Liberté d’expression ou censure ciblée ? L’interpellation du conseiller municipal franco-algérien Ismaël Boudjekada, ce samedi 3 mai à l’aéroport de Mulhouse, relance un débat brûlant en France : celui de la criminalisation du soutien à la Palestine.
Connu pour son engagement fort en faveur de la cause palestinienne, Ismaël Boudjekada a été placé en garde à vue pour “apologie du terrorisme” sur décision du parquet national antiterroriste (PNAT). Selon la chaîne Europe 1, il sera présenté devant un juge dans la journée. En cause : des prises de position publiques et sur les réseaux sociaux dans lesquelles il dénonce le “génocide” perpétré par l’armée israélienne à Gaza depuis octobre 2023.
Un militant pro-palestinien dans le viseur judiciaire
L’élu de gauche du département du Doubs n’en est pas à sa première confrontation avec la justice. En juin 2024, il avait déjà été condamné par le tribunal de Nanterre à 20 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour les mêmes accusations. Pourtant, il n’a cessé d’exprimer, avec constance et conviction, son soutien aux Palestiniens.
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“Construisez vite des places de prison, on risque d’être nombreux nourris, logés et blanchis aux frais de la princesse”, écrivait-il ironiquement sur X (anciennement Twitter) en octobre 2023, après avoir été signalé par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau pour ses propos jugés controversés.
Pour ses soutiens, cette interpellation n’est qu’un épisode supplémentaire dans une politique de répression visant à faire taire les voix pro-palestiniennes en France. Ismaël Boudjekada n’est pas le seul à avoir subi ce traitement. En avril dernier, Rima Hassan, eurodéputée franco-palestinienne, et le syndicaliste Anas Kazib, ont été convoqués pour “apologie du terrorisme”.
La présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, avait alors dénoncé une instrumentalisation de la justice. Elle affirmait qu’une circulaire du ministre de la Justice, datée du 10 octobre 2023, avait été envoyée aux magistrats pour engager des poursuites contre les soutiens à la Palestine, à peine trois jours après le début de la guerre à Gaza.
Le soutien à la Palestine assimilé au terrorisme ?
Pour de nombreux observateurs, la notion “d’apologie du terrorisme” est utilisée de manière excessive et arbitraire. À travers ces poursuites, ce sont les débats démocratiques sur la politique internationale, les droits humains et les violences à Gaza qui se retrouvent muselés.
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La situation d’Ismaël Boudjekada interpelle d’autant plus qu’il a signalé avoir été privé de passeport et inscrit au fichier des personnes recherchées. Un traitement qu’il considère comme une forme de représailles politiques.
Alors que les bombes continuent de s’abattre sur Gaza, la répression judiciaire en France contre ceux qui dénoncent l’horreur semble s’intensifier. Au risque, selon certains défenseurs des libertés, de compromettre les fondements mêmes de la démocratie.