L’attraction du CHAN ici au Soudan s’appelle Soudani. Et quand Hilal (son prénom), vient se joindre à son nom, cela suscite une sympathie particulière chez les Soudanais, bien curieux de connaître les origines de ce joueur qui, en l’espace de trois matches, a volé la vedette à Hadj-Aïssa, pourtant une vraie star ici. L’attaquant de l’ASO n’arrête pas de séduire et il n’est pas étonnant de voir que son entraîneur devient intarissable dès qu’il s’agit de faire les éloges du Chélifien qu’il pense même emmener chez les A.
Premier objectif atteint avec cette qualification aux quarts de finale, soulagé ?
Satisfait plutôt. C’était un cap qu’on devait franchir. C’est fait ! Je suis très content qu’on ait pu passer ce tour. Bien que nous soyons venus jouer le titre, on savait que le plus dur était de passer le premier tour. A ce niveau de la compétition, il fallait être vigilants. Je pense que le premier match que nous avions réussi aura finalement pesé sur la suite. La preuve, regardez celui d’après, face au Gabon. On prend un but à la demi-heure de jeu. On égalise, puis on reprend l’avantage. Mais on se fait égaliser dans les arrêts de jeu. C’est pour dire qu’on n’est jamais sûrs de voir les choses se passer comme on l’avait prévu.
Comme aujourd’hui par exemple (entretien réalisé samedi, ndlr), beaucoup s’attendaient à un match facile, vu que le Soudan était qualifié, mais il n’en fut rien ; avez-vous été surpris par la hargne affichée par votre adversaire ?
Sincèrement, non ! On savait qu’ils voulaient prendre la première place, ils en ont parlé dans les journaux, ce qui fait que nous nous attendions quand même à ce qu’il y ait une grosse résistance en face. Le coach nous avait mis en garde. Donc, non, je n’ai pas été surpris de les voir jouer le jeu à fond. Tant mieux pour le fair-play et l’honnêteté. C’est important.
Vous ne vous êtes pas dit que le Soudan allait vous faciliter la tâche, après toute cette sympathie que la rue vous manifestait depuis que vous êtes là ?
Non ! Non ! Ce que le public en pensait nous faisait bien sûr plaisir. Mais la qualification, c’était à nous d’aller la chercher. On joue une Coupe d’Afrique et, sincèrement, une équipe qui vient jouer le titre n’a pas besoin d’un coup de main de son adversaire pour passer. La preuve, aujourd’hui, la pression n’a pas baissé d’un cran jusqu’au coup de sifflet final. Il y a eu grosse résistance de part et d’autre du début jusqu’à la fin.
A un moment, la pression été plus sur vous ; les Soudanais ont trouvé la transversale et fait quelques actions dangereuses, n’aviez-vous pas peur que le match accouche d’un score négatif, d’autant que, dans l’autre match, le Gabon menait par deux buts à zéro à l’heure de jeu ?
C’est vrai qu’il y avait une grosse tension. C’est pour cela que nous avons continué à attaquer. L’adversaire paraissait plus à l’aise dans le jeu, parce qu’il tenait le bon rôle. Il était déjà qualifié, ce qui fait qu’il était là pour amuser la galerie si je puis dire, alors que nous, le moindre faux pas pouvait nous coûter la qualification, d’autant que, comme vous dites, dans l’autre match, le Gabon maintenait la pression. C’était assez stressant, mais on a su comment gérer tout ça.
Quelles étaient les consignes du coach, tuer le match ou bien gérer le score ?
Il nous a plutôt demandé de gérer le match et non le score, car cela sous-entend reculer d’un cran. Or, lui continuait de nous demander de jouer haut. Il fallait leur mettre la pression pour ne pas subir le match.
Vous avez buté à deux reprises sur le gardien, manque de bol ou d’ajustement ?
Un peu les deux, je dirais ! Il faut dire que sur le premier tir, j’avais pris le ballon complètement de travers. Je l’avais trop caressé de l’extérieur, ce qui fait que ma frappe était dévissée. Sur le second tir, j’aurais peut-être dû attendre que le gardien se couche pour armer. De là où j’étais, c’était difficile, d’autant que je sentais le souffle du défenseur adverse dans mon dos !
Peut-on dire qu’aujourd’hui vous avez joué un vrai match de Coupe d’Afrique, avec l’ambiance qu’il y avait dans le stade ?
Absolument ! Une ambiance de feu carrément ! Sincèrement, par rapport au premier match face à l’Ouganda, il n’y a pas photo.
Un premier objectif atteint, quel bilan faites-vous de ce premier tour ?
Je laisse le soin au coach de faire les bilans. Tout ce que je peux dire, c’est que nous avons réussi notre premier objectif. On se qualifie à la deuxième place avec cinq points, derrière le pays organisateur, c’est assez reluisant comme bilan à mon avis. Car, attention, le Gabon aurait pu passer, vu que, sur le papier, ils ont une super équipe.
Parlons de vous maintenant ; déjà trois buts dans cette compétition, disons, une suite logique de votre saison avec l’ASO. Quels sont donc vos objectifs dans ce tournoi ?
Continuer à apprendre, à prendre du plaisir. Pour le moment, ça me réussit plutôt bien. J’en suis content. Après, je ne fais pas une fixation sur ma personne. Je me laisse fondre dans le groupe. On rame tous dans la même direction.
Le titre de meilleur buteur vous intéresse-t-il ?
Oui !!!
Carrément ?
Vous pensiez que j’allais dire non ? Ce serait mentir. Oui, je veux terminer meilleur buteur. Ce serait bien. Mais comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je n’en fais pas une fixation. Je ne joue pas pour moi, mais pour l’équipe. Après, si ça vient, j’en serai content.
On parle de plus en plus de vous chez les A, qu’en est-il au juste ? Y a-t-il du concret, ou bien ne fait-on qu’en parler seulement ?
Pour le moment, on ne fait qu’en parler. Je n’ai rien reçu. Ça me fait plaisir d’entendre dire que j’ai ma place chez les A. Cela m’encourage à redoubler d’efforts, mais le dernier mot revient au coach. Il est aussi sélectionneur des A, donc s’il voit que je mérite d’être appelé, je serai super content.
Le coach dit penser vous convoquer pour le prochain Algérie – Maroc…
A moi, il ne m’a rien dit. Je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre. Il y a des choses que je dois améliorer. Je travaille beaucoup pour ça. Après, je laisse le temps faire les choses. Je ne veux pas brûler les étapes.
Quels sont les manques à travailler, le coach vous en a parlé ?
Non, mais je sais que je ne suis pas encore au top. Il me reste beaucoup de choses à apprendre. Cela viendra avec le travail et l’expérience.
Etes-vous demandeur d’une convocation pour le prochain Algérie – Maroc ?
Je suis plutôt preneur. Je ne pense pas être en mesure de revendiquer quoi que ce soit. Je me mets à la disposition du coach, c’est tout.
La presse soudanaise a rapporté une déclaration de vous dans laquelle vous disiez être honoré par l’intérêt d’Al Hilal du Soudan et que vous étiez prêt à y tenter une expérience ; était-ce sincère ou bien une réponse diplomatique ?
J’ai dit que j’étais honoré sans plus. Le journaliste m’avait demandé si j’étais tenté par une expérience ici, je lui ai dit : «Pourquoi pas !». Sans plus. Je n’ai jamais affirmé que je voulais venir.
Demba, l’ex-défenseur de la JSK qui joue à Al Hilal, ne vous le conseille pas…
Ah bon ! Il doit savoir de quoi il parle alors ! (rires).
Qu’en est-il de cette histoire de contact avec le FC Sion, y a-t-il eu des pourparlers ?
Oui. On en a discuté. C’est vrai.
Vous deviez partir, non ?
Oui, cet hiver. J’avais un choix à faire entre y aller ou jouer le CHAN. J’ai préféré rester.
Pourquoi ?
C’est l’Equipe nationale ! Je ne pouvais pas dire non quand même !
Vous ne le regrettez pas ?
Pas du tout. Que du bonheur ici. Après, j’aurai le temps de penser à mon avenir en fin de saison.