Souhila Ameghchouche, une ‘‘baroudeuse’’ de 12 ans

Souhila Ameghchouche, une ‘‘baroudeuse’’ de 12 ans

Qui connait, du côté de Taxlent, dans la wilaya de Batna, la petite Souhila Ameghchouche (12 ans), rirait au nez au quiconque prétendrait que le tir de salves de baroud au moyen d’armes traditionnelles est une exclusivité masculine.

Cette charmante adolescente au sourire enjôleur, si élégante et si frêle dans sa ‘‘melhfa’’ rouge, s’adonne avec une maîtrise ahurissante et une adresse inouïe à cet exercice habituellement réservé aux solides gaillards des Aurès, ce qui lui a d’ailleurs valu de recevoir, comme un hommage, le nom d’El Kahina, la célèbre reine berbère.

Rencontrée lors d’une fête traditionnelle organisée à Markounda, dans la commune de Taxlent, Souhila manie avec une totale confiance son arme et lui fait ‘‘cracher’’ de tonitruantes salves sans même cligner des yeux, alors même que toutes les fillettes de son âge font des sauts de cabris en entendant seulement les assourdissants coups de fusil.

Tout affairée à charger de poudre noire sa Karabila (fusil traditionnel) avec une longue pièce de métal appelée localement Merouad (ou Rekal), cette fière chaouie affirme ‘‘adorer tirer au fusil, notamment lorsque les chevaux hennissent et quand la gasba et le bendir retentissent’’.

Elle se sent alors, dit-elle, ‘‘irrésistiblement transportée dans une monde merveilleux’’. Pas le moins du monde gênée par la foule de curieux qui l’entoure, la petite Souhila manie avec une étonnante dextérité son fusil garni de bandes brillantes, le fait habilement tournoyer dans sa petite main, avant de le lancer vers le ciel pour s’en ressaisir à nouveau et tirer, donnant naissance à un gerbe de poussière rougeâtre qui finit par l’envelopper quelques instants, comme un halo, une sorte d’aura qui va si bien avec son innocence. Le tout en exécutant des pas de danse qui laissent l’assistance pétrifiée d’émerveillement.

Là où elle apparaît, Souhila réussit à attirer sur elle toute l’attention des présents et son habileté s’affirme de jour en jour.

Le plus étonnant est que ce côté ‘‘amazone du désert’’ de Souhila Amerghchouche n’a rien de choquant chez une fillette née et élevée au sein d’une famille de Ghassira où le tir de baroud est une passion transmise de père en fils. Ou de père en fille en pareille occurrence.

Pour Ahmed Amerghchouche, son papa, ‘‘Souhila, élève de 2ème année moyenne, a manifesté son amour pour tout ce qui touche au baroud depuis sa plus tendre enfance’’, mais la maîtrise de l’arme, elle l’a acquise, ajoute-t-il, ‘‘ces trois dernières années durant lesquelles elle met un point d’honneur à (l)’accompagner lors de (ses) exhibitions durant les fêtes et les manifestations publiques’’.

Sa popularité est aujourd’hui telle, souligne encore Ahmed, que certains ont fini même par ‘‘exiger’’ sa présence aux spectacles.

Souhila reconnait éprouver du plaisir à tirer mais avoue que sa joie est plus grande lorsqu’elle le fait aux côtés de son père et de son petit frère de 10 ans, Wassim. ‘‘Nous composons un trio merveilleux, n’est-ce-pas ?’’. A Taxlent et dans le voisinage, tout le monde approuve.