SOS : les forêts, les maquis et les cultures brûlent

SOS : les forêts, les maquis et les cultures brûlent

Nos forêts brûlent. Des nouvelles alarmantes proviennent de différents points du territoire national. Des départs de feux sont signalés presque quotidiennement. Les dégâts sont considérables. Et la situation n’est pas prête de s’améliorer avec la persistance de la canicule.

Des incendies d’origines indéterminées ont ravagé 809 arbres fruitiers, 296 hectares de pin d’Alep et de broussaille, dans les localités d’El-Marsa, Zeboudja, Talassa, Sidi-Abderrahmane (Chlef), Irdjen, Larbaa-Nath-Iraten, Tigzirt, Azzefoun, Azzazga, Aïn El-Hammam, Draa-El-Mizan, Ouadhia, Tizi-Ouzou , Draa-Ben-Khedda (Tizi-Ouzou), Sfisef (Sidi-Bel-Abbes), Chellata (Bejaia), Oued-El-Aneb, Seraïdi, Treat (Annaba), M’Sara (Khenchela), M’Daourouch, Mechroha et Ouled-Moumen (Souk-Ahras), indiquait hier un communiqué de la Gendarmerie nationale.

Le texte précise que l’intervention des éléments de la Protection Civile pour circonscrire les foyers d’incendie dans les communes d’El-Marsa, Zeboudja, Talassa, Sidi-Abderrahmane (Chlef), Treat (Annaba) et M’Sara (Khenchela), est en cours. Le feu ravage nos forêts sur le territoire national. Des centaines d’hectares du patrimoine forestiers partent en fumée.

Plusieurs wilayas du pays, sont particulièrement touchées. Celles de Tipaza, Souk Ahras, Tizi-Ouzou, Bouira et Médéa, vivent ces derniers jours au rythme d’une canicule continue favorisant ainsi les départs de feux de forêts. Des centaines de foyers ont été recensés à travers le pays durant cette période caniculaire. Est-ce les effets d’une météo capricieuse ou l’œuvre des pyromanes qui sont à l’origine de ces départs de feu ? La question est posée.

Toujours est-il que les services de la Gendarmerie nationale ont déclenché des enquêtes pour voir de plus près l’origine de ces incendies de forêts qui mettent à rude épreuve les citoyens, les services de sécurité, la Protection civile, nonobstant les immenses dégâts causés à la faune et la flore des massifs forestiers.

La canicule persiste, elle est là, pour au moins jusqu’au début du week-end prochain. Il faudra s’attendre à d’autres départs de feux, les conditions météorologiques qui favorisent les débuts d’incendies sont réunies durant cette période.

Par rapport à l’année dernière à cette même période, l’on enregistre une forte hausse du nombre d’incendies à travers le pays. Hormis l’extrême sud du territoire national, c’est presque l’ensemble du nord de l’Algérie qui est la proie des flammes qui ne laissent que désolation et paysage apocalyptique, dénudé et cendré. La saison estivale tire à sa fin.

JUIN, JUILLET ET AOÛT, MOIS CANICULAIRES

Les mois de juin, juillet et août, sont à marquer d’une pierre noire et comme étant la pire année connue par l’Algérie tant sur le nombre d’incendies que sur les dégâts qu’ils ont engendrés aux massifs forestiers du pays, aux maquis et aux cultures, des dégâts causés par les feux, connue pour la multiplication du nombre d’incendies qui ravagent les forêts, les maquis et les cultures.

Durant les deux premiers mois de cette saison, soit du 1er juin au 30 juillet, l’Algérie a enregistré près de 1.500 incendies à l’échelle nationale, ayant ravagés pas moins de 76.558 ha, selon les chiffres donnés à l’APS par le responsable de la communication de la protection civile, le commandant Farouk Achour.

Selon lui, il s’agit de 6.247 ha de forêts, 1.727 ha de maquis, 4.248 ha de cultures céréalières et 3.360 ha de palmeraies qui sont partis en fumée durant ces deux mois, précisant que 64.000 ha touchés, concernent les arbres fruitiers.

SIDI BEL-ABBÈS EN TÊTE DU TRISTE PALMARES

En termes de superficie ravagée par les flammes, la wilaya de Sidi Bel-Abbès arrive en tête avec pas moins de 1.765 ha, alors que celle de Tizi-Ouzou vient en seconde position avec 411,5 ha de différentes végétations ravagés par pas moins de 83 incendies.

La troisième position est occupée par la wilaya de Médéa où 325 ha ont été consumés par les flammes des 33 incendies qui y ont été enregistrés, alors que Béjaïa a connu 27 feux de forêts ayant ravagé 334 ha, toujours selon la même source qui n’a pas omis de signaler la perte de près de 1.300 palmiers dans la wilaya de Biskra et 800 autres dans celle de Bechar.

Du 30 juillet aux 10 premiers jours du mois d’août, des centaines de foyers ont été recensés à travers le pays. Ils se sont, essentiellement, déclarés à Tipaza dans les massifs forestiers de Gouraya, Cherchell et Sidi Amar. Des centaines d’ hectares ont été également ravagés à Bouira ainsi que des plantations fruitières et des cultures céréalières. La région de Tikjda a été aussi particulièrement touchée entre le 2 et le 4 août courant avec 4.000 ha de forêts ravagés par les feux.

Le plus grand incendie a été observé à Bousserdoune à Tikjda. Alors que durant la période du 29 juillet au 4 août 2012, pas moins de 149 feux ont été enregistrés causant la destruction de près de 200 ha dont 2.300 oliviers. La wilaya de Tissemsilt enregistre, depuis jeudi dernier, une série de feux ayant détruit 176 ha de forêts, a-t-on relevé dans un premier bilan de la Conservation des forêts.

La même source a indiqué à l’APS que le plus grand bilan de ces dégâts a été enregistré dans les forêts de Bousalah et Souk El Had dans la région de Bab El Bekouche avec 107 ha d’espèces forestières tels que le pin d’alep, le chêne et des arbres fruitiers, suivis de la forêt « Bensoumer » dans la commune de Youssoufia (60 ha).

Les flammes ont ravagé six hectares de la forêt « Ain Lellou » (Lazharia), un hectare à Sidi Bentamra (Tissemsilt) et deux hectares à Ouled Ayad (Theniet El Had). Trois (3) foyers d’incendies se sont déclarés dimanche en milieu de journée dans la région de Seraïdi nécessitant la mise en place d’importants moyens humains et matériels notamment la colonne mobile de la Protection civile, a-t-on appris auprès de cette Institution.

Deux (2) parmi ces trois foyers, situés aux lieux-dits Bounouara et Benathmane, ont pu être maîtrisés par les éléments de la Protection civile, aidés par des agents forestiers, alors que le feu continue à faire rage dans la zone de Boudaroua. Il s’agit du sinistre le plus important, ce qui a requis le déploiement de moyens supplémentaires, selon la même source qui n’était pas encore en mesure de préciser, dimanche en début d’après-midi, les superficies affectées.

Une superficie forestière estimée à 62 ha a été ravagée par deux incendies qui se sont déclarés mardi à Terny et El Ourit (Tlemcen. La plus grande partie ravagée par ces feux a touché la forêt, les maquis et la broussaille de la commune de Terny sur une superficie de 60 hectares, a-t-on estimé.

A El Ourit (commune de Ain Fezza), deux hectares de vergers ont été détruits par les feux, a-t-on indiqué de même source qui a signalé, par ailleurs, qu’un autre incendie s’est déclaré mercredi matin dans la région de Beni Snouss. Dans beaucoup de cas, les interventions des brigades de pompiers et des services forestiers ont seulement permis de circonscrire les feux et de limiter les dégâts en raison d’un manque criant de moyens d’intervention.

Une situation insoutenable pour les soldats du feu qui viennent d’enregistrer un décès dans leurs rangs. En effet un sapeur-pompier et un agent forestier sont morts récemment en luttant contre un incendie de forêt à Souk Ahras . Les deux hommes sont morts brûlés après avoir été cernés par les flammes et un second sapeur-pompier a été gravement brûlé.

Les citoyens s’interrogent à juste titre sur la simultanéité de ces départs de feux et s’indignent du manque de moyens des services de la Protection civile qui aggrave la situation. A quand la dotation en moyens conséquents à la Protection civile en moyens modernes de lutte contre les incendies ? L’avenir s’annonce sombre. Il faut se préparer dès à présent. Le changement climatique qui fait ravage en d’autres contrées est imprévisible. Il peut nous toucher demain.

Sadek Belhocine