Sotra-tège : One-man show de Mohamed Abbes Islem au TNA

Sotra-tège : One-man show de Mohamed Abbes Islem au TNA

Longuement attendue par le public et appréhendée par les initiés, ce n’est que mardi dernier qu’a été dévoilée la dernière production, un monologue, mis en scène et interprété de Mohamed Abbes Islem, un comédien plein de talent.

Intitulé Sotra-tège, il relate une histoire disjonctée, celle d’un jeune enseignant en histoire qui perd tous ses cheveux le jour de ses fiançailles.

La nouvelle s’abat sur lui comme une bombe, le laissant désemparé, en quête d’une solution rapide.

La salle est inhabituellement bondée, reflétant ainsi une bonne campagne de médiatisation et une certaine curiosité de découvrir par rapport à l’affiche décapante.

Le spectacle tarde à commencer, le rideau se lève vers 22 h 30. Sur scène, un jeune musicien au synthétiseur met les spectateurs dans le bain avec sa musique festive.

Abbes, habillé en classique avec un foulard blanc sur la tête, fait son entrée sur scène en dansant. Une longue natte de cheveux s’échappe de son foulard.

Il se déchaîne avec des pas de danse vifs puis s’arrête pour narrer son histoire, à la fois drôle et pathétique.

Le jour de ses fiançailles, il se découvre une chute capillaire aiguë qui promet d’en faire un chauve en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Mais Dounia, sa fiancée, ne soupçonne pas le drame qui se trame. Durant toute leur relation, il avait réussi à dissimuler son début de calvitie.

Abbes a honte, mais c’est apparemment héréditaire puisque ses deux parents en souffrent aussi.

C’est à partir de ce moment qu’il commence à peaufiner des idées aussi saugrenues les unes que les autres pour sauver la face.

Il pense d’abord à s’habiller en tenue traditionnelle, gandoura et chech, puis il abandonne l’idée pour une casquette militaire.

Il va jusqu’a penser porter un chapeau comme Michael Jackson. Le public le suit dans ses délires, ses répliques sont mordantes et son humour est cru.

Tout son texte tourne autour de sa chute de cheveux. Il n’arrive pas à accepter l’idée et se justifie en citant le fameux coup de boule que Zinedine Zidane a donné au joueur italien non parce que ce dernier a insulté sa mère et sa sœur, mais parce qu’il l’a traité de chauve, dira-t-il.

Les applaudissements font résonner la salle. Abbes ne s’arrête pas là. Il se joue de tout et de tous. Ostensiblement, il copie Gad El Maleh et lui fait un clin d’œil en reproduisant un de ses gestes (boire de l’eau sur scène).

Les personnages imités sont nombreux, reflétant une grande imagination de l’auteur. On aura aussi droit à la scène du dragueur dans le bus, en plus soft, et du dragueur au cellulaire (bipili naawedlek).

Après une longue hésitation et des heures de déguisement, Abbes se résigne à s’accepter tel qu’il est et aller voir sa fiancée sans artifices ni moumoute.

Et il déclame la morale de son monologue : «T’fertiss ou t’ferîne walla chaar ou t’hine» (calvitie et audace valent mieux que chevelure et soumission».

Par ailleurs, l’œuvre est bourrée d’intermèdes musicaux avec lesquels le comédien a enflammé le public.

Après avoir monté plusieurs spectacles et enregistré plusieurs participations théâtrales, il était temps que Mohamed Abbes Islem nous surprenne avec un genre qui lui va comme un gant.

On a non seulement découvert un jeune talentueux, créatif et audacieux mais aussi une véritable bête de scène.

Wafia Sifouane