Les civils dans les zones de combat au Sri Lanka sont pris au piège. L’ONU a demandé hier au Sri Lanka un cessez-le-feu pour secourir une population qui pourrait payer les frais de la guerre sans fin entre Colombo et les séparatistes tamouls. L’organisation onusienne a pressé les rebelles de se rendre, pour épargner les 50 000 civils bloqués dans la zone des combats.
Mais Colombo résiste toujours aux pressions internationales. «Nous avons besoin d’une pause humanitaire pour faire parvenir de l’aide et faire entrer des travailleurs humanitaires dans la zone du conflit», dans le Nord-Est, a alerté le responsable des affaires humanitaires aux Nations unies, John Holmes, en visite pour deux jours dans cette île d’Asie du Sud. Le diplomate a rappelé que «le bilan humain sur la population civile était terrible [après] des mois de combats».
Selon les Nations unies, plus de 6 500 civils ont probablement été tués et 14 000 blessés depuis que l’armée a lancé en janvier son offensive dite «finale» dans un Nord-Est aujourd’hui dévasté. «Nous devons aussi avoir accès à tous les déplacés à l’intérieur du pays, où qu’ils soient, y compris dans la zone du conflit», a prévenu Holmes. Colombo a indiqué avoir donné son accord de principe pour que deux employés étrangers de l’ONU se rendent en territoire rebelle qui reste coupé du monde. Mais «les combats doivent cesser au moins une journée pour une telle visite», a-t-il précisé. Une accalmie qui reste pour l’heure de l’ordre de l’improbable puisque le gouvernement a encore dit poursuivre ses opérations militaires.
Pour Colombo, le temps est venu de mettre un terme à un conflit qui dure depuis 37 ans. L’armée s’est emparée d’un village en zone rebelle en «libérant 500 civils retenus en otages», a annoncé le ministère de la Défense. Mais l’action de l’armée n’est pas sans un coût humanitaire. Depuis le début, lundi dernier, d’un exode massif de civils tamouls, l’ONU pense que plus de 100 000 personnes ont quitté la mince bande côtière de 10 km² où sont terrés des guérilleros du LTTE (Liberation Tigers of Tamil Eelam- Tigres de libération de l’Ilam Tamoul) et leur chef Velupillaï Prabhakaran. Mais il reste encore 50 000 civils retenus par les insurgés, selon l’ONU. Colombo les évalue à 15 000, qui serviraient de boucliers humains aux Tigres et affirme avoir sauvé 110 000 Tamouls en une semaine, à la faveur de «la plus grande opération de libération d’otages dans l’Histoire».

Les exhortations de l’ONU s’ajoutent à celles samedi des pays du G8, parmi lesquels les Etats-Unis (bailleurs de fonds du Sri Lanka) et qui considèrent le LTTE comme une organisation terroriste. Idem pour l’Union européenne. Mais le Sri Lanka, ex-colonie britannique (Ceylan) jalouse de sa souveraineté, reste sourd aux pressions étrangères.