Sorties simultanées de la cour des comptes et de transparency international, Trois ministres à l’index

Sorties simultanées de la cour des comptes et de transparency international, Trois ministres à l’index

Troublantes coïncidences que sont les sorties simultanées d’une juridiction algérienne (la Cour de comptes) et une ONG étrangère (Transparency international) sur la corruption en Algérie.

Avant-hier la Cour des comptes, et hier l’ONG Transparency International, ont toutes deux pointé du doigt le degré de corruption et les «dysfonctionnements budgétaires» dans l’appareil d’Etat algérien.



La Cour des comptes a par exemple mis en cause et à intervalles réguliers la ministre de la Culture Khalida Toumi, pour des «dérives budgétaires et des financements opaques» qui témoignent d’un argent gaspillé dans l’impunité la plus totale. Le rapport d’appréciation de la Cour des comptes met l’accent sur l’inscription de subventions (financières) et contributions au profit d’établissements culturels «non encore créés».

Des établissements à caractère culturel (bibliothèques, maisons de culture et théâtres régionaux) «sont budgétisés alors qu’ils n’ont pas d’existence juridique». Au total 95 millions de DA ont disparu dans la nature. Un autre département ministériel, celui de la Solidarité nationale, a été également épinglé par le document.

Il est noté dans le rapport le «non respect des conditions d’octroi des subventions aux associations, le contournement des règles et procédures d’exécution des dépenses publiques, des lacunes dans la tenue des inventaires des biens meubles et immeubles ainsi que dans les systèmes de contrôle interne».

Une somme de 4 868 861 174, 78 DA a été dépensée par une seule association, l’Organisation nationale des étudiants algériens (ONEA), proche du FLN et présidée par un fonctionnaire supérieur du ministère chargé du protocole.

Cette même association a encore bénéficié de subventions atteignant 2 240 000 000 DA en vue de l’acquisition de bus scolaires, alors que l’opération planifiée portant sur l’acquisition de 800 minibus, inscrite en 2007, n’a pas été exécutée à la date du contrôle.

La Cour s’interroge sur le fait qu’une association estudiantine «se voie confier une masse budgétaire importante». Toutes ces dépenses ont été effectuées à l’époque du Dr Ould Abbes, aujourd’hui écarté. Le secteur des Tavaux publics n’est pas en reste puisqu’il est cité dans le rapport. Le dossier de l’autoroute Est-Ouest est loin d’être clos.

Les enquêteurs ont observé que par rapport au budget d’équipement, l’ensemble des crédits délégués est comptabilisé comme consommé alors même qu’il aurait fallu qu’il y ait un suivi de leur utilisation dans la réalisation des projets pour lesquels ils ont été délégués.

Selon la Cour, le programme sectoriel ne connaît aucune exécution alors qu’il avait été doté de 3,350 milliards de DA consacrés en totalité au bénéfice du chapitre intitulé «routes nationales».

Pour sa part, Transparency International ne se base pas sur les rapports de la Cour des comptes pour livrer son diagnostic sur la corruption dans le pays. Mais là encore, le classement de l’Algérie est loin derrière celui de la Tunisie, considérée comme nettement plus vertueuse.

L’Algérie arrive à la 94e place sur 177 pays, cette année, dans le cadre du classement élaboré par l’ONG de lutte contre la corruption Transparancy international, en légère amélioration par rapport à 2012. Pour la 11e année successive, l’Algérie figure parmi les pays les plus corrompus du monde (…)

H. A.