Souffrances des femmes,Nos ancêtres savaient depuis longtemps…

Souffrances des femmes,Nos ancêtres savaient depuis longtemps…

Cette fable de nos montagnes montre si besoin est que nos ancêtres savaient depuis longtemps ce que les femmes endurent. En fait, c’est dans tout le continent africain que les gens savaient depuis des millénaires que les femmes étaient méprisées et victimes des mâles.

Birago Diop, un écrivain sénégalais, nous a transmis un vieux récit où il est question d’un homme qui avait passé sa colère sur son épouse après que des animaux eurent dévasté son champ de pastèques.

Auparavant, il avait déjà réuni de bons prétextes pour sévir. Il avait d’abord trouvé que l’eau ramenée par sa femme n’était pas assez fraîche, que son couscous (de mil) était trop chaud et pas assez salé et que, enfin, la viande qu’elle lui avait fait cuire était trop dure. Las de crier, il est passé à l’action: il a roué de coups la malheureuse femme qui n’avait dû son salut qu’à la rapidité de ses jambes. « Va ! Tu es répudiée ! » lui a- t-il lancé. Le mari est resté seul pendant quelques jours et puis a commencé à ressentir l’absence de sa femme. Petit à petit il a commencé à s’apercevoir qu’il y avait dans son champ et sa maison mille et une tâches que seule une femme pouvait accomplir.

Il a alors regretté ce qu’il avait commis et a essayé de la faire revenir mais celle-ci a préféré vivre seule jusqu’à la fin de ses jours. Elle s’est aperçue que la vie avec son mari était une forme d’emprisonnement. Cette idée d’emprisonnement nous rappelle les sociétés primitives de jadis qui pratiquaient l’exogamie, c’est-à-dire le mariage avec des partenaires autres que celles de leurs villages. Autrefois, en effet, la crainte de contracter des alliances incestueuses (en raison d’une conviction enracinée dans les esprits et qui stipule que tous les membres d’une même tribu ont un même père) avait incité les hommes à aller chercher des épouses loin de leurs tribus.

Et comme l’entente entre tribus n’était pas très répandue, il fallait recourir au rapt. La nuit, pour empêcher les prisonnières-épouses de s’enfuir, on leur ligotait les pieds et les mains. D’ailleurs, les chevillières (Ikhelkhalène) que les femmes portent jusqu’à nos jours, ne sont rien d’autre que les survivances de cette pratique préhistorique. Il est significatif de remarquer que les ikhelkhalène (pluriel de akhelkhal, anneaux que les femmes portent autour des chevilles) sont réservés aux seules femmes mariées.

Même les bijoux, que les femmes aiment beaucoup, et qui sont censés traduire un certain degré de raffinement et d’inclination pour le beau et la préciosité, traduisent enfin la pérennité du destin de celle-ci et qui consiste à être la captive de l’homme. Et il est bon de savoir que chez nous les termes désignant la répudiation sont talaq ( en arabe) et vrou (en berbère) qui signifient lâcher et libérer. Les femmes, eu égard à ce qu’elles ont enduré et continuent d’endurer, méritent plus qu’un hommage d’une journée ou une demi-journée. Non ? Mais que voulez-vous, même l’hommage qui leur est dû se devait d’être parcimonieux. Allah Ghaleb, une fois de plus ? Bonne fête quand même.

Par : N. M.