Sri Lanka : le cessez-le-feu des Tamouls rejetté

Sri Lanka : le cessez-le-feu des Tamouls rejetté

Le gouvernement a rejeté dimanche le cessez-le-feu unilatéral annoncé quelques minutes auparavant par les Tigres tamouls et a sommé la guérilla séparatiste, acculée dans le nord-est du pays, de se rendre sans condition.

« Face à une crise humanitaire sans précédent et en réponse aux appels des Nations unies, de l’Union européenne et des Etats-Unis, les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) annoncent un cessez-le-feu unilatéral», expliquait un communiqué de la rébellion séparatiste dimanche matin. Un cessez-le-feu que le gouvernement s’est aussitôt empressé de rejeter, sommant la guérilla acculée dans le nord-est du pays- de se rendre sans condition.

«Cela ne peut être qu’une blague! A quoi servirait un cessez-le-feu alors qu’ils sont en pleine débâcle? Ils doivent d’abord déposer les armes et laisser les civils partir», a déclaré dimanche le secrétaire sri-lankais à la Défense, Gotabhaya Rajapakse, frère cadet du président Mahinda Rakapakse. Des dizaines de milliers de civils se trouvent en effet actuellement bloqués dans le nord-est du pays, pris au piège dans la zone de combats opposant l’armée gouvernementale et les Tamouls.

Depuis plusieurs jours, l’ONU tire la sonnette d’alarme : «Il faut avant tout préserver la vie des dizaines de milliers de civils toujours pris au piège dans la zone des combats» a ainsi expliqué le responsable humanitaire de l’ONU, John Holmes. Ce dernier a entamé dimanche ses entretiens avec le gouvernement sri-lankais.

Miliband et Kouchner sur place mercredi

Depuis le début lundi de l’exode massif de civils tamouls, l’ONU pense que plus de 100.000 personnes se sont échappées de la mince bande côtière de 10 km2 où sont acculés les guérilleros. Mais il reste encore 50.000 civils retenus par les rebelles, s’alarment les Nations unies. Colombo affirme avoir «sauvé» 110.000 Tamouls qui ont fui la poche des Tigres depuis lundi, à la faveur de «la plus grande opération de libération d’otages dans l’Histoire».

Depuis des semaines, l’ex-colonie britannique rejette les exhortations internationales et appels à un cessez-le-feu ou à une «pause» humanitaire et reste sourd à la colère de la diaspora tamoule en Occident. Mais Colombo est soumis à une «énorme pression internationale», a reconnu un responsable gouvernemental. Samedi à Paris, quelque 10.000 personnes ont manifesté selon la police pour dénoncer le «génocide» des Tamouls du Sri Lanka.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, se rendra mercredi au Sri Lanka avec ses homologues français et suédois, Bernard Kouchner et Carl Bildt, a annoncé dimanche Downing street dans un communiqué. Le Premier ministre Gordon Brown, après avoir discuté dimanche avec le président sri lankais, a réitéré son appel à un cessez-le-feu et a promis une enveloppe supplémentaire de 2,5 millions de livres (2,76 millions d’euros) pour fournir de l’assistance humanitaire aux personnes déplacées.