Sortie d’“Imzad” de Farida Sellal aux éditions Casbah: “Une invitation à comprendre l’âme touarègue”

Sortie d’“Imzad” de Farida Sellal aux éditions Casbah: “Une invitation à comprendre l’âme touarègue”

d-une-invitation-a-comprendre-lame-touaregue-12815.jpgDans la cadre de son travail pour la préservation et la promotion de l’imzad, Farida Sellal vient de publier chez les éditions Casbah le beau-livre Imzad. Ce bel ouvrage raconte l’histoire de l’instrument ancestral du Sud algérien, et qui est en même temps une tradition targuie représentant un vrai joyau de la culture immatérielle du Hoggar.

Dans l’avant-propos, Farida Sellal explique avoir réalisé cette œuvre pour “tenter à ma manière d’illustrer l’idée selon laquelle le souvenir est l’unique moyen de freiner la course du temps sans pour autant prétendre l’arrêter”. En effet, en feuilletant les 336 pages de ce beau-livre, on découvre de magnifiques photographies de ces femmes qui donnent l’impression d’avoir été figées dans le temps. Des femmes qui, malgré la modernité, sont restées fidèles à cet instrument musical et à ce “savoir ancestral”. “Les images réunies dans ce livre, collectées tout au long d’une vie, dans un espace façonné par une nature rude, dans une terre de civilisation et de créations humaines, constituent une invitation à essayer de comprendre l’âme touarègue”, est-il mentionné dans l’avant-propos.

Ces photographies sont accompagnées de textes et de documents d’archives, notamment du dictionnaire targui-français de Charles de Foucauld (1858-1916), explorateur et géographe. D’ailleurs, dans sa description de cet instrument “culte”, il a indiqué que “l’imzad est l’instrument de musique favori, noble et élégant par excellence, c’est lui qui a toutes les préférences, qu’on chante dans les vers (…), bien jouer de l’imzad est une qualité rare et recherchée chez une femme, la perfection de la distinction et de l’élégance”. Dans ses écrits, Farida Sellal a dévoilé la particularité de cet instrument dans la vie des Targuies. Cette poésie, chantée par ces femmes, ensorcelait les habitants et créait une atmosphère atypique dans leur quotidien. “Sur les sons de l’imzad, l’homme chante des poèmes. Seule sa voix est admise à se mêler au son de l’instrument.

L’homme ou la femme mettent en vers chaque événement, tous les détails de la vie dans le monde infini du désert”, est-il noté dans le livre. Imzad revient également sur l’histoire de Dassine, déesse de l’Ahaggar, reine de beauté et virtuose de l’imzad. L’auteure a consacré plusieurs pages à cette artiste qui a voué sa vie à l’imzad “une princesse de la poésie qui faisait vibrer les cœurs”. D’après Farida Sellal, cette “majestueuse artiste vénérée par les Touareg” répétait souvent que “mon imzad à moi est à lui seul tout l’espace qui vous appelle”.

L’auteure Farida Sella est la présidente de “Sauver l’imzad” à Tamanrasset, qu’elle a fondée en 2003. Les actions de cette association ont pour objectif la préservation et la promotion de la culture et des traditions du Sud algérien. À noter que l’imzad a été inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2013. Dans son livre, l’auteure a rendu un bel hommage à cette pratique considérée par les anciens comme “l’imzad est aux Touareg ce que l’âme est au corps”.