Spéculations sur un prétendu changement de gouvernement : Y a-t-il des ministres stagiaires?

Spéculations sur un prétendu changement de gouvernement : Y a-t-il des ministres stagiaires?

Jamais dans les annales de l’Etat et dans le monde, un gouvernement a été remanié au bout de quatre mois d’exercice.

Les observateurs politiques ont été surpris ces dernières semaines de découvrir dans certains journaux et sites électroniques, des annonces de remaniement pour la rentrée en septembre.

Qu’est-ce qui peut justifier la diffusion de cette information pour un gouvernement qui n’a à peine que quatre mois d’activité?

Un gouvernement Sellal III qui est né 15 jours après la réélection du président Abdelaziz Bouteflika et dont la composition a, elle, été installée par décret le 5 mai 2014.

Jamais dans les annales de l’Etat et dans le monde, un gouvernement a été remanié au bout de quatre mois d’exercice. D’autant plus que le gouvernement a vu l’arrivée de 12 nouveaux ministres. Un record en sang neuf et surtout en ouverture pour la société civile avec l’installation, notamment de sept femmes ministres, qui a été perçu comme un exemple de gouvernance, salué récemment par les Etats-Unis lors du Sommet Amérique-Afrique.

Installés dès la première semaine à la tête de leurs départements respectifs, les ministres se sont immédiatement mis au travail en élaborant leur plan de travail avant de le soumettre au Premier ministre pour approbation. Il ne faut pas oublier que les premières propositions des ministres ne sont qu’une première phase lancée pour dynamiser le secteur. Il ne faut pas oublier également que la majorité des ministres n’a travaillé que le mois de juin. L’activité ministérielle a été freinée durant le mois sacré du Ramadhan et la majorité d’entre eux a pris 15 jours de vacances durant la première partie du mois d’août.

Peut-on juger un ministre sur sa gestion au bout de 100 jours d’exercice? La durée de vie d’un gouvernement est liée à plusieurs facteurs: la stabilité du gouvernement, le développement de l’économie du pays (certains grands projets peuvent aller jusqu’à une année de négociation avec les partenaires étrangers), le changement de ministre n’arrange pas la bonne gestion d’un dossier économique sensible. Pour de nombreux observateurs, ces spéculations lancées dans les médias sur la rumeur d’un vaste remaniement gouvernemental en septembre, relèvent de la gamberge.

Certains nouveaux ministres ont d’ailleurs été pilonnés par les médias alors qu’ils venaient d’atterrir dans le gouvernement. C’est le cas, notamment de la ministre de l’Education, Mme Benghebrit, à qui on avait reproché des origines juives, qui se sont finalement avérées

fausses. La nomination d’un ministre obéit généralement à des critères d’efficacité et d’obligation de résultat. Pourquoi juger un ministre alors qu’il n’a pas bouclé ses états de service et qu’il n’a pas finalisé la mission pour laquelle il a été désigné?

Pour la première fois depuis longtemps, on avait salué l’installation de ministres apolitiques. La majorité des ministres du gouvernement est issue du domaine pour lequel elle a été choisie.

Lamamra est l’un des plus anciens et le plus compétent des cadres des Affaires étrangères. Son expérience est saluée aussi bien sur le plan régional qu’international. Mme Benghebrit est une universitaire et chercheuse reconnue sur le plan international. Mme Labidi, la ministre de la Culture, est une ancienne cadre du Caaic, professeure à l’université d’Alger, au département cinéma et audiovisuel. Elle est également cinéaste confirmée et respectée. Hamid Grine, le ministre de la Communication est un ancien journaliste dans la presse écrite et la radio. Il est venu, lui aussi, du monde de la communication internationale. Mohamed Aïssa est secrétaire général, cadre du ministre des Affaires religieuses. D’autres ministres adoptent le même profil.

Ainsi, la majorité des ministres sans coloration politique sont nommés pour leurs compétences dans le domaine. Les autres ministres sont imposés par leur parti et leur expérience sur le terrain de la gestion. Une équipe gouvernementale est jugée sur son résultat à l’issue de la présentation du bilan du Premier ministre. Certains cercles qui sont devenus des spécialistes de la désinformation pour fourvoyer l’opinion nationale, font circuler ainsi ses rumeurs au moment où le gouvernement s’est fixé des priorités: la situation sécuritaire aux frontières et dans la région.

Faire face aux attaques extérieures visant à faire bouger une stabilité chèrement acquise. Le gouvernement est en train également de faire face aux menaces de la fièvre aphteuse, aux problèmes liés à l’éducation où certains enseignants sont affilié à des syndicats aux mains de groupes malintentionnés. A cela s’ajoute la baisse du prix du pétrole qui influe inéluctablement sur les dépenses du pays. Devant cet état de fait, y a-t-il une urgence prioritaire pour changer le gouvernement?

Certains diplomates à Alger s’interrogent sur ce précédent inédit et vont jusqu’à douter de la crédibilité de ceux qui font le relais de ces informations. Si un remaniement devrait avoir lieu, il ne pourra se faire que comme «réajustement» d’une équipe déjà bien placée. Un réajustement qui ne peut intervenir qu’après l’adoption de la nouvelle Constitution annoncée pour la fin de l’année. Le gouvernement Sellal III aura à ce moment là bouclé seulement sept mois d’exercice.

Généralement, il faut au mois neuf mois à un ministre pour faire le tour de son secteur et apporter quelques améliorations dans son domaine de compétences. Aucun signe n’accrédite cette thèse de vaste remaniement. Certains cercles, auteurs de ces rumeurs, n’hésitent pas à impliquer l’entourage du président pour faire avaler la pilule et faire accréditer cette thèse. Ce qui nous amène à poser cette question aberrante: existe-t-il dans le gouvernement des «ministres stagiaires», qui sont remerciés au bout de trois ou quatre mois d’essai? A méditer…