Soutien du Maroc au président autoproclamé au Venezuela: Rabat règle ses comptes avec le régime chaviste

Soutien du Maroc au président autoproclamé au Venezuela: Rabat règle ses comptes avec le régime chaviste

Moncef Wafi

Soutien du Maroc au président autoproclamé au Venezuela: Rabat règle ses comptes avec le régime chaviste

  Après Israël, l’Australie et d’autres pays de l’Amérique latine, c’est au tour du Maroc d’exprimer son soutien au président autoproclamé au Venezuela, Juan Guaido. Le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, a eu mardi un entretien téléphonique avec Guaido «à la demande» de ce dernier, selon la formule consacrée, a indiqué un communiqué de la diplomatie marocaine.
Rabat a fait part au président de l’Assemblée vénézuélienne du «soutien du royaume à toutes les actions menées afin de répondre aux aspirations légitimes du peuple du Venezuela à la démocratie et au changement». La position du Maroc est somme toute prévisible dans la mesure où elle règle ses comptes avec le régime chaviste en raison de sa position sur la question sahraouie. Selon l’agence marocaine de presse, MAP, le Venezuela de Guaido a l’intention de «reconsidérer sa reconnaissance de la RASD» sous le nouveau gouvernement. Plus encore, le coup de force de l’opposition vénézuélienne ayant les faveurs de Washington, la position marocaine s’apparente également à une manœuvre diplomatique pour se rapprocher des Etats-Unis d’Amérique concernant le dossier du Sahara occidental.

En effet, le Congrès américain, à majorité démocrate, avait adopté, en début de cette année, son budget de 2019 qui exclut le Sahara des fonds d’aide au Maroc. Pour la première fois depuis 2014, Washington se désolidarise de Rabat dans les faits alors que traditionnellement le Congrès des Etats-Unis d’Amérique votait une loi budgétaire qui stipulait que les fonds destinés au Maroc doivent être rendus disponibles à l’assistance au Sahara occidental. Un vote sur papier, s’il en faut, puisque le département d’Etat n’avait jamais avalisé cette disposition qui revient à reconnaître implicitement le statut de «puissance administrante» à Rabat.

Le Congrès a ainsi consacré dans ce projet de loi un chapitre au Sahara occidental, séparé de celui du Maroc, indiquant que les financements au titre de l’aide américaine à l’étranger seront accordés directement au Polisario. Même si ce texte de loi n’a pas encore été voté par le Sénat à cause du Shutdown, ni promulgué par le président Donald Trump, tout porte à croire que les States ont pris une autre direction concernant le dossier du Sahara occidental. Un désaveu de plus pour le royaume qui assiste, malgré son lobbying effréné, à une série d’échecs diplomatiques sur fond d’une prise de conscience internationale à propos du droit du peuple sahraoui à disposer de son destin.

Par ailleurs, et sur le plan diplomatique, l’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, Horst Kohler, rencontrera, en février, les deux parties au conflit et convoquera en mars une nouvelle table ronde, sans en préciser ni la date ni le lieu, après la reprise d’un dialogue en décembre jugé encourageant par tous comme par le Conseil de sécurité. Le Polisario a regretté, de son côté, que le Maroc n’ait pas répondu favorablement en décembre à des offres de «mesures de confiance» (libération de prisonniers, ouverture de l’accès au Sahara à des observateurs et des organisations de défense des droits de l’homme…). Il a aussi révélé qu’il existait «une réelle fenêtre d’opportunité» pour régler le conflit au Sahara occidental, appelant le Conseil de sécurité à «agir dans l’intérêt du processus de paix».