Même si les classements effectués par des organismes internationaux ne sont pas toujours objectifs, l’Algérie gagnerait à faire plus de marketing pour vendre son image à l’international.
L’Algérie fait ces derniers temps les frais de classements fort négatifs d’organismes internationaux. Ces derniers présentent l’Algérie, comme étant un pays pratiquement «infréquentable». Dans son rapport rendu public le 21 janvier dernier, Transparency International a classé l’Algérie 88e sur 168 pays en matière de corruption, en lui accordant la note de 3.6 sur 10, soit le même que celui de 2014 et 2013. La Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) a, elle aussi, classé l’Algérie, dans son nouvel indice «Panorama Risque Pays», à la catégorie B avec un risque «assez faible» de la cotation à moyen terme. Selon cet organisme, «classée depuis 2009 à la catégorie A4, l’Algérie recule d’un cran, de septembre 2015 à janvier 2016, en raison du «faible prix» des hydrocarbures qui continue à peser sur l’activité algérienne en 2016».
Doing Business 2016, éditée par la Banque mondiale, a pour sa part, dans son classement portant sur le climat des affaires, mis l’Algérie à la 163ème place sur 189 pays, alors qu’elle était classée 115ème en 2008. Selon ce classement, parmi les 10 critères de sélection établis par la Banque mondiale, le seul domaine amélioré a été celui de l’obtention des permis de construire dans lequel l’Algérie gagne deux places, passant de la 124ème à la 122ème place, dans tous les autres domaines déterminant le classement l’Algérie étant en stagnation ou en recul. Pour ce qui est des universités, les classements sont encore plus sévères.
En 2015, aucune université algérienne ne figure parmi les mille classées par le Centre mondial du classement des universités (Cwur).L’Ecole algérienne également n’a pas été épargnée. Malgré les efforts monstres de Nouria Benghebrit. Sur 140 pays, l’Algérie loge à la 119ème place. Naturellement, il est difficile de remettre en cause la neutralité et la crédibilité de ces classements. Faits par des organismes de renommée mondiale, ils se fondent généralement sur des critères très rigoureux. Mais il est légitime de se poser la question de leur conformité à la réalité quand on voit que, sur le terrain, la situation est plutôt relative. En effet, contrairement aux diagnostics et pronostics faits par ces organismes, la majorité des représentants des pays étrangers, des responsables politiques ou économiques en visite en Algérie attestent du contraire.
En effet, aussi bien François Hollande, John Kerry, Arnaud Montebourg, ont témoigné, lors des visites qu’ils ont effectuées entre 2013 et 2015, de «l’évolution positive de l’Algérie» et du rôle de «stabilisateur» qu’elle joue dans la région. De plus, beaucoup de pays à l’image de l’Espagne, s’emploient à installer des représentations commerciales en Algérie et ceux qui en ont, sont en majorité optimistes dans leurs rapports avec les patrons et les institutions algériennes. «L’Algérie représente un grand potentiel et un marché très important pour nous. Mais les patrons suisses ne connaissent pas l’Algérie, encore moins l’environnement des affaires qui y règne», nous a déclaré récemment Alain Rolland, président de la Chambre de Commerce et d’industrie algéro-suisse lors d’une rencontre organisée par la Ccias et conjointement par le FCE. Il est en tout cas rare qu’un responsable politique ou un acteur économique critique l’Algérie. Pour les pays voisins, l’Algérie représente un pays-locomotive. «Je salue les réalisations accomplies par l’Algérie dans différents domaines aux niveaux politique, économique et social, sous la direction du président Abdelaziz Bouteflika, des réalisations qui ont contribué à consacrer la sécurité, la stabilité et la prospérité au profit du peuple algérien, tout en consolidant la position de l’Algérie et son rôle pionnier dans le soutien aux fondements de la sécurité et de la stabilité dans la région», a indiqué Habib Essid, Premier ministre tunisien, dans une allocution prononcée à l’ouverture des travaux de la 20ème session de la Commission mixte algéro-tunisienne.
Sur un autre plan, l’Algérie, recelant des potentialités de développement avérées et étant le plus grand pays d’Afrique en termes de superficie, offre de grandes opportunités d’investissements, aussi bien pour les nationaux que pour les étrangers. Et si la baisse des prix du pétrole a provoqué des tensions budgétaires intenses, celle-ci a entraîné une amélioration de l’environnement des affaires et non pas, comme le prétend la Coface, le contraire. Pourquoi donc ces classements forts négatifs? Beaucoup d’observateurs, bien qu’ils admettent que ces appréciations reposent quelque part sur une vérité, même relative, expliquent les classements dévalorisants de l’Algérie par son grand déficit en matière de marketing politique et de communication. En effet, explique-t-on, excepté les visites qu’effectuent les officiels algériens à l’étranger, ainsi que quelques entrepreneurs privés, l’Algérie est absente à l’international: lobbying marginal, missions commerciales inexistantes, participations timides aux manifestations internationales, etc.
De plus, à côté de cela, des ONG installées en Europe et dirigées par des Algériens peu connectés avec la réalité du pays, des experts établis à l’étranger et peu au fait des évolutions que connaît l’Algérie, exercent, à travers les médias occidentaux, une influence considérable sur les organismes internationaux en charge de ces classements. De ce fait, il est recommandé que l’Algérie fasse davantage d’efforts en matière de marketing politique pour s’assurer une place de marque dans la galerie diplomatique internationale.