Spéculation immobilière: Incessibilité, la solution «magique» du gouvernement

Spéculation immobilière: Incessibilité, la solution «magique» du gouvernement
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Malgré les différents programmes de logements lancés depuis des années en Algérie, la crise du logement, toujours d’actualité, est devenue une source de protestations parfois violentes à chaque affichage des listes des bénéficiaires de logements sociaux locatifs.

La pratique de la spéculation est un vrai casse-tête pour le gouvernement. Dans la lutte contre la spéculation immobilière, le gouvernement vient de trouver une solution magique. Il s’agit de sanctionner les bénéficiaires de logements sociaux participatifs (LSP) en interdisant la vente de ce type de logements pendant dix ans.

A ce propos, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a affirmé jeudi dernier que la réintroduction de l’incessibilité de dix ans des logements sociaux participatifs (LSP), contenue dans le projet de loi de finances (PLF) de 2012, vise «à lutter contre la spéculation immobilière».

La LFC 2011 avait pourtant introduit la suppression de l’incessibilité de dix ans des logements LSP, sous réserve du remboursement par l’intéressé de l’aide financière de l’Etat. Mais le représentant du gouvernement n’explique pas cette décision et ne donne aucun chiffre sur le nombre de logements LSP qui ont fait l’objet de spéculation immobilière.

LG Algérie

Selon l’argentier du pays, l’incessibilité d’un logement acquis dans le cadre du dispositif «LSP», fortement soutenu par l’Etat, a été introduite dans le PLF 2012 par le gouvernement pour que «le logement ne soit pas un instrument de spéculation immobilière».

Dans une déclaration à la presse en marge du deuxième jour des débats sur ce projet de loi à l’Assemblée populaire nationale (APN), Karim Djoudi a soligné que «l’Etat construit des logements pour répondre aux besoins des citoyens».

Le représentant du gouvernement dira qu’«il ne s’agit pas de construire des logements pour que certains en fassent une opération spéculative», affirmant que «le Parlement est souverain pour adopter ou refuser cette mesure».

Dans le projet de loi de finances 2012, il est expliqué qu’il a été réinstauré l’incessibilité des logements «LSP» en raison de l’impossibilité de quantifier l’aide financière unique et multiforme octroyée par l’Etat, destinée à l’acquisition de ce type de logements.

En outre, le ministre des Finances a fait remarquer qu’il y a beaucoup d’incitations financières qui facilitent l’accès à cette formule, telles que les soutiens financiers comme les bonifications (des crédits immobiliers), les aides sur les prix des terrains servant d’assiette foncière pour les projets d’habitat, ainsi que l’aide de la Caisse nationale du logement (CNL).

Par ailleurs, il a fait état d’une mesure décidée récemment par son département visant à faciliter l’accès au foncier aux promoteurs immobiliers, dont la Caisse nationale d’épargne et de prévoyance (Cnep-Banque), qui réalise un programme de 65 000 logements de location-vente dans la région d’Alger.

Toutefois, on se demande si la solution se trouve dans le fait de sanctionner les bénéficiaires du logement LSP car il y a d’autres sources de spéculation. D’ailleurs, le prix du logement promotionnel reste incontrôlable, un logement acheté auprès d’un promoteur public coûte parfois deux fois moins cher que le prix du marché.

Il ne faut pas oublier aussi l’absence d’un fichier national, régulièrement actualisé, pour éviter des attributions de complaisance à des pistonnés, car nul ne peut nier qu’il y a des personnes qui se retrouvent bénéficiaires d’un logement social ou LSP alors qu’elles possèdent déjà un logement.

Il y a également le cas des bénéficiaires de logement AADL qui sous-louent leur logement sans que les autorités ne réagissent. Pourtant dans les discours des mises en garde sont faites par le premier responsable du secteur de l‘Habitat, Noureddine Moussa.

Il y a aussi la vente de constructions précaires qui est à elle seule un vrai marché, car la mentalité qui règne actuellement c’est habiter un bidonville pour accéder à un logement.

Il existe donc un vrai problème de contrôle face à la mafia de la spéculation. La politique du logement est marquée par une anarchie qui entrave le fonctionnement des marchés du logement.

Nacera Chenafi