Djamila Bouhired refuse qu’on consacre un film à son personnage et elle rend publique son opposition à cette entreprise. Elle dénonce, aussi, l’instrumentalisation de “la guerre de libération à des fins de légitimation de pouvoir”. Elle réprouve, par la même occasion, une tentative de “falsification de l’histoire à de fins de pouvoir”.
Le symbole vivant des moujahidates, Djamila Bouhired, est sorti de son silence pour signifier publique, dans un communiqué envoyé aux rédactions, ceux qui veulent lui consacrer un film en dépit de sa forte opposition.
Prenant à témoins l’opinion publique, Mme Bouhired, affirme que malgré son opposition « clairement formulée à la réalisation d’un film qui veut réduire la Révolution au rôle de faire-valoir d’un régime autoritaire, impopulaire et antinational, les commanditaires de ce film ont décidé de passer outre. Après avoir manipulé les martyrs, ils revendiquent maintenant le droit d’instrumentaliser l’image des survivants dans des luttes d’arrière-garde » .
Mme Bouhired affirme qu’il était temps d’“en finir avec l’histoire officielle « qui soutient-t-elle a « marginalisé les véritables combattants pour mieux réhabiliter les canailles et les faussaires”.
Pour l’héroïne de la bataille d’Alger, ce traitement de l’histoire de la Révolution est “une profanation de la mémoire de nos martyrs”.
Déclaration de Djamila BOUHIRED Halte à la falsification de l’Histoire !
Halte à la profanation de la mémoire de nos martyrs !
Un film prétendant relater ma vie et mon parcours militant est en préparation. Commandité par le pouvoir politique, financé sur le budget de l’État, il est confié à un cinéaste officiel.
Dans un contexte de falsification décomplexée qui tente de tailler une histoire sur mesure à des usurpateurs et des faussaires, cette opération vise, une fois encore, à instrumentaliser la guerre de Libération nationale à des fins de légitimation de pouvoir.
Malgré mon opposition clairement formulée à la réalisation d’un film qui veut réduire la Révolution au rôle de faire-valoir d’un régime autoritaire, impopulaire et antinational, les commanditaires de ce film ont décidé de passer outre. Après avoir manipulé les martyrs, ils revendiquent maintenant le droit d’instrumentaliser l’image des survivants dans des luttes d’arrière-garde.
Je prends à témoin mes frères et mes sœurs Algériens pour réaffirmer mon opposition à la réalisation de tout film dont je serai le personnage principal, et mon refus de servir de caution à toute opération occulte.
Je dénonce avec force l’instrumentalisation de la Révolution et de ses martyrs à des fins de légitimation de pouvoir.
Il est temps d’en finir avec l’histoire officielle qui a marginalisé les véritables combattants pour mieux réhabiliter les canailles et les faussaires. Il est grand temps de mettre un terme à la profanation de la mémoire de nos martyrs.
Alger, le 20 juin 2017
Djamila BOUHIRED