Sortie de crise en Syrie, Les «idées» de Lakhdar Brahimi

Sortie de crise en Syrie, Les «idées» de Lakhdar Brahimi

La trêve «religieuse» est bel et bien enterrée en Syrie, à peine quelques heures après son entrée théorique en vigueur.

Elle a subi le même sort que celle du prédécesseur de M. Brahimi, Kofi Annan, qui avait aussi volé en éclats, au bout de quelques heures, en avril.

Et avec sa mort, c’est une nouvelle fenêtre pour une sortie de crise qui se referme. Même si les dividendes d’un cessez-le-feu précaire, décrié avant même d’être accepté par les deux parties en conflit, il n’en demeure pas moins que son succès aurait pu être le prélude à de nouvelles pistes pour faire cesser des violences internes qui auraient fait, en un peu moins de 20 mois, quelque 35.000 morts, selon les chiffres donnés par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Pourtant, cet échec annoncé de «sa» trêve n’a pas découragé l’émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, qui se prépare à présenter de nouvelles «idées» pour une sortie de crise, de plus en plus improbable.

M. Brahimi, au sortir d’une tournée qui l’a mené en Turquie, en Iran ou encore en Arabie Saoudite, devra être de retour en novembre devant le Conseil de sécurité de l’ONU avec de nouvelles propositions pour forcer la main aux protagonistes du conflit et les amener à négocier.

«Quelques idées d’action» pour amener le président Bachar al-Assad et l’opposition, à la table des négociations, ont affirmé à l’AFP des diplomates onusiens, sans pour autant donner plus de détails. Reste maintenant l’autre option préconisée dans la feuille de route de l’émissaire onusien, celle d’un déploiement de forces de maintien de la paix en Syrie avait fait savoir le Conseil national syrien (CNS), la principale instance de l’opposition en exil.

Le Qatar, qui avait déjà proposé le déploiement d’une force arabe en Syrie, a estimé que la force de maintien de la paix devrait être armée. Lakhdar Brahimi devra certainement débattre de cette option avec le président syrien mais l’on voit mal l’accord de Damas d’un déploiement d’une force d’interposition tant que l’opposition ne dépose pas les armes.

Opposant historique exilé en Allemagne, Fawaz Tello pense que «Brahimi et les Nations unies essaient d’amener la situation où ils veulent, c’est-à-dire au point où nous serons très faibles et où nous accepterons une force de maintien de la paix en conservant d’une manière ou d’une autre une partie du régime», «Nous n’allons pas l’accepter», ajoutera-t-il.

Pour un diplomate à l’ONU, «le processus politique ne débutera pas avant qu’Assad et l’opposition se soient tellement battus qu’ils n’aient plus d’autres choix. Ils n’en sont pas encore là, mais Brahimi a quelques idées».

Cette option fait, de plus en plus l’unanimité, au sein de la communauté internationale, impuissante face aux intérêts en jeu dans la région. Rappelons que selon les premières estimations, la reprise des combats, depuis vendredi, ont déjà fait 150 victimes, en 2 jours. Et des accusations sur la responsabilité du viol du cessez-le-feu ont été échangées entre les deux parties en conflit.

La trêve n’aura en fait duré que quelques heures après son entrée en vigueur théorique vendredi, premier jour de l’Aïd el-Adha. Selon l’OSDH, au moins 146 personnes ont péri, ces dernières 48 heures. L’ONG syrienne basée à Londres, qui s’appuie sur un réseau de militants et de sources médicales, dans des hôpitaux militaires et civils à travers le pays, a recensé 53 civils, 50 rebelles et 43 soldats tués pour le seul jour de vendredi.

La télévision d’Etat syrienne a, de son côté, indiqué qu’un attentat «terroriste» à la voiture piégée a visé, samedi, une église de la ville de Deir Ezzor, dans l’est du pays. Mais l’attentat le plus meurtrier a été enregistré vendredi dans le sud de Damas. L’attentat dans le quartier Daf Chawk a fait une cinquantaine de morts, dans un nouveau bilan donné par les autorités syriennes.

Moncef Wafi