L’ouvrage de 320 pages réunit 152 œuvres de l’artiste et 116 textes inédits de poètes, écrivains, journalistes et amis que l’auteur a sollicités pour accompagner chaque œuvre plastique.
L’artiste plasticien et affichiste Mustapha Boutadjine a publié dernièrement, aux éditions Helvétius (France), une monographie de ses travaux intitulée Collage Résistant(s). L’ouvrage de 320 pages réunit 152 œuvres de l’artiste et 116 textes inédits de poètes, écrivains, journalistes et amis que l’auteur a sollicités pour accompagner chaque œuvre plastique.
Le diplômé de l’École nationale des beaux-arts d’Alger en architecture d’intérieur (1974) et de l’École supérieure des arts décoratifs de Paris (1978) en design industriel, également spécialiste en esthétique et sciences de l’art (titulaire d’un DEA, en 1984, de l’Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne), a révolutionné le monde du collage en recourant à une technique originale : le “graphisme-collage”.
À la place de la peinture, l’artiste, dans sa “démarche de révolte”, découpe des fragments de magazines, déchire en fait “la presse bourgeoise, tous les mensonges qu’elle véhicule”, pour donner naissance à des portraits de personnages en lutte, connus ou inconnus du public, qui ont bien existé et dont certains sont de ce monde. Collage Résistant(s), fidèle aux multiples facettes de la résistance, invente “une nouvelle iconographie”, comme l’a écrit l’éditeur Jacques Dimet. Une iconographie des poètes, des partisans, des sportifs, des révolutionnaires et des insoumis, qu’ils soient hommes ou femmes. Quant à l’artiste Ernest Pignon-Ernest, il affirme, dans la préface, que les images de Mustapha Boutadjine “s’imposent comme des icônes de notre époque, des icônes qui révèlent les injustices, les oppressions et les crimes, qui incitent à la révolte et à l’action plutôt qu’à la prière”.
Il relève également que “la singularité” de chaque personnage, loin d’être déniée ou rabaissée, est “puissamment mise en relation avec la trame de l’aventure humaine”, voire avec le “destin collectif, le plus souvent porteur d’utopies libératrices, de luttes, de drames, de résistances”. Le plasticien, commentant les différents “portraits-mosaïques”, précise encore :
“Par superpositions successives, strate après strate, il (Mustapha Boutadjine, ndlr) suscite une vibration qui semble la marque d’une complexité quasi infinie, d’une complexité vivante. Car il s’agit non seulement de rendre présent tel ou tel personnage célèbre, tel ou tel anonyme emblématique, mais d’adjoindre à cette présence un territoire, une histoire, des résonances. Les visages deviennent des paysages, et c’est ainsi qu’en les livrant à un nouvel espace, Mustapha Boutadjine les affranchit des limites du temps.”
L’ouvrage de Boutadjine présente un éventail de tableaux où on y découvre des portraits tout à la fois de Hassiba Ben Bouali, Ourida Medad, Djamila Boupacha, Annie-Fiorio Steiner, Jacqueline Guerroudj, Djamila Bouhired, Louisette Ighilahriz, Ali la Pointe, Kateb Yacine, Frantz Fanon, Abane Ramdane, Maurice Audin, Henri Maillot ou Dahmane El-Harrachi, aux côtés de ceux de Simone de Beauvoir, Germaine Tillon, Gisèle Halimi, Mohamed Ali, Louis Armstrong, Nelson Mandela, Patrice Lumumba, Che Guevara, Zapata, Myriam Makeba, Tracy Chapman, Arthur Rimbaud et de bien d’autres personnages qui ont marqué l’Histoire humaine, avec un grand H. Livre de mémoire et d’hommage, Collage Résistant(s) est également un beau livre d’art !