec des soldats-paysans. Eh oui cela existe et l’opinion
les découvrira bientôt.