A l’ère des nouvelles technologies de la communication et de l’information, nous sommes passés des médias de masse aux masses des médias. Tel est le constat auquel sont arrivés, hier, à l’hotel el djazaïr, Alger, les participants au colloque international sur « l’espace public médiatique et la sphère politique dans les sociétés maghrébines ».
« La transmission de l’information ne se fait plus dans un sens unique, des médias au public, mais également du public aux médias », constate le maître de conférences, Rachid Benamirouche. Désormais, les internautes sont également sources d’informations. « Ce n’est plus l’apanage des médias », assure-t-il. Un aspect, estime-t-il, qu’il faut prendre en considération pour déterminer la part des médias dans les débats politiques, entre autres.
« En fait, l’objectif de ce colloque est de savoir jusqu’à quel point les médias publics, en particulier, peuvent intervenir dans l’espace politique au Maghreb. Est-ce que ces médias sont autonomes dans leurs interventions et leurs actions ou sont-ils codifiés d’une manière autoritaire par l’espace politique, sachant que l’information est avant tout un bien commun sur lequel chacun est libre de donner son opinion », indique Mohamed Réda Mezoui, directeur du laboratoire d’études et d’analyses des politiques publiques en Algérie. Il est clair, dit-il, que l’idéal est de permettre aux médias publics d’émettre des vérités qui soient acceptables dans la sphère politique. « Expliquer en somme les politiques publiques en toute liberté, les évaluer, les critiquer et donner aux médias la liberté de faire une lecture de ces politiques et les projets publics », souligne-t-il.
Dans ce contexte, il est nécessaire, poursuit-il, de faire appel à l’économie appliquée qui permet de chiffrer toutes les données, non seulement au profit des médias, mais également pour celui des pouvoirs publics. « Arriver à obtenir de ces derniers une vision juste sur ses activités et actions en permettant la publication de chiffres réels, même s’ils ne vont pas dans le sens du poil. Cela ne sert à rien de publier des statistiques erronées », affirme-t-il. Du côté algérien, des efforts sont fournis pour aller dans ce sens, assure-t-il, en faisant référence à la nouvelle loi sur l’information. « Toutefois, nous nous interrogeons aujourd’hui, sur la faisabilité de la chose. Nous attendons toujours les décrets exécutifs de cette loi. Toujours, au niveau maghrébin, la presse tunisienne attend, elle aussi, le décret exécutif relatif à la nouvelle loi sur l’information insaturée après la révolution. « Le gouvernement a d’autres priorités, liées à la Constitution, que la loi sur l’information.

Mais en attendant les décrets d’application, nous utilisons l’ancien code de l’information qui a été revisité. Les pouvoir publics en place l’ont rendu plus souple », explique Issam Ben Hassan, professeur de droit en Tunisie. La preuve, conclut-il, avant la révolution, la Tunisie comptait six journaux alors qu’aujourd’hui, elle compte une soixantaine de titres.
Farida Belkhiri