L’historien Benjamin Stora a indiqué ce mercredi, à sa sortie de l’Elysée après été reçu pendant une heure par François Hollande, qu’il était venu pour apporter son “éclairage” sur les rapports entre Paris et Alger, dans le cadre de la préparation du voyage que le chef de l’Etat doit effectuer avant la fin de l’année en Algérie.
Benjamin Stora a précisé devant la presse que l’entretien a porté sur la politique mémorielle, difficile à mettre en place entre la France et l’Algérie, mais aussi sur l’actualité en Afrique du Nord et au Maghreb, sur l’immigration et les menaces de guerre au Mali.
L’historien n’a pas manqué de saluer la reconnaissance officielle par le président du massacre de dizaines d’Algériens à Paris, le 17 octobre 1961. Une reconnaissance qu’il a qualifiée d’un geste “fort” qui “permet de déblayer les rapports franco-algériens”.
Benjamin Stora a relevé que “c’est la première fois qu’un président en exercice entre dans la séquence guerre d’Algérie, jusqu’à présent on s’était arrêté aux portes (…). C’est un geste en soi important, que les Algériens ont reconnu comme tel. Même s’ils attendent d’autres gestes, ils savent que c’est très fort”.
L’historien a estimé qu’il fallait désormais s’attendre “à ce que d’autres groupes de mémoire se manifestent”, et notamment les Européens d’Algérie, soucieux de voir reconnus, côté algérien, les massacres d’Oran, le 5 juillet 1962. Ou encore celui de la population musulmane du village de Mélouza, en 1957.
Benjamin Stora a souhaité que chaque événement soit “historicisé”. “Il faut prendre les faits historiques, les identifier et les traiter en tant que tels. Si on ne le fait pas, on est dans un registre abstrait, idéologique, dans des condamnations morales. Il faut soulever petit à petit tous les problèmes, et on ne peut pas vivre en état d’amnésie permanente”.
Il s’est dit “étonné” par les réactions hostiles à l’UMP, après la reconnaissance officielle du massacre du 17 octobre 1961. Il a ajouté que “cela m’a sidéré d’entendre cela cinquante et un an plus tard car à mon avis ce type d’argumentation n’a aucune prise sur la jeunesse française d’aujourd’hui, toutes tendances confondues”.