La crise qui touche les matériaux de construction est durement ressentie dans la région Est du pays et principalement à Annaba où le prix du ciment et, depuis un certain temps, celui du rond à béton, deux produits de plus en plus rares sur le marché local, ne cessent de monter en flèche.
Depuis le week-end dernier, le sac de ciment de 50 kg, dont le prix réel est de 340 DA, est écoulé sur le marché d’Annaba à plus de 1 100 DA, constate-t-on. Alors que certains diamètres de rond à béton ont dépassé les 13 000 DA le quintal, matériau dont le prix officiel est de 6 000 DA.
Cette flambée intervient au moment même où le complexe sidérurgique d’El-Hadjar a repris en grande pompe sa production, qui cible les 1,2 million de tonnes d’acier par an dans une première phase. C’est la déception au sein de la corporation des promoteurs et autres entrepreneurs versés dans la construction (habitat et travaux publics) plongés dans l’incompréhension devant cette situation et indignés par la passivité des autorités. La spéculation sur ces deux produis semble être généralisée à l’est du pays et une source généralement bien informée va jusqu’à affirmer qu’elle serait préméditée. Beaucoup d’opérateurs immobiliers annoncent d’ores et déjà des retards considérables en ce qui concerne la livraison des programmes de construction injectés par les pouvoirs publics, surtout au niveau des nouveaux pôles urbains d’Annaba.
Les arrêts de production de certaines cimenteries pour travaux de maintenance et surtout la main basse que font les “barons du ciment” sur ce produit stratégique sont pour beaucoup dans la situation à laquelle sont confrontés les promoteurs. Il est vrai, cependant, qu’aujourd’hui, cette forme commerciale insidieuse a touché l’ensemble des rouages de l’économie algérienne, laquelle n’est plus confrontée aux petits marchands à la sauvette, mais fait face à une “faune de prédateurs” qui pratique l’informel de “haute voltige”. “Nous sommes en contact quasi permanent avec ce fléau qui impose son diktat à tous les échelons de nos tractations commerciales, allant du simple marché de quartier au grand commerce toutes activités confondues. Toutes les occasions sont propices pour exploiter les filons des voies impénétrables qu’est l’informel”, affirme un économiste. Et de rappeler que peu avant le lancement de la dernière campagne législative, aussi bien Abdelmalek Sellal que le ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, annonçaient sans sourciller l’exportation du ciment algérien, dès cette année.