Moncef Wafi
Après les hommes d’affaires et les anciens ministres, la justice devrait s’intéresser au corps des walis, selon le journal arabophone El Bilad dans son édition d’hier.
En effet, plusieurs wali, qui ne sont plus en fonction ou actuellement en poste, sont visés par des enquêtes sur des affaires de corruption concernant particulièrement le foncier agricole et industriel. Ces responsables sont soupçonnés d’entretenir des relations privilégiées avec des industriels influents et le journal de citer les frères Kouninef, Tahkout ou encore Haddad. Ces enquêtes devront porter sur les prêts bancaires et les projets décrochés par ces hommes d’affaires sur la base de terrains cédés par des walis au dinar symbolique. En parallèle, ajoute la même source, les services de sécurité ont également ouvert des enquêtes concernant les milliers d’hectares détournés au profit de responsables.
Les walis sont aussi suspectés d’avoir octroyé des projets de gré à gré à des oligarques sur la base de complaisance. Le journal rapporte également que certains walis limogés vont être convoqués par la justice pour être entendus sur des affaires relatives au développement local suite à des soupçons de corruption au niveau des wilayas. Des convocations en relation avec certains industriels qui ont été arrêtés, ces derniers temps, et probablement avec des ministres qui seront eux aussi convoqués par la suite, précise encore la même source qui indique que le dernier mouvement des walis entre dans ce cadre.
Pour rappel, la semaine dernière, le chef de l’Etat par intérim avait mis fin aux fonctions des walis d’Alger, Laghouat, Batna, Sétif, Boumerdès et Tarf. Un autre mouvement partiel des walis est attendu à l’issue de ces enquêtes judiciaires. Quant aux wilayas ciblées, le journal rapporte que ce sont celles de Ouargla, Mostaganem, Oran, Djelfa, Adrar et El Oued qui sont concernées. Le site électronique Algérie-Direct avait indiqué que le désormais ex-wali d’Alger, Zoukh, ainsi que d’autres walis de la République ont fait l’objet d’une circulaire ministérielle leur interdisant de conclure des transactions ou gérer les propriétés publiques après les enquêtes lancées sur des affaires de corruption contre des hommes d’affaires. Ces enquêtes auraient touché les walis d’Alger, Oran, Boumerdès, Tipaza, Bejaïa, Sétif, Tizi-Ouzou, Constantine, Mila, Ouargla, Tlemcen, Tiaret et Mostaganem.
Le quotidien arabophone El Khabar avait aussi indiqué, pour sa part, que l’État aurait ouvert des enquêtes, en début du mois d’avril, sur de nombreux walis en exercice et d’autres walis admis à la retraite, soupçonnés de «dépassements graves», notamment en ce qui concerne les biens immobiliers de l’État et d’autres opérations illégales. Selon la même source, les services de sécurité au niveau central ont entamé la récolte de renseignements qualifiés de «graves» dont se seraient rendus coupables neuf walis en exercice ou admis à la retraite. Ils sont soupçonnés, selon les premiers éléments des enquêtes, d’avoir cédé au dinar symbolique des biens immobiliers de l’État.