Soupçonnés de complicité dans le blanchiment d’argent avec Kamel Chikhi : 21 imams entendus par la police à Bouira

Soupçonnés de complicité dans le blanchiment d’argent avec Kamel Chikhi : 21 imams entendus par la police à Bouira

“J’ai été auditionné le 19 août dernier par les services de sécurité sur les dons perçus de la part de Kamel El-Boucher”, a confirmé Boualem R., 54 ans, imam à la mosquée du quartier du 5-Juillet à Lakhdaria.

Une vingtaine d’imams, vingt et un plus précisément, exerçant dans la daïra de Lakhdaria,  dans la banlieue ouest de Bouira, ont été auditionnés par les services de la Police judiciaire, dans le cadre d’une enquête sur des financements douteux de certaines mosquées de la région, par le sulfureux homme d’affaires, Kamel Chikhi, dit “El-Boucher”, a-t-on appris auprès de sources concordantes. Ainsi et selon nos informations, l’enquête coordonnée par les éléments de la Police judiciaire ainsi que ceux de la Gendarmerie nationale, vise à déterminer la destination des fonds gracieusement accordés par Kamel “El-Boucher”, lequel faut-il le rappeler, est natif de la région de l’ex-Palestro. Les enquêteurs soupçonnent une destination occulte pour ces financements. Les mêmes sources précisent que ces imams, notamment ceux des localités de Zbarboura, Krachiche et même des communes avoisinantes telles que Guerrouma et Zbarbar, ont déclaré ignorer l’origine des fonds provenant de cet homme d’affaires mais,  en revanche, ils ont reconnu devant les enquêteurs que ces sommes, plus de 30 millions de dinars, soit plus de 3 milliards de centimes ont servi à l’édification et la réfection de plusieurs mosquées et autres écoles coraniques de la région.

L’un de ces imams auditionnés, Boualem R., 54 ans, officiant à la mosquée du quartier du 5-Juillet en plein cœur de la ville de Lakhdaria, nous a confirmé ces auditions par les officiers de la Police judiciaire. “J’ai été auditionné le 19 août dernier par les services de sécurité sur les dons perçus de la part de Kamel ‘El-Boucher’. Les enquêteurs m’ont demandé à quoi a servi cet argent et j’ai répondu à leurs question”, a-t-il indiqué, sans révéler ce qu’il a consenti à leur dire. Pour notre interlocuteur, Kamel “El-Boucher” avait pour habitude d’aider la communauté par des dons et de manière régulière. “Avant que toute cette affaire n’éclate, Kamel Chikhi était très apprécié de la part des citoyens de Lakhdaria, car il aidait tout monde, sans exception (…) ce qui s’est passé ensuite je n’en sais rien et je l’ai explicitement dit aux enquêteurs”.

Néanmoins et selon des sources judiciaires, les enquêteurs soupçonnent certains de ces hommes de foi d’avoir destiné en réalité ces sommes d’argent à d’autres fins, et ce, avec le consentement de Kamel Chikhi. Actuellement, l’enquête diligentée par le parquet d’Alger est encore à ses débuts, précise-t-on. Cependant et à en croire les mêmes sources, des indices concordants auraient déjà été établis et qui peuvent constituer des preuves pour l’inculpation de certains imams. Interrogé à propos de l’enquête des services de sécurité, le directeur des affaires religieuses et des waqfs de Bouira, Brahim Touati, n’a ni confirmé ni infirmé cette information. “Pour ma part, je ne peux me prononcer sur cette affaire, du moment que je n’ai pas eu connaissance de ces enquêtes.” Concernant les dons effectués par Kamel “El-Boucher”,

M. Touati, a indiqué qu’il était au courant de ces financements, mais selon lui, cet homme d’affaires, n’a jamais introduit une demande officielle auprès de ses services, afin de financer tel ou tel édifice religieux. “J’ai entendu dire qu’il financé la mosquée de Madinet El-Hayet et une mosquée à El-Krachiche”, a-t-il déclaré. Par ailleurs, hier en début d’après-midi, une folle rumeur a circulé à Bouira, faisant état du limogeage du doyen des imams de Lakhdaria pour sa présumée mise en cause dans cette affaire.

M. Touati a démenti cette rumeur en déclarant : “Aucune mesure n’a été prise contre le doyen de Lakhdaria. Il est toujours en poste.” Quoi qu’il en soit, la communauté des imams de Bouira est sous le choc, après le déclenchement  de cette enquête.

RAMDANE BOURAHLA