Le géant de l’électronique japonais Sony a subi au cours de l’exercice budgétaire 2008-2009 sa première perte nette en quatorze ans, victime de la récession économique et plus encore de la hausse concomitante de la monnaie japonaise, qui lamine sa compétitivité.
Sony venait à peine, au printemps 2008, de se rétablir sur de solides bases, après avoir enduré des années de convalescence suivant l’explosion de bulle financière japonaise et la retombée de la fièvre Internet en 2002. Mais la tempête qui s’est abattue sur l’économie mondiale à l’automne a ruiné ses efforts passés. L’entreprise a fait état, jeudi 14 mai, d’un déficit net annuel de 98 milliards de yens (761 millions d’euros), certes moins important que redouté, mais néanmoins symptomatique. C’est la première fois que cela lui arrive depuis 1994-1995, même si par la suite il a plusieurs fois vu sa rentabilité malmenée et ses profits évoluer en dents de scie.
Intensification de la concurrence
La flambée de la devise nippone, consécutive aux turbulences financières, a mécaniquement fait décroître le chiffre d’affaires du groupe. D’autant qu’elle s’est conjuguée à un déclin de la demande de produits électroniques grand public et à une intensification de la concurrence. « Par rapport à l’année précédente, la valeur du yen s’est élevée de 13,8 % face au dollar et de 12,7 % vis-à-vis de l’euro », a souligné Sony qui a vu ses revenus et marges fondre.
Le pilier du groupe, l’électronique (hors consoles de jeux vidéo) a vu ses ventes s’effondrer de 17 % sur un an en valeur sur l’ensemble de l’exercice, et de 36 % au cours des seuls mois de janvier à mars 2009. Bilan : cette activité centrale, qui fait la réputation de Sony auprès du grand public et repose à 83 % sur les marchés étrangers, a enregistré un résultat d’exploitation négatif. Le déclin se porte sur les camescopes, les appareils photo numériques ou encore les ordinateurs.
Sony n’a pas non plus réussi à remettre d’aplomb son segment des jeux vidéo, même s’il est moins profondément ancré dans le rouge que l’an précédent. Cette situation, due au fait que Sony vend ses consoles-vedettes PlayStation 3 à perte, contraste avec la Wii de son concurrent et compatriote Nintendo, dont le bénéfice net a atteint un record lors de l’exercice bouclé en mars.
Sony, qui a décidé de faire 2,5 milliards d’euros d’économies, poursuit la suppression de 16 000 postes dans le monde et la réduction de ses sites de production détenus en propre, comme il l’avait annoncé fin 2008.