Les seuls à avoir répondu massivement à l’appel à la marche du président du RCD sont les forces de sécurité avec un arsenal impressionnant, largement suffisant pour empêcher ceux qui souhaitaient participer à une marche pacifique dans les rues d’Alger.
La tentative du parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie a eu beaucoup de mal à se concrétiser sur le terrain. Ce dernier étant envahi très tôt dans la matinée d’hier par un arsenal important de forces de sécurité. Les militants du RCD se sont retrouvés très peu nombreux face à un impressionnant dispositif de sécurité qui encerclait de très près l’unique sortie du siège du RCD sis à la rue Didouche Mourad.
Vers les coups de 10h, les premières tentatives d’investir la rue ont été battues sans peine. Les policiers ne tardèrent pas à arrêter les premiers militants qui tiennent les devants du rassemblement à pas, plus de quatre mè-tres de l’entrée du siège du parti. Le président du RCD et une centaine de militants se trouvaient à l’intérieur du siège tandis que des citoyens suivaient ce qui se passait à proximité. Des balcons du siège, les voix des militants scandaient tantôt des chants patriotiques, tantôt en slogans protestataires comme par exemple, «Djazaïr horra démocratia» (Algérie libre, démocratique), «y en a marre du pouvoir», «pouvoir assassin», ainsi que d’autres chants mêlés à des youyous de femmes militantes présentes à l’intérieur du siège.
En plus des drapeaux algériens, les manifestants ont également brandi un drapeau tunisien ainsi que plusieurs tableaux représentatifs de plusieurs maux sociaux comme celui de l’immigration clandestine ont été exposés d’en haut du siège. Vers 11h00 où devait avoir lieu le commencement de la marche à partir du siège, tout mouvement a été rapidement congelé par les policiers anti-émeute qui géraient tout ce qui bouge avec leurs matraques . Pendant qu’un hélicoptère surveillait la situation, des arrestations se faisaient subitement de temps à autre par des hommes en civil qui menottaient et entraînaient les jeunes militants dans les camions de sécurité. Entre 11h00 et midi, plusieurs arrestations ont eu lieu, avec en plus plusieurs blessés. Les citoyens ayant pris place tout près du siège ainsi que les journalistes ont été appelés à chaque fois à la dispersion. A partir de 12h30, les sommations de dispersions par les forces de la sécurité se faisaient plus fermes, après une petite pause. La propriétaire de la pharmacie d’en face du siège du RCD, une jeune femme s’était disputée avec deux policiers lui imposant de quitter les lieu et de ne pas se tenir debout en face du petit rassemblement. La pharmacienne n’a pas mâché ses mots en s’adressant aux policiers : «Est-ce qu’il existe encore une loi qui nous interdit de rester debout ? Je ne marche pas , mais je ne bougerai pas d’ici, vous pouvez me menotter si vous voulez, mais vous ne pourrez pas le faire avec 36 millions d’Algériens… ». Dans l’après-midi, le scénario ne changera pas, toutes tentatives des manifestants ayant réessayé de percer les barrages de la police anti-émeute ont été vaines. Chaque pas en avant est rapidement repoussé en plusieurs pas en arrière par les coups de matraques ainsi que des arrestations reconductibles.
Les militants se trouvant à l’intérieur n’ont pas croisé les bras face aux entraves qu’ils ont subies durant la journée, ils lançaient plusieurs objets sur les têtes des policiers : chaises, carrelages, pierres …les quelques citoyens ayant suivi les événements, dans le froid glacial qui a marqué la journée d’hier, ont déploré le fait q’une marche simple et pacifique soit interdite et que son effet ne soit réduit que par la mobilisation d’un arsenal répressif.
Par Yasmine Ayadi