Quel est le premier joueur de la sélection à vous avoir félicité pour votre transfert au Dinamo Zagreb ?
Disons tous en même temps car j’ai intégré le stage de la sélection pour préparer les deux matches de juin deux jours après avoir signé au Dinamo. Ils étaient tous contents pour moi. D’ailleurs, ils m’ont même trouvé un surnom : Soudanovic (rires).
Qui vous a sorti ce surnom ?
Je ne sais pas trop. En tout cas, on me balançait des «Soudanovic» à tout-va durant trois semaines (rires).

Ce qui est certain, c’est que vous semblez, vous personnellement, être allergique au Bénin puisque vous avez raté un bon nombre de buts contre cette sélection en aller et retour…
Que voulez-vous ? Ça peut arriver à tout joueur. Je n’ai pas eu de réussite contre cette sélection. Je profite de cette occasion pour rétablir la vérité sur un faux procès qu’on m’a intenté. Je m’étais abstenu d’en parler depuis, mais je tiens à le faire aujourd’hui.
Quelle est cette vérité ?
On m’a beaucoup critiqué après le match retour contre le Bénin sous prétexte que j’ai raté trop d’occasions. On a focalisé sur l’action où j’avais mis le ballon au-dessus du cadre alors que le but était vide. Revoyez bien l’action de jeu : l’arbitre assistant avait sifflé remise en 6 mètres car il a estimé que le ballon était sorti au moment où Sofiane Feghouli m’avait fait le retrait. J’avais bien vu l’arbitre lever son drapeau et c’est pour ça que j’ai tiré sans conviction. D’ailleurs, les images de la télévision montrent bien que j’ai tapé dans le ballon et me suis retourné immédiatement, sans même voir s’il était rentré ou non, preuve que j’avais vu le drapeau levé. Si je l’avais voulu, le ballon aurait été dedans. Or, on m’a fait un procès en m’accusant d’avoir raté trop d’occasions. Dans ce match, j’en ai raté une seule, celle où j’avais fait un mauvais contrôle à cause du manque d’appuis. Celle où j’avais tapé dans la balle avec le pointu du pied gauche n’est pas une occasion ratée. C’est le gardien de but qui a été bon en détournant le ballon.
Vous semblez affecté…
Oui, je le suis. On m’a jugé sur un match, sur une prestation, et on a dit et écrit beaucoup de choses méchantes sur moi. C’est injuste. Il arrive à de grands attaquants de rater des buts. Et puis, avant de juger un joueur, il faut se mettre à sa place. C’est trop facile de critiquer quelqu’un quand on est assis dans une chaise, sans vivre les conditions de jeu. Plusieurs paramètres entrent en considération dans un match : le climat, l’état du terrain, les appuis du joueur… Ça m’a fait très mal qu’on me juge sur une action de jeu. Je suis un être humain, il y a des mots qu’il m’est difficile d’accepter, d’autant plus qu’au-delà des actions ratées, j’avais fait un bon match. Au match aller, le ballon ne voulait pas entrer. Le gardien de but s’interposait à chaque fois. Je ne demande pas au public d’avoir de la gratitude pour moi car, quand je marque, je ne fais que mon devoir. Je demande juste qu’on ne me juge pas injustement sur une action de jeu.
Un joueur local a pris le même chemin que vous en s’engageant dans un club européen : Essaïd Belkalem. Que pensez-vous de ce transfert ?
Ah, Essaïd ! C’est un ami qui m’est très cher. Wallah, Wallah, Wallah, il le mérite. Allah donne aux gens suivant ce qu’il y a dans leur cœur et Essaïd a un grand cœur. C’est aussi un bon joueur qui réussira en Europe, je n’ai aucun doute là-dessus.
Vous semblez beaucoup l’apprécier…
Et comment ! Indépendamment du fait qu’il soit mon coéquipier en sélection nationale, nous sommes des amis en dehors des terrains. Je le connais depuis presque huit ans. Nous avons vécu de belles choses ensemble au sein de la sélection A’. C’est un homme, un vrai, très sérieux et très professionnel. C’est un homme de principes et, par expérience, je sais que les gens droits et ayant des principes finissent toujours par réussir. Il a une forte personnalité et cela l’aidera à réussir dans sa vie.
Pensez-vous que le fait d’avoir choisi d’aller directement dans la Serie A italienne est un gros challenge pour lui ?
Certes, c’est un challenge, mais c’est ce qu’il faut faire. Un joueur doit prendre des risques, que ce soit sur le terrain ou dans sa carrière. S’il a peur, il n’avancera jamais et finira sûrement par reculer et régresser. Il faut qu’il aille de l’avant. Dans la vie, il faut tenter et prendre des risques. Au pire des cas, on peut reculer, mais il faut prendre le risque de foncer. Belkalem a pris ce risque et je suis convaincu qu’il gagnera son pari. Quand on voit une porte devant soi, il faut l’ouvrir. Si elle est fermée, il faut la forcer pour qu’elle s’ouvre. Si, malgré tous les efforts, elle ne s’ouvre pas, il suffira de revenir sur ses pas, mais après avoir tout tenté.
Qu’en est-il de Slimani ? Vous et lui avez contribué à résoudre le problème de l’attaque de la sélection et on présume que vous devez avoir de très bons rapports entre vous…
Naturellement et la preuve est que c’est mon copain de chambre lors des stages depuis qu’il a commencé à être convoqué en sélection nationale. Lui aussi mérite de jouer en Europe et je pense que c’est le bon moment pour lui. Normalement, c’est en bonne voie. Je lui souhaite de réussir, tout comme Belkalem. Ce sera déjà une bonne chose pour la sélection nationale.
Belkalem et Slimani vont essayer de suivre vos pas. Quels conseils pourriez-vous leur donner ?
Comment pourrais-je leur donner des conseils alors que moi-même j’ai encore besoin d’être conseillé (rires) ? Plutôt que de donner des conseils, je préfère relater l’expérience que j’ai vécue à mes débuts en Europe. Franchement, la première saison n’a pas été facile. J’avais rencontré des difficultés au Portugal. C’était la première fois que je jouais en dehors de l’Algérie, je débarquais dans un championnat nouveau, je ne pouvais pas communiquer avec l’entraîneur à cause de la langue, le climat est différent, les joueurs sont nouveaux, l’environnement également, un nouveau mode de vie… Tout est nouveau et il faut vraiment un peu de temps pour s’adapter. Cela dit, une fois intégré, tu te sens un vrai joueur professionnel évoluant dans un cadre organisé et, surtout, sur de belles pelouses.
Donc, si Belkalem et Slimani ne jouaient pas dès les premières semaines, il ne faudrait pas qu’ils s’inquiètent…
Voilà ! C’est exactement ça. En plus de devoir s’adapter à un nouvel environnement et une nouvelle manière de travailler, ils doivent aussi faire face à la concurrence des anciens qui jouent aux mêmes postes qu’eux. Ce n’est donc pas si simple que ça. Cela dit, je leur souhaite du plus profond de mon cœur qu’ils jouent dès le premier match. Inch’Allah, ils ne rencontreront aucune difficulté. Je le leur souhaite très sincèrement.
Au prochain stage pour le match amical contre la Guinée, vous serez plusieurs joueurs à évoluer dans le haut niveau. Pensez-vous que ça se ressentira sur la qualité du jeu ?
Je l’espère, du moins. Ce qui est sûr, c’est que nous ressentons déjà une plus grande responsabilité vis-à-vis du pays. Nous n’aurons aucune excuse pour expliquer une contre-performance : les joueurs se préparent et jouent dans de grands championnats et l’effectif est de qualité. Donc, nous serons dans l’obligation d’être bons.
L’Algérie est théoriquement qualifiée pour le tour des barrages pour la qualification à la Coupe du monde 2014, mais le Mali a introduit des recours concernant deux matches et, s’ils aboutissent, il faudra gagner lors du dernier match en septembre pour entériner la qualification. Vela vous perturbe-t-il ?
Non, pas le moins du monde. Qualifiés ou non, nous devons battre le Mali en septembre car la nouvelle philosophie de la sélection est de jouer tous ses matches pour les gagner. D’autre part, il faut que les gens sachent que nous avons arraché la qualification sur le terrain, en gagnant deux matches de suite à l’extérieur par une chaleur suffocante, avec quatre voyages de 7 heures chacun. Personne ne nous en a fait cadeau. Je le répète : nous jouerons le match face au Mali pour le gagner et préparer comme il se doit notre double confrontations en barrages.
Vous dites souvent que votre club préféré au monde est Chelsea. Est-ce parce que vous êtes un grand fan de Didier Drogba qui avait fait les beaux jours de ce club ?
Depuis que José Mourinho avait pris l’équipe de Chelsea en 2004, j’ai bien suivi cette équipe. Avant, je n’avais aucun club préféré, mais le style de jeu de Chelsea m’a accroché, ainsi que la personnalité de Mourinho. C’est à cette occasion qu’est née mon admiration pour Didier Drogba. Vous savez, j’ai un rêve fou : jouer un jour à Chelsea. Du moins, c’est un rêve et une espérance. On a le droit de rêver, non ?
Qui sait ? Peut-être que votre rêve se réalisera…
Pourquoi pas ? Qui aurait dit que je jouerai en senior à l’ASO Chlef, que je gagnerai le championnat avec ce club, que je serai le meilleur buteur, que je serai en sélection nationale, que je jouerai en Europe, que je jouerai l’Europa League, que je remporterai la Coupe du Portugal, et que je jouerai la Ligue des champions ? Je me rappelle qu’en 2010, je regardais la grande équipe des Verts, avec les Ziani, Yahia, Bougherra et autres Saïfi, participer à la Coupe du monde sans jamais, mais vraiment jamais, m’imaginer qu’un jour, je serai dans cette sélection. Donc, qui dit que je ne jouerai pas un jour à Chelsea avec Mourinho comme entraîneur ? C’est juste un rêve, certes, mais qui peut se réaliser.
Vous avez évoqué la sélection des Verts de 2010. A l’époque, Madjid Bougherra suivait vos prestations en sélection A’ et nous avait déclaré que vous serez un grand joueur dans le futur. Vous voilà en train de jouer ensemble en sélection !
Vous savez, Madjid fait partie de ce type de joueurs dont la présence est indispensable en sélection. Il joue un très grand rôle dans la communication avec et entre les joueurs. C’est vraiment un type bien : très bien éduqué, sage, toujours disponible… C’est un joueur à part.
Vous avec donc de très bons rapports avec lui ?
Des rapports excellents, même.
Au point de lui demander peut-être de vous céder le n°2 qu’il porte, vous qui aimez porter ce numéro ?
(Rires) C’est que je le lui ai demandé déjà ! Il m’a dit que j’avais déjà le N°15 que portait un grand joueur, Karim Ziani. Je lui ai dit alors que, lorsqu’il prendra sa retraire internationale, je récupèrerai le N°2 (rires).
Et pour porter le N°15, avez-vous demandé l’autorisation ?
Bien sûr ! J’ai contacté directement l’intéressé, Karim Ziani. Par respect pour tout ce qu’il a donné pour la sélection nationale, la moindre des corrections était de l’informer de mon intention de prendre le N°15. Il a accepté volontiers en me disant que je le mérite. C’est un grand honneur pour moi. D’ailleurs, je garde toujours le contact avec Karim.
Vous avez parlé de Bougherra et Ziani, deux joueurs qui ont remporté deux fois chacun le Ballon d’Or algérien. Ambitionnez-vous de remporter ce trophée un jour ?
Qui n’aimerait pas gagner le Ballon d’Or ? Je ne vous le cache pas, c’est devenu un trophée individuel important dans la carrière d’un joueur. Je l’ai raté de peu il y a deux ans, mais je ne désespère pas de le remporter un jour. Je continuerai à travailler davantage pour le gagner.