Souk Ahras: l’Aïd entre obligation religieuse et rémanence d’anciennes croyances

Souk Ahras: l’Aïd entre obligation religieuse et rémanence d’anciennes croyances

SOUK AHRAS- Les pratiques sociales liées à la célébration de la fête de l’Aïd puisent à Souk Ahras comme ailleurs leur source dans  l’obligation religieuse du sacrifice perpétué depuis le prophète Ibrahim mais certaines autres plongent leurs racines dans des pratiques culturelles populaires antérieures à l’Islam.

Une de ces vieilles croyances encore persistante est celle attribuée aux cornes du bélier accrochées sur la porte d’une maison, un pouvoir spécial pour chasser le mauvais £il et attirer la chance.

Une croyance qui perdure affirme le Pr Djellal Khechab, enseignant-chercheur en patrimoine populaire à l’université de Souk Ahras.

Le bélier comme le taureau a toujours été lié dans les croyances anciennes à la fertilité et la notion du sacrifice y a toujours existait rappelle le même universitaire qui souligne que certaines anciennes divinités étaient représentées avec un corps d’homme et la tête d’un bélier.

Le temple du Karnak à Louxour en Egypte témoigne encore de la vénération portée pour cet animal avec ses majestueux sphinx à têtes de bélier, ajoute encore Pr. Khechab qui note la présence de ce culte également chez les babyloniens et les phéniciens.

— Des traditions à la peau dure …

A souk Ahras, certaines familles conservent la vésicule biliaire qui chasserait également le mauvais £il et protégerait contre les choses que l’on craint, ajoute le même chercheur qui relève qui cette croyance est bien répandue en Afrique du Nord mais aussi dans le Sud de l’Europe.

Une autre tradition qui a la peau dure est celle de conserver l’omoplate de l’animal sacrifié afin de s’en servir pour griller certaines graines dont celles du blé utilisé pour la préparation du mets traditionnel Souila. Cet os exposé à une forte source de lumière permettait aussi aux vieux devins d’entrevoir si la saison agricole qui s’annonce est bonne ou pas.

Les vieux à Souk Ahras continuent encore de nos jours d’interdire fermement aux petits de manger certaines parties des abats à l’exemple de la rate.

Il est aussi de coutume de commencer par manger les abats et la tête du mouton.

Les abats servent ainsi à mijoter El Bekbouka,  un mets très épicés également appelé El-Kamounia en raison de son assaisonnement à profusion de cumin mélangé au pois chiche et coriandre. D’autres préfèrent la Osbana qui est un couscous à base d’abats.

La viande est laissée pour le second jour de la fête qui donne habituellement lieu à la préparation du couscous avec la viande de la selle autour duquel se réunissent les membres de toute la famille y compris les fils mariés.

Signe de joie et de fête, les grands-mères continuent d’appliquer le henné sur le front du mouton en présence des enfants.

La célébration de la fête de l’Aïd donne lieu également à Souk Ahras à une série de bonnes pratiques de solidarité à l’exemple de celle de faire aumône de l’épaule droit du mouton sacrifié,  alors que d’autres font don de moutons entiers à des ménages démunis.

Il est également assez répandu dans la région de réserver le troisième jour de l’Aïd à la visite de la zaouïa de Sidi Messaoud du centre-ville de Souk Ahras ainsi qu’à la lecture de la Fatiha du saint Coran sur les tombes des proches décédés.