Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid a animé samedi un point de presse qui a porté, pour l’essentiel, sur les conséquences politiques et institutionnelles de la maladie du président Bouteflika. Jil Jadid fait partie de ces formations politiques qui ont fait de l’application de l’article 88 de la constitution un cheval de bataille.
Son président semble se rendre aujourd’hui à l’évidence et admet que la mise en œuvre de cette disposition constitutionnelle est de l’ordre de l’impossible. « Cela fait maintenant 90 jours que le président est dans l’incapacité manifeste d’assumer ses fonctions, soit bien plus que la période d’empêchement temporaire légale », note t-il en constatant que le Conseil constitutionnel n’a pas bougé.
Cette institution elle-même n’a pas, selon lui, l’autonomie de la décision pour assumer la responsabilité d’appeler à la déposition du président de la république pour incapacité physique et intellectuelle à assumer ses fonctions. Pas plus que l’institution militaire, ajoute-il. Et cela pour des raisons liées à la nature du système politique algérien qui donne la primauté aux considérations d’intérêts claniques sur les normes juridiques. L’impossibilité d’appliquer la loi fondamentale, en l’occurrence l’article 88 est du fait aussi du président Bouteflika à qui Soufiane Djilali reproche « d’avoir tout verrouillé au cours de ces trois mandats ».
Le chef de Jil Jadid admet qu’outre ces considérations subjectives, l’Algérie n’aurait jamais été prête à tenir une élection présidentielle dans les délais légaux, si l’article 88 avait été mis en branle. Et d’expliquer pourquoi : «les cercles de décisions étaient acquis à l’idée d’un quatrième mandat pour Bouteflika, au cours duquel sera pensée la transition, mais sa maladie a chamboulé les données ». Selon Soufiane Djilali, le pouvoir n’a pas encore d’alternative, ce qui explique selon lui l’absence actuelle de visibilité politique.
Face à cette impasse politique, avec un président réduit à un exercice virtuel de ses prérogatives, le chef de Jil Jadid fait une proposition : l’organisation d’une élection présidentielle anticipée, d’ici fin décembre. Pour lui, « c’est un délai raisonnable ». Ce délai permettrait une préparation convenable tant du point de vue de l’organisation matérielle que du côté des futurs candidats. Cette élection, à cette date, justifie t-il, évitera au pays une trop longue vacance du pouvoir qui dure déjà depuis trois mois.
Outre la présidentielle, Soufiane Djillali s’est appesanti dans son propos sur ce qu’il qualifie d’ « état de délabrement des institutions du pays ».Etat de fait qu’il lie à la révision constitutionnelle de 88 qui a selon lui consacré « la personnalisation du pouvoir ». Il n’a pas non plus ménagé ses critiques contre les partis et institutions qui ont soutenu cette révision constitutionnelle qui met le pays dans « une impasse politique ». En attendant de voir quelle réaction suscitera sa proposition d’élection présidentielle anticipée, Soufiane Djilali promet que son parti « sera au cœur de la bataille » et que la question de la participation sera tranchée par les instances organique de Jil Jadid.