Le bilan 2008 de Sonelgaz affiche des clignotants au rouge. Les résultats rendent sur le plan technique inéluctable à court terme une augmentation des tarifs de l’électricité, voire une augmentation de son capital.
En d’autres termes, les comptes 2008 de Sonelgaz montrent que sa situation financière est difficile. Sa dette s’élève à 400 milliards de dinars, soit 40 000 milliards de centimes.
Sonelgaz n’a plus la capacité d’autofinancement suffisante pour assurer les massifs investissements prévus. Sonelgaz compte, en effet, investir près 3 000 milliards de dinars d’ici 2019, soit environ 30 milliards d’euros.
Elle a réalisé un bénéfice de seulement 1,7 million de dinars en 2008. À noter que ces investissements sont indispensables si l’on veut assurer la qualité de service et éviter les coupures d’électricité ou les délestages.
« Avec le gel des tarifs de l’électricité, Sonelgaz risque la dissolution si on suit le code du commerce », a affirmé le P-DG de Sonelgaz, Norddine Bouterfa. L’État, en somme, a le choix en résumé entre deux alternatives pour assurer la pérennité de l’entreprise : soit il opte pour une hausse des tarifs de l’électricité, soit il augmente son capital.
« Une augmentation de capital de 100 milliards de dinars pourrait lui assurer pendant cinq ans la capacité de poursuivre son développement », a avancé M. Bouterfa. L’État pourrait également éponger ses dettes.
L’Exécutif, a ajouté le P-DG de Sonelgaz, pourrait opter pour une combinaison de ces alternatives, en clair répartir cette augmentation, entre l’État, les clients et l’entreprise afin d’assurer la pérennité de l’activité du groupe.
Par ailleurs, la demande des filiales de distribution d’un réajustement des prix remet à l’ordre du jour la question d’augmentation des tarifs de l’électricité.
Ces dernières ont indiqué qu’elles ne rentraient plus dans leurs coûts. Le prix de vente est en deçà du coût de revient. Elles vont demander à la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (Creg) une hausse des prix.
Cette commission va examiner ces requêtes avant de transmettre le dossier au gouvernement. « Ce n’est plus le holding ou la société mère qui demande l’augmentation. Les filiales sont indépendantes. C’est à elles de demander une hausse des tarifs », a relevé M. Bouterfa.
Sonelgaz, futur acteur majeur du solaire en Algérie
La balle est donc dans le camp du gouvernement. Le ministre de l’Énergie et des Mines avait affirmé, lors de son passage à l’émission de l’Entv, qu’il n’avait reçu aucun signal du gouvernement allant dans le sens d’une augmentation des tarifs ou de subventions de l’État pour soutenir la situation financière de Sonelgaz.
Le P-DG de Sonelgaz a assuré, en outre, qu’il n’y aura pas de délestages cet été. « Le problème d’incapacité de moyens de production d’électricité ne se pose pas, mais l’Algérie observe un taux de consommation très important comparé aux pays voisins et aux pays occidentaux qui enregistrent une baisse de consommation à cause des effets de la crise mondiale », a ajouté le responsable de l’opérateur système.
M. Bouterfa a souligné que l’Algérie va s’éloigner du spectre des délestages avec la mise en service de la dorsale électrique de 400 KV reliant El-Tarf à la frontière tunisienne, au Maroc puis l’Espagne, pouvant assurer un apport de 700 MW. Revenons aux investissements programmés.
« En dépit des difficultés d’autofinancement, nous prévoyons d’investir 210 milliards de dinars rien qu’en 2009 dont 125 milliards de dinars en production et transport électricité, soit une hausse de 23% par rapport à 2008 », avait indiqué dans son allocution d’ouverture, M. Bouterfa.
En matière d’énergies renouvelables, Sonelgaz compte devenir un acteur majeur dans le développement du solaire en Algérie.
Elle vient d’acquérir Rouiba Éclairage qui va lui permettre de lancer la fabrication de panneaux solaires. « Sonelgaz va mettre chaque année 4 MW de solaire photo voltaïque à partir de 2014 », a-t-il indiqué.
10 milliards de dinars de pertes d’énergie en 2008
Les pertes d’énergie ont coûté à Sonelgaz 10 milliards de dinars, a indiqué le directeur des finances de Sonelgaz. Les vols d’énergie représentent 7 à 8 milliards de dinars.
Des centaines de milliers de clients ne paient pas l’électricité, notamment ceux habitant les bidonvilles ou habitations précaires (branchements illicites au réseau).
Les vols de câbles représentent 30 milliards de centimes
Le vol de câbles a causé à Sonelgaz des pertes entre 30 à 40 milliards de centimes. Ce trafic, rappelons-le, vise à exporter illégalement le cuivre et d’autres produits ferreux.
Les sociétés Sonelgaz, SNTF et Algérie Télécom sont les principales victimes de ces vols
Les impayés s’élèvent à 40 milliards de dinars
Les créances atteignent actuellement 40 milliards de dinars, détenus sur la clientèle privée, les administrations, les PME publiques et privées et l’ADE.
Sonelgaz arrive difficilement à recouvrer une bonne partie de ses créances.
Les faits marquants de l’année
La croissance de la consommation en électricité en 2008 est de 7,5%. Celle du gaz s’élève également à 7,5%.
Le niveau d’investissement a atteint 205 milliards de dinars en 2008 dont 110 milliards de dinars assurés par les crédits bancaires. Sonelgaz enregistre 232 000 nouveaux clients basse tension (électricité), 218 000 basse pression (gaz).
Pour les perspectives, sur la période 2009-2015, il est prévu une puissance de 8 000 MW. La puissance installée en 2008 est de 8 000 MW.