Soudani «Au Soudan, je suis accueilli comme une star hollywoodienne !»

Soudani «Au Soudan, je suis accueilli  comme une star hollywoodienne !»

Hilal El Arabi Soudani est la patience incarnée. Cela fait près de quatre ans que le joueur trimballe sa silhouette alerte dans les stades d’Algérie sans qu’on l’ait entendu crier gare malgré tout le bien qu’on pensait de lui. L’ascension s’est faite tout en douceur et voilà que le meilleur buteur du championnat s’invite à la cour des grands par cette convocation pour le prochain Maroc-Algérie. Une juste récompense pour un joueur qui n’a pas arrêté de surprendre. Agréablement cela s’entend. Entretien.

Qui est Hilal Soudani ?

Hilal El Arabi Soudani. Je suis né le 25 novembre 1987 à Chlef. Taille 1m 75. Poids 72 kg. J’ai passé toute ma carrière à l’ASO. Un CV bien détaillé, non ?

Quel est votre objectif dans la vie ?

Réussir dans ma carrière. Je veux aller le plus loin possible. Passer différents caps, en club et en sélection.

Vous venez de recevoir une convocation pour le prochain Maroc-Algérie, comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

Je me suis senti des ailes ! Je ne me tenais plus en place. J’étais tellement content qu’il m’a fallu un temps avant de réaliser ce qui m’arrivait. Pour tout dire, je suis le joueur le plus heureux du championnat !

Le plus heureux ? C’est un peu exagéré, non ?

Peut-être pour vous, mais pas pour moi. Je suis un homme comblé !

Quelle est la place de vos parents dans votre carrière ?

Très importante. Tout ce que je fais, je le fais pour eux. Mon bonheur, c’est de les voir heureux pour moi. Ils le sont et c’est tout ce qui m’importe. Les parent sont tout dans cette vie. On a beau les gâter, on ne parviendra jamais à leur rendre un quart de ce qu’ils nous ont donné. J’en profite d’ailleurs pour souhaiter un prompt rétablissement à mon père qui est hospitalisé dans une clinique à Alger. J’espère qu’il sera de retour parmi nous et très bientôt.

Quel est votre match référence ?

Contre la JSK, il y a trois ans. Ce fut mon premier match avec les seniors. Je me souviens avoir débuté sur le banc. J’avais été incorporé en deuxième mi-temps et trois minutes seulement après mon entrée, j’avais marqué à Chaouchi. C’était un joli but en plus ! Enfin, si je devais ne retenir qu’un match ce serait celui-là, quoique je puisse quand même vous en citer une bonne douzaine !

Club et joueur préféré ?

Chelsea et Didier Drogba. C’est le top !

Ah ! C’est pour cette raison que vous reproduisez ses gestes à chaque fois que vous marquez, non ?

Non, pas tout le temps. Lui, il aime se jeter sur ses genoux et se laisser emporter par son élan, ce que je n’ose même pas rééditer ici vu la qualité des pelouses. La seule fois où j’avais réussi ce geste, c’était à Saïda. Ça m’a beaucoup plu !

Votre meilleur but ?

Face à Sétif la saison dernière. Un but dont je suis très fier.

Le plus beau stade que vous avez connu ?

Le stade de Fès. Je l’ai découvert avec les A’ lors d’un match face au Maroc il y a un an.

Le défenseur le plus difficile à jouer ?

Demba ! Il était très agressif. J’étais content de le voir partir de la JSK (rires) !

Combien de frères et sœurs ?

Quatre. Egalité parfaite !

Votre plus beau souvenir ?

La finale de la Coupe d’Algérie jeunes qu’on avait remportée. Pour nous récompenser, le club nous avait envoyés en vacances en Tunisie. C’était mon premier voyage à l’étranger. Qu’est-ce qu’on ne s’était pas amusés !

A l’opposé, le plus mauvais ?

Une blessure. J’étais resté quatre mois à l’arrêt. Ça été très difficile à supporter.

Quel est le joueur avec qui vous auriez aimé jouer ?

Sid-Ali Abbou. Il reste quand même un exemple pour nous les jeunes de Chlef. J’en profite pour le saluer au passage.

Et à l’étranger ?

Zizou en meneur, Drogba et moi en pointe !

Vous décidez même de qui va jouer où ?

Jouons le jeu à fond (rires) !

El Firm ou Boumezrag ?

El Firm incontestablement. J’ai grandi dans ce stade.

Qu’est-ce que vous a donné le football ?

Tout, tout ! La notoriété, l’argent, la gloire. Que du bonheur !

De quel joueur vous sentiez-vous le plus proche ?

Mekkioui. On passe beaucoup de temps ensemble.

Etait-ce difficile pour vous de faire votre trou au milieu de joueurs comme Seguer, Djediat et Messaoud ?

Absolument pas. Nous sommes des joueurs complémentaires. Nous avons appris à jouer ensemble. La cohabitation s’est faite naturellement. On prend beaucoup de plaisir à jouer ensemble.

Que souhaitez-vous pour votre premier match en sélection ?

Gagner face au Maroc. Réaliser un grand match et donner la victoire à l’Algérie ! Ce serait l’idéal, hein…

C’est Benchikha qui sera le plus heureux ?

Je le serai aussi. Je veux lui donner raison de m’avoir  convoqué. Il connaît mes qualités. Mon but, après, c’est de justifier ma convocation.

Qui vous a appris la nouvelle de votre convocation ?

Le président Medouar. Il m’avait appelé au téléphone pour me l’annoncer.

Quelle a été votre réaction ?

J’ai sauté de joie. Comme je l’ai dit, il m’a fallu un peu de temps pour réaliser.

A qui vous l’aviez annoncé en premier ?

A mon père. J’ai tenu à ce qu’il soit le premier à l’apprendre. Il m’est paru très ému. Il m’a béni, puis demandé d’aller lui rendre visite pour parler de ça de vive voix. Il était très content, c’est sûr.

Vous est-il arrivé de défiler dans la rue après un match ?

Après la qualification de l’Algérie au Mondial, oui. J’étais sorti dans la rue prendre part à la fête. Je ne suis rentré chez moi que très tard. Puis lors du match Angleterre-Algérie. Je me trouvais alors avec Mekkioui à Tunis. Après le match guelbtha ! Il y avait un monde fou dehors. Des Tunisiens pour la plupart, qui étaient sortis fêter l’exploit de l’Algérie. Je n’ai jamais été aussi fier d’être Algérien que ce jour-là.

Quelles sont les chances de l’Algérie de se qualifier ?

Elles sont grandes. L’Algérie a son destin entre ses mains. Il suffira d’y croire et tout ira bien inch’Allah.

Ça vous intéresserait de terminer meilleur buteur du championnat ?

Oui. Ce serait génial. Seulement, qu’on se le dise, je n’en fais pas une fixation. Si ça vient tant mieux, sinon ce ne sera pas faute d’avoir essayé. Et puis, comme je l’ai toujours déclaré, mon objectif est de terminer champion. Le reste ce ne sera que du bonus.

Une anecdote à nous raconter ?

Y en a plusieurs, mais, il y en a une que je me remémore à chaque fois. Ça m’est arrivé lors d’un déplacement au Soudan avec l’ASO en Coupe de la CAF. On était au stade pour un entraînement. Comme il faisait trop chaud, je me suis contenté de mettre un maillot flanqué de mon nom. On s’était mis à l’abri du soleil en attendant qu’une équipe locale termine son entraînement. C’est là qu’un groupe de jeunes avait lu mon nom. Ils sont venus me demander l’origine de ce nom. Je leur ai répondu : «Je m’appelle Hillal Soudani.» J’avais à peine prononcé mon nom qu’une foule m’envahit. Je me suis retrouvé à signer des autographes et poser en photos. Un truc de fous. A chaque fois que j’y vais, je suis accueilli comme une star d’Hollywood. A n’y rien comprendre.

Votre principal trait de caractère ?

Optimiste. Je ne baisse jamais les bras. Quand je me mets un objectif dans la tête, je ne renonce jamais avant de l’avoir réalisé.

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Le secret du numéro 2

On a vu des attaquants porter des numéros qu’on attribue généralement aux défenseurs. Pas souvent, il est vrai. Hilal Soudani fait partie de cette catégorie restreinte d’avants-centres ayant troqué le fameux maillot numéro 9 contre… le 2. Ce numéro que Soudani dit avoir porté un jour presque par contrainte ne le quitte plus depuis. Même en sélection ! Il nous raconte : «L’histoire du numéro 2 est un pur hasard. Lorsque j’ai été convoqué pour le match face à la JSK, j’ai été le dernier qu’on a appelé. Tous les maillots ont été alors pris, sauf le 7 et le 2. Le magasinier m’avait remis le 2 que j’avais d’abord refusé. J’ai essayé d’insister pour avoir le 7, prétextant que j’étais un attaquant, mais il n’a rien voulu entendre. Je l’ai donc mis à contrecœur. Mais il se trouve que ce jour-là, le premier ballon que j’ai touché, je l’ai transformé en but. Il ne m’a plus quitté depuis !» Il devrait néanmoins s’en passer lors du prochain Maroc-Algérie. A moins que Bougherra décide de lui céder son maillot.

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Il a failli signer à l’USMA

Il aura fallu de peu pour que Hilal Soudani quitte l’ASO pour l’USMA. Alors qu’il n’était que cadet, l’actuel meilleur buteur du championnat attisait déjà les convoitises. «Tout était fait pour que je rejoigne l’USMA. J’avais rendez-vous avec les dirigeants de ce club à Chlef, en marge d’un match de 32e de finale de Coupe d’Algérie. On s’était entendus sur tout. Je leur avais même remis mes papiers, mais ça ne s’est finalement pas fait», raconte Soudani qui a failli donc connaître une autre aventure.

90% de ses buts ont été marqués de la tête

En dépit de sa taille qui ne dépasse pas le 1,75 m, Hilal Soudani est un redoutable joueur de tête. Il n’a pas la détente de Ali-Moussa, mais cela ne l’empêche pas de marquer 90% de ses buts de la tête. «Il m’arrive de sentir le but avant même que je touche le ballon. La qualité du centre et ma position sont souvent déterminantes», nous a-t-il fait savoir.

Sa carrière a failli être étouffée dans l’œuf

Beaucoup l’ignorent peut-être, mais Hilal Soudani a failli sérieusement mettre un terme à sa carrière. Une série de problèmes d’ordre disciplinaire, nous dit-on, a amené l’entraîneur Abdelkader Amrani à se passer de ses services durant presque toute une année.

Ça avait pourtant bien débuté pour lui avant que les choses aillent en déclinant. Il aura fallu que son père interpelle le président Abdelkrim Medouar, lequel a consenti d’intercéder en sa faveur auprès de l’entraîneur pour que les choses s’améliorent. Medouar ne devrait pas regretter aujourd’hui de s’en être mêlé.