« Il ne s’agit pas en fait de soutiens financiers dont auraient besoin les exportateurs, mais de la conversion des soutiens de l’Etat en actions de mise à niveau, de formation, d’accompagnement, de réduction de frais à l’international, aussi et surtout de facilitations de toutes les procédures ».
Le directeur général de l’Agence algérienne de promotion des exportations, Mohamed Bennini, s’est montré une nouvelle fois très critique à l’égard de la politique d’encouragement des exportations hors hydrocarbures suivie par les pouvoirs publics.
Et comme d’habitude, les propos du premier responsable d’Algex sont crus et francs, loin de la langue de bois que manient extrêmement bien beaucoup de nos responsables.
Dans un entretien accordé à la revue « L’Exportateur », éditée par l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), M. Bennini lance tout de go que l’évolution statistique de nos exportations hors hydrocarbures, ces trois dernières années (à hauteur de 2 Milliards de dollars), « ne doit pas faire illusion ».

« Nous sommes, en effet, dans une faible dynamique de l’exportation, qui continue à être portée exclusivement par certaines exportations de produits bruts et semis finis ou de produits issus du raffinage primaire des hydrocarbures et ce à hauteur de plus de 80% du poste exportations hors hydrocarbures », relève-t-il estimant, au passage, que « seules une ou deux entreprises de dimension de grandes PME ont réussi à exporter des volumes significatifs de nouveaux produits à l’exportation ».
Pour lui, « cela ne peut constituer une véritable dynamique nationale de diversification à l’exportation ». Interrogé sur les raisons de la stagnation des exportations hors hydrocarbures à des niveaux très infimes, M. Bennini renvoie cette situation au climat des affaires « qui pèse lourdement sur les investissements des PME, notamment dans les sphères financières et fiscales ».
Il estime, en outre, que des mesures prises ces dernières années (depuis une quinzaine d’années en fait), « nombre d’entre elles se retrouvent sans traduction sur le terrain et sans évaluation transversale ».
Le DG d’Algex assure, à ce propos, qu’une multitude de tentatives d’exportations de produits agricoles frais, de produits du terroir ou de cueillette, de services de qualité internationale, de travaux de réalisations d’infrastructures à l’étranger et même de produits manufacturés, pour ne pas parler du commerce triangulaire, « se sont heurtées à un mur d’incompréhension et une absence totale de facilitation devant le multitude de procédures, l’inapplication de certains textes en vigueur et en conséquence des pertes de délais et de compétitivité par rapport à la concurrence internationale ».
M. Bennini a, par ailleurs, exprimé sa désapprobation quant à l’organisation du salon annuel de l’exportation « Djazair export » en dehors de la Foire internationale d’Alger qui reste, d’après lui, une sorte de milieu naturel pour les exportateurs algériens. La 4ème édition du Salon « Djazair Export », rappelons-le, s’est plutôt tenue cette année en marge de la Foire de la production algérienne (FPA).
M. Bennin s’est en effet interrogé sur « l’opportunité » du décalage du Salon « Djazair Export » de la période du mois de juin coïncidant avec la Foire internationale d’Alger, à la période du mois d’octobre, en parallèle avec la Foire de la Production Algérienne, dont le Salon constituera, d’après lui, « un appendice, avec pour conséquence, la perte des visiteurs étrangers et donc de la dimension internationale de ce Salon qui se traduisait habituellement par l’organisation de rencontres d’affaires B to B ».
H.B.