Soudan Sud / Indépendance Une année après

Soudan Sud / Indépendance Une année après

Le Soudan du Sud célèbre ce lundi le 1er anniversaire de son indépendance, en présence de dirigeants étrangers, mais en l’absence notable de représentants de haut niveau du Soudan.

Parmi les invités figurent le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Jean Ping et le président en exercice de l’Union africaine Boni Yayi.



Les relations étant encore très tendues avec le Soudan après des combats frontaliers au printemps, aucun responsable soudanais de premier plan n’est attendu dans la capitale sud-soudanaise, contrastant avec la présence il y a un an jour pour jour du président soudanais Omar el-Béchir, chaleureusement accueilli à Juba pour assister aux célébrations marquant la partition du Soudan. Dans le centre de Juba, la capitale, la foule a convergé dès l’aube vers le mémorial John Garang, chef historique de la rébellion sudiste, mort en 2005. Le début des cérémonies officielles – prières, parade militaire et discours – était prévu en fin de matinée, mais la fête a commencé dès minuit dans les rues, où des concerts de klaxons ont marqué le 1er anniversaire de la séparation après près d’un demi-siècle de guerres civiles ayant fait plusieurs millions de morts. «C’est un grand jour, parce que c’est le premier anniversaire de mon pays», a expliqué Rachel Adau, une infirmière, arrivée dès l’aube, afin d’être sûre d’avoir une place, non loin des troupes de danseurs s’échauffant dans une cacophonie de sifflets, tambours, maracas, you-yous et cris. Malgré la joie affichée, l’euphorie de la célébration de l’indépendance, le 9 juillet 2011, a laissé place un an plus tard à la dure réalité. Cette première année d’existence a été particulièrement difficile, marquée par des tensions graves avec l’ancien dominateur soudanais, qui ont conduit en janvier le jeune Etat à arrêter sa production de pétrole – le privant de 98% de ses ressources – et ont dégénéré en combats frontaliers d’ampleur entre mars et mai. Le vice-président, Riek Machar, a admis que les autorités n’avaient pas satisfait les attentes de la population, attribuant cet échec «aux difficultés imprévues (…) rencontrées». Aux portes du mémorial, des volontaires sollicitaient des dons pour l’armée. Administration, infrastructures, services de base: tout reste aujourd’hui à construire dans un pays parti quasiment de zéro, Khartoum n’ayant jamais développé la région. La population adulte est illettrée à 73%, le taux de scolarisation dans le secondaire est d’à peine 6%.

Une Sud-Soudanaise a statistiquement plus de chances de mourir en couches que de terminer des études secondaires. «Il n’y a eu que peu de changements, mais ça ne peut pas changer si vite, cela va changer doucement, doucement», assure Rachel Adau, l’infirmière. «Dans l’année à venir de bonnes choses vont arriver (…) j’espère qu’elles arrivent». Des violences tribales dans plusieurs parties du pays ont également fait naître des craintes pour l’unité du Soudan du Sud. «Tout ce dont nous avons besoin au Soudan du Sud, c’est la paix. Et si nous avons la paix nous pourrons travailler ensemble», estime l’un des danseurs Bandere Sangeli Santos.

R. I./Agences