Les rebelles sud-soudanais ont lancé, ce mardi matin, une vaste offensive pour reprendre aux forces gouvernementales la ville stratégique de Malakal, capitale de l’Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est).
«Les combats sont très intenses. Il y a des combats en périphérie de la ville. C’est une très grande attaque, coordonnée», a indiqué un témoin, parmi d’autres qui ont confirmé cette offensive.
Ces combats semblent les plus violents depuis l’annonce d’un fragile cessez-le-feu entre les deux parties, il y a presque un mois.
Le Soudan du Sud est le théâtre de combats entre l’armée loyale au président Salva Kiir et une rébellion regroupée derrière son ex-vice président, Riek Machar, depuis le 15 décembre dernier.
Le gouvernement et les rebelles soudanais se sont accusés, hier, mutuellement de bloquer les négociations de paix qui se tiennent à Addis Abeba pour mettre fin au conflit qui les oppose dans les régions méridionales du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu.
«Les pourparlers sont bloqués, et nous ne pouvons avancer en raison de l’intransigeance du gouvernement de Khartoum», a déclaré Yassir Arman, chef de la délégation du SPLM-N, branche nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (ex-rébellion sudiste).
Khartoum veut «maintenir cette guerre sans trouver aucune solution à la situation humanitaire et à la situation politique», a-t-il ajouté. Le gouvernement soudanais a démenti que les pourparlers soient paralysés et a accusé le SPLM-N de soulever des questions non liées aux zones de conflit du sud Kordofan et du Nil-Bleu, où la rébellion s’active depuis trois ans.
Khartoum est «prêt à poursuivre le dialogue pour parvenir à une solution acceptable pour les deux parties», a dit la délégation gouvernementale dans un communiqué. Ibrahim Ghandour, qui dirige la délégation, a dit au début des négociations qu’elles devraient être consacrées aux aspects sécuritaires, politiques et humanitaires.
De son côté, l’armée sud-soudanaise a accusé, hier, les rebelles de l’ex-vice président, Riek Machar, de préparer un nouvel assaut contre la ville stratégique de Malakal, en dépit d’un cessez-le-feu toujours en vigueur.
«Alors que nous parlons aujourd’hui, les forces de Riek Machar sont à un endroit appelé Donglei, à une distance de huit km de Malakal», capitale de l’Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est), a affirmé le porte-parole de l’armée, Philip Aguer. «La SPLA (l’armée) à Malakal s’attend à ce que les rebelles attaquent aujourd’hui ou demain», a poursuivi le porte-parole, assurant cependant que l’armée était capable de défendre la capitale régionale. Le Soudan du Sud est traversé par de sanglants combats, opposant l’armée sud-soudanaise à une rébellion composée de soldats mutins et de milices regroupées derrière Riek Machar, limogé en juillet dernier. Le conflit a déjà fait des milliers de morts et contraint près de 900 000 personnes à partir de chez elles. Le conflit s’articule autour d’une lutte de pouvoir entre le président Kiir et l’ex-vice président Machar, limogé en juillet. Le premier accuse le second d’avoir tenté un coup d’Etat.
Riek Machar dément, et reproche en retour à Salva Kiir de ne chercher qu’à écarter toute compétition à l’approche d’échéances électorales en 2015. En janvier, les deux parties ont signé un cessez-le-feu à Addis Abeba. Mais chaque camp accuse désormais l’autre de violer cette trêve.
D’autres pourparlers sont en cours dans la capitale éthiopienne pour trouver une solution politique durable au conflit.
R. I. /AFP