Sonatrach : Une pièce à abattre sur l’échiquier géostratégique ?

Sonatrach : Une pièce à abattre sur l’échiquier géostratégique ?

Le monde traverse une crise morale. La sphère de la spéculation a pris le pas sur les deux piliers éthiques et moraux qui ont, en partie, été à la base de la formulation des grands principes de l’économie politique : le travail et l’intelligence. Ils sont piétinés par des individus qui s’infiltrent dans tous les rouages de la décision politique et économique pour détourner le bien public. Une minorité qui se fond dans la masse de la majorité des cadres qui travaillent honnêtement.

Seul un contrôle rigoureux technique couplé à une pratique effective de la bonne gouvernance peut mettre hors d’état de nuire ces individus estiment, chacun à partir de sa propre trajectoire intellectuelle et professionnelle, deux universitaires (qu’on a rencontré séparément) dont l’un, économiste, a eu a assurer des missions au sein de différentes institutions du pays et d’organismes internationaux et le second, sociologue et politologue.

Au-delà de leur lecture à partir de deux angles différents, MM. Abderrahmane Mebtoul et Abdelaziz Bentermoul se rejoignent sur plusieurs points essentiels :

Primo : les scandales de corruption (dont certains avérés ont été sanctionnés en attendant que l’enquête et la justice tranchent pour les rumeurs en cours) ne sont qu’un écran de fumée destiné à cacher la mise en route d’un programme autrement plus pernicieux. L’élimination de Sonatrach et d’autres entreprises nationales du marché mondial par des concurrents. Il ne s’agit pas uniquement de la mise à l’écart d’entités industrielles, même si elles sont stratégiques mais, également, d’un plan qui n’est qu’à ses premiers pas pour remettre en cause toutes les avancées sociales, économiques et politiques de cette dernière décennie.

Secundo : un mur de l’intégrité est à bâtir pour éliminer toutes les poches et les zones d’ombre qui encouragent les pratiques frauduleuses. Une gouvernance, plaident nos interlocuteurs, qui doit intégrer dans une vision inclusive tous les systèmes (exécutif, législatif, judiciaire), toutes les institutions de lutte contre la corruption, les partenaires techniques et financiers, les médias, le secteur privé et la société civile.

Tertio : il est vital de créer une véritable synergie entre le monde universitaire et celui de l’entreprise en créant une dynamique qui va au-delà des « programmes nationaux de recherche » dont certains ne sont qu’une compilation de débats et de données qui circulent sur la toile. Inconnue en Algérie, la sociologie des bilans, est une science qui doit être enseignée et mise en pratique dans toutes les institutions.

El Moudjahid

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Sonatrach réalise 98 % des exportations algériennes et couvre 70% des besoins des ménages ainsi que les besoins d’équipements et de matières premières des entreprises.

Ce rappel est nécessaire pour souligner l’importance stratégique de cette entreprise, une entreprise dont la symbolique se confond avec l’indépendance économique du pays et partant son indépendance politique. Depuis, au moins la guerre en Irak, le simple citoyen a pris conscience de l’importance pour le complexe militaro-industriel des énergies fossiles. Frappés d’une crise économique comparable à la dépression de 1929, ces pays sont prêt à tout pour accaparer, à moindre coût, ces ressources. La Libye, le Mali et d’autres pays sont inscrits sur cette liste des territoires à conquérir. Récemment, un des conseillers de l’ex-président français a eu cette phrase lourde de sens : L’Algérie est un pays dont la superficie est trop grande… Suggère-t-il une partition a l’image du Soudan, un nord et un sud ?

Il est évident que s’attaquer à Sonatrach c’est, par effet de ricocher, s’attaquer à la souveraineté du pays, voire à son intégrité territoriale. Les scandales qui ont impliqué ou impliqueraient certains cadres de Sonatrach ou de hauts responsables à différents échelons de l’Etat paraissent minimes par rapport aux enjeux géostratégiques qui sont en train de redessiner la carte du marché mondiale de l’énergie et qui vont, à terme, frapper de plein fouet Sonatrach et par voie de conséquence toucher les fondements même de l’économie du pays dans sa globalité. Notre interlocuteur Abderrahmane Mebtoul qui nous tient ces propos sait de quoi il parle. Il a été, entre autres, directeur d’études, conseiller au ministère de l’Energie et Sonatrach. « Un volet du plan de de Gaulle, concernant le pétrole et le gaz au Sahara, a été réactivé. La crise sévère qui frappe ces pays les pousse à ressusciter leurs anciens démons. »

Des marchés traditionnels mais pas éternels

Sonatrach a deux marchés traditionnels qui absorbent la majeure partie de sa production. Les USA et l’Europe, plus exactement les pays de l’Europe occidentale. Les USA achètent 35% de la production algérienne. L’Algérie satisfait en gaz le marché européen à hauteur de 13 à 15% se plaçant derrière la Russie et la Norvège. Ces derniers temps, les USA se sont tournés vers le gaz de schiste que leur sous-sol recèle. Un rapport de l’AIE indique que les USA vont devenir, à moyen terme, le premier exportateur au monde de pétrole et de gaz après avoir été, des décennies durant, un grand importateur. Voilà, potentiellement, un premier marché qui risque de se fermer pour Sonatrach… même si l’Algérie est tentée par l’exploitation de cette ressource que son sous-sol recèle.

Le second marché de proximité, puisque il n’y a que la Méditerranée à traverser pour alimenter les pays de la rive nord en gaz, est convoité d’une façon féroce par l’un des plus gros producteurs de gaz naturel au monde (beaucoup plus que l’Algérie) à savoir la Russie. Ce pays dispose de deux atouts d’une redoutable efficacité pour accroître sa capacité d’approvisionnement de l’Europe. 25% de la consommation européenne de gaz naturel proviennent de la Russie, devançant la Norvège, l’Algérie et le Qatar. L’Union européenne ne peut donc se passer de cet interlocuteur de premier rang. Ses atouts ont pour nom le Nord Stream un gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique par l’Ukraine (il approvisionne le nord de l’Europe à raison de 55 milliards de m3 de gaz) et le South Stream, un projet de gazoduc qui, dès 2015, devrait relier la Russie à l’Europe occidentale. Ce gazoduc devrait avoir une capacité de 63 milliards de mètres cubes de gaz par an et sera acheminé sous la mer Noire vers la Bulgarie, puis la Serbie, l’Italie et l’Autriche. Son coût est estimé à 25 milliards d’euros.

Jeu d’échecs

Ce second gazoduc, le South Stream est destiné à attaquer le marché du sud de l’Europe, un marché traditionnelle de l’Algérie, 65 milliards de m3. Le projet qui devait démarrer en 2014 a été avancé par Poutine. Il sera opérationnel en 2015. 135 milliards de m3 de gaz vont débouler en Europe à un prix très attractif d’autant plus que la Russie dispose d’autres atouts pour forcer la main à ses clients, notamment la carte syrienne qu’elle cédera dès qu’elle aura des garanties sur des gisements d’hydrocarbures dans la région.

Face à cette nouvelle donne, rappelons que l’Algérie est engagée dans le projet GALSI porté par la Sonatrach et plusieurs partenaires. Une liaison sous-marine en Méditerranée par gazoduc entre l’Algérie et l’Italie, en passant par la Sardaigne. Cette liaison de 1.505 km doit acheminer à terme jusqu’à huit milliards de mètres cubes (normaux) de gaz naturel par an. Or, au-delà d’un certain nombre de paramètres qui retardent la concrétisation de ce projet des rumeurs insistantes font état d’une intervention de « personnalités » pour torpiller le Galsi. Bien évidemment, pour service rendu, il y aura bien paiement en coulisses !

Un autre projet, le NIGAL Trans-African Sas Pipeline, Nigeria – Algeria – Europe, est en gestation. Un gazoduc d’environ 4.500 km reliant la région de Warri (sur 1.300 km au Nigeria), 700 km au Niger et 2.500 km sur le territoire algérien pour relier le marché européen au gaz africain. Un prix à l’arrivée du gaz qui risque de coûter beaucoup plus cher (certains voudraient inclure les dépenses de la guerre au Sahel) et donc le prix au mètre cube rendu en Europe sera peu attractif par rapport à celui des Russes. Ceci en ce qui concerne l’environnement international dans lequel évolue Sonatrach. Une entreprise pilier de l’économie algérienne qu’on voudrait bien voir à genoux pour mieux démanteler ce pays… parce que, hélas, jusqu’à l’heure actuelle, hormis les hydrocarbures aucun secteur n’est en mesure de nous guérir de ce syndrome hollandais, c’est-à-dire, exporter des hydrocarbures et importer presque tout parce que il n’y a pas de base industrielle.

Quelles sont nos ressources, et maintenant quelle est la situation du marché domestique ?

Abdelhamid Zerguine, PDG de Sonatrach, a récemment déclaré que les réserves de gaz ne sont plus que deux mille milliards de mètres cubes. L’Algérie aspire à exporter 85 milliards de m3, un volume qu’il s’agit d’additionner au volume de la consommation intérieure en constante augmentation, d’autant plus qu’une décision a été prise de doubler la consommation d’électricité à partir du gaz (de 35 milliards à 70 milliards de m3). Au final 155 milliards de m3 annuellement, rapportés aux réserves prouvées : 13 ans de durée de vie !

Les pouvoirs ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. Il y a un réel problème de sécurité qui se pose au pays. On sera 50 millions d’habitants ce jour-là, sans pétrole et sans gaz conventionnel en 2025. Comment passer d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures ?

Alors ces scandales qui essaient d’ébranler Sonatrach sont-ils à décrypter uniquement par les agissements de tristes individus qui profitent pour s’enrichir, ou faut-il les replacer dans un cadre plus global ? Procéder par étouffement de l’une des rares entreprises capables d’assurer la sécurité du pays. Au bon sens de répondre.

Mohamed Koursi

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Me Miloud Brahimi à propos de la corruption

« Elle n’est pas plus importante en Algérie qu’ailleurs »

« La corruption existe chez nous mais je ne crois pas qu’elle soit plus importante de qu’elle ne l’est ailleurs », a estimé, hier, Me Miloud Brahimi sur les ondes de la Radio nationale. Invité de la rédaction de la Chaîne III, Me Brahimi, avocat connu pour son franc-parler, s’est étonné qu’on parle aujourd’hui de campagne de lutte contre la corruption, alors que ce phénomène a toujours existé, non seulement en Algérie mais dans tous les pays du monde.

« Contrairement à ce que l’on peut croire, et au risque de vous surprendre, ce fléau n’est pas plus important en Algérie qu’ailleurs, ni plus aujourd’hui qu’hier. La corruption est ce qu’elle est. Elle a été ce qu’elle a été et tant qu’il y aura des hommes et dans tous les pays, la corruption existera », a-t-il dit.

Pour Me Brahimi, il est tout à fait clair que si aujourd’hui le phénomène de corruption paraît « prendre de l’ampleur » en Algérie, c’est parce que, la presse en parle tous les jours, comme ce n’est pas le cas dans les autres pays. Il dira à ce propos : « Il existe en Algérie une liberté de presse qui n’existe pas forcément dans d’autres pays, d’une part. A cela s’ajoute la présence et l’activité en Algérie de l’ONG « Transparency international » qui fait incontestablement un bon travail et donne même à ce phénomène une ampleur qui laisse croire que l’Algérie est un pays exceptionnel, d’autre part. »

Me Brahimi croit en revanche que ces campagnes récurrentes de lutte anticorruption en Algérie, « reviennent de manière épisodique, presque tous les quinze ans environ », à des étapes de l’histoire du pouvoir politique.

« Pour le professionnel que je suis, et depuis que j’exerce ce métier, je note trois campagnes dites anti-corruption. » La première, début des années 1980, a été lancée contre les cadres gestionnaires issus de l’ère du Président Boumediène. « Et on se plaît à dire que la corruption n’existait pas en ce temps, ce qui est faux, mais elle s’est perpétuée. »

Quant à la seconde campagne anticorruption, celle du milieu des années 1990, Me Brahim s’indigne pour dire « aujourd’hui, je n’ai toujours pas compris pourquoi l’Etat, au lieu de se consacrer à la lutte contre le terrorisme, et il avait à faire, s’en est pris aux cadres gestionnaires… On a ensuite dit que c’était pour favoriser la privatisation. »

Concernant l’affaire Sonatrach, l’homme de loi alerte qu’elle porte préjudice « non seulement à l’entreprise, ce qui est l’évidence même, mais aussi à nos institutions », tout en s’inquiétant de l’effet qu’elle peut avoir à la fois sur l’image de notre pays, mais surtout sur l’esprit de notre jeunesse qui s’informe tous les jours sur les colonnes des journaux. Une jeunesse qui pourrait penser que « l’Algérie est un pays où la « tchippa » règne en maître, ce qui est faux », insiste-t-il.

Soucieux d’une fausse interprétation de ses propos, Me Brahimi s’empresse de dire « qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit. Je suis le premier à avoir dénoncé publiquement l’affaire Khalifa où j’avais dit dans ma plaidoirie que la corruption était un sport national, et précisément un sport d’élite qui a tendance à ‘‘se démocratiser’’, mais c’est pour moi l’occasion de préciser que la lutte contre la corruption doit être celle de tous les jours et non circonstancielle. »

Me Brahimi a souligné par ailleurs que la pénalisation de l’acte de gestion est un obstacle majeur à la lutte contre la corruption, contrairement aux apparences. « On n’a pas besoin d’être juriste pour comprendre c’est quoi un vol, un détournement ou ce que c’est que la corruption. On a inventé tout un système pour faire la chasse aux cadres du pays. Le Président de la République avait annoncé solennellement la dépénalisation de l’acte de gestion, mais en réalité rien n’a été fait », a-t-il dit.

Salima Ettouahria

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Dr Abdelaziz Bentermoul

« Les attaques contre Sonatrach sont à replacer dans un cadre géostratégique »

Vous êtes à la fois politologue et sociologue, quelle lecture faites-vous de ces informations quasi quotidiennes de corruption en Algérie ?

Précisons d’abord, même s’il y a plusieurs approches (juridiques, politiques, économiques..) que la corruption est un phénomène de société. Les dossiers qui défraient la chronique nationale ne sont pas spécifiques à l’Algérie. Ils sont communs à la plupart des pays du Nord, comme du Sud. Ils s’expriment d’une façon particulière dans les pays du Tiers Monde, parce qu’il s’agit de pays en construction où les structures étatiques ne sont pas établies définitivement.

La corruption est donc planétaire.

La question qui se pose à trait au timing… pourquoi en ce moment précisément Sonatrach, comme d’autres entreprises phares du pays sont au centre d’accusation et d’attaques ?

Je vous laisse le soin de répondre…

L’affaire de Tiguentourine, Sonatrach, les faux diplômes à l’université… Je trouve que ce brusque déballage au même moment suggère la mise en branle d’un programme précis.

Il est tout de même curieux que certaines chaînes de télévisions étrangères, des journaux étrangers consacrent de longs commentaires sur ces questions-là, allant même, au mépris de toute déontologie et éthique, citer des noms de personnes alors que la justice n’a pas encore rendu son verdict. La même vision, le même discours est repris, malheureusement, dans certains organes nationaux.

L’un des exemple les plus illustratifs de cette dérive (orchestrée ?) concerne un ancien ministre qui a occupé de hauts postes, aussi bien à l’étranger qu’en Algérie et qui ne cesse d’être cité du simple fait qu’un de ses neveux seraient impliqués ! « Au nom de quelle raison faudra-t-il faire de la parenté un fait générateur de délit ? » a-t-il écrit dans une lettre qui peut servir de cas d’école pour le journalisme.

Oui, mais ce timing auquel vous faites allusion…

D’abord, il faut préciser que l’Algérie se prépare à une continuité du fonctionnement des institutions de l’Etat.

Les présidentielles arrivent au moment où la reconstruction des ministères, des administrations et des institutions atteint sa vitesse de croisière, voire même arrive à des niveaux qui collent, pour certains d’entre eux, aux standards internationaux.

Il y a une dynamique qui passe non seulement par la décision politique (gouvernance notamment) mais aussi par l’investissement économique et on voit bien aujourd’hui l’ouverture très importante envers l’investissement.

Je crois bien que ceci dérange certaines forces souterraines qui actionnent différents relais, y compris les médias. Cette refondation de l’Etat et le développement socioéconomique dérangent.

Vous parlez d’éléments endogènes, pourtant l’attaque de Tiguentourine est venue de groupes qui activent hors de nos frontières…

Arrêtons de stigmatiser l’Algérie. Il faut qu’on prenne conscience que certains ont voulu nous attaquer par le biais du printemps arabe. Ils ont échoué, ils ont tenté Tiguentourine ça n’a pas marché… Ils essaient maintenant de saper les entreprises piliers de l’économie du pays. Cette permanence nous renseigne sur la menace qui plane et qui vise nos ressources énergétiques.

Je vous rappelle qu’on a déjà essayé de nous précipiter encore plus dans l’abîme, dans les années 1990. On s’en est sorti. Ensuite certains se sont attaqués à la seule institution qui a sauvé le pays en jetant le discrédit sur l’appareil sécuritaire… encore un échec. Après le sécuritaire, ils jouent maintenant sur l’économique. Voilà !

Certes, mais on ne peut nier la réalité de la corruption. La justice a eu a maintes reprises à se saisir d’affaires de malversation, y compris pour le cas de Sonatrach où l’affaire a été jugée au pôle pénal d’Oran…

En tant qu’Algérien, observateur des réalités sociales de mon pays, je ne nie pas la réalité de la corruption en Algérie.

Le Président de la République, en personne, a choisi une date d’une charge symbolique extraordinaire pour parler avec courage de ce fléau et à appeler la justice à traiter avec une extrême sévérités ces faits.

La justice a son autonomie qui s’inscrit dans le cadre du projet démocratique en cours. Il y a des dossiers de corruption. Il faut donner des sanctions exemplaires. Il en va de la crédibilité de l’Etat.

Mais il n’y a pas que l’action répressive de l’Etat a posteriori contre les corrompus, n’y a-t-il pas d’autres voies préventives ?

Un nom ! La Bonne gouvernance. Aller au-devant des citoyens avec des pratiques de transparence et un sens des responsabilités, et surtout bien gérer l’argent public.

Le problème, c’est qu’à la base, au niveau des collectivités locales, par exemple, l’Etat n’arrive pas à maîtriser sur le terrain tout cet argent qui circule. La sociologie des bilans est inexistante en Algérie. Si un projet coûte 10 milliards il faut que je trouve 10 milliards dépensés et justifiés.

La citoyenneté et la bonne gouvernance doivent apparaître comme la préoccupation majeure en Algérie.

Elle doit se manifester à travers le contrôle et le suivi permanent de cette manne financière qui attise les convoitises aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. 200 milliards de dollars, 289 milliards de dollars… ça fait rêver beaucoup de pays.

Une richesse qu’il s’agit de protéger et de savoir utiliser…d’ailleurs tout le monde, même les plus critiques, ne nient pas la marque irréfutable de tout cet argent sur le territoire…

Vous me faites penser au rapport du développement humain des Nations unies de 2012 (celui de 2013 sera publié ce mois-ci) qui dresse un portait des plus avantageux de l’Algérie. Routes écoles, scolarisation, santé…Certes il y a des domaines perfectibles.

La carte Chifa dépasse la réalité culturelle algérienne. L’Algérien n’a pas encore pris la mesure de cette carte et de ses avantages. Combien y a-t-il de pays de par le monde qui disposent d’une telle couverture sociale ? Ceci dit, la composante qui gère l’argent public est à revoir. La composition du « directoire » sa façon de travailler sont devenues obsolètes.

La gestion des ressources humaines… Un système de gestion avec plus de transparence, diviser les responsabilités pour moins d’opacité… Voilà des pistes.

Propos recueillis par M. Koursi

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Un fléau planétaire

Avec la mondialisation et la monétarisation des échanges et des rapports humains, y a-t-il un pays qui échappe à la corruption ? 141 pays dont l’Algérie, réunis à Doha du 9 au 13 novembre 2009, ont adopté un mécanisme de suivi concernant la Convention des Nations unies contre la corruption. La corruption est un phénomène social, politique et économique complexe, qui touche tous les pays. Elle sape les institutions démocratiques, ralentit le développement économique et contribue à l’instabilité gouvernementale, note l’ONUDC dans l’un de ses rapports. Pour différentes raisons — pas nécessairement fondées dans leur totalité — on considère que l’Afrique est le continent le plus touché par ce phénomène. Est-ce parce que c’est dans ce continent que toutes les entreprises internationales se livrent à une concurrence féroce pour bénéficier d’une part de marché, d’une portion de territoire pour prospecter des gisements ? Cet argent «sale», dont on s’assure de lui faire disparaître toute traçabilité, d’où vient-il ? Qui le remet ? À qui ? Par quels procédés ? Où est-il déposé ? Autant de questions qui montrent l’étendue des complicités… D’où la nécessité du recours à des mécanismes internationaux qui viendraient en appoint aux mécanismes nationaux. Quand Transparency International classe les pays en fonction d’indices de corruption, pourquoi ne prend-elle que «la demande d’argent», l’agent receveur et non l’«offre d’argent» qui émane du corrupteur ? Pourtant, ils sont à classer au même niveau. Si tel était le cas, de nombreux pays du Nord se verraient en bas de la liste !

L’Algérie, comme le reste des pays de la planète, n’échappe pas à ce fléau. La conjonction de deux éléments a donné, ces derniers temps, une visibilité à ce phénomène : la mondialisation qui a inscrit toutes les entreprises nationales, a fortiori celles qui ont un pied dans le marché mondial, dans un seul réseau planétaire. Forcément, toute entreprise où qu’elle se trouve, si elle traverse des turbulences, celles-ci se répercutent immédiatement sur l’ensemble de la chaîne et de la filière dans ce monde-village. L’exemple le plus récent et le plus significatif concerne évidemment le scandale de la viande de cheval qui a éclaté au niveau d’une petite entité en France, pour prendre, aujourd’hui, des proportions européennes. Vingt et un pays — surtout en Europe — sont maintenant concernés par le scandale de la viande de cheval. «Les pratiques de corruption trouvent dans les relations internationales un terrain de prédilection. En sortant des frontières, l’argent échappe aux règles des pays d’origine sans être souvent soumis aux règles des pays d’arrivée, parce que celles-ci sont inexistantes ou laxistes, ou tout simplement faciles à contourner.» Le deuxième élément renvoie à l’affirmation de plus en plus marquée du rôle des médias et du formidable effet d’accélérateur qu’impriment les Tic aux informations. Cette rencontre de la «liberté d’informer» avec la mondialisation est, cependant, porteuse d’une certaine illusion. Elle donne l’impression que les affaires de corruption sont plus nombreuses, plus importantes et plus fréquentes, alors qu’en vérité , il s’agit, peut-être, du revers de la liberté de la presse dont les médias s’en délectent pour donner dans le sensationnel en puisant dans le marché unique de l’information, à savoir la Toile, leurs informations. L’Algérie, comme le reste des pays de la planète, n’échappe pas à ce fléau. La conjonction de deux éléments a donné, ces derniers temps, une visibilité à ce phénomène : la mondialisation qui a inscrit toutes les entreprises nationales, a fortiori celles qui ont un pied dans le marché mondial, dans un seul réseau planétaire. Forcément, toute entreprise où qu’elle se trouve, si elle traverse des turbulences, celles-ci se répercutent immédiatement sur l’ensemble de la chaîne et de la filière dans ce monde-village. L’exemple le plus récent et le plus significatif concerne évidemment le scandale de la viande de cheval qui a éclaté au niveau d’une petite entité en France, pour prendre, aujourd’hui, des proportions européennes. Vingt et un pays — surtout en Europe — sont maintenant concernés par le scandale de la viande de cheval. «Les pratiques de corruption trouvent dans les relations internationales un terrain de prédilection. En sortant des frontières, l’argent échappe aux règles des pays d’origine sans être souvent soumis aux règles des pays d’arrivée, parce que celles-ci sont inexistantes ou laxistes, ou tout simplement faciles à contourner.» Le deuxième élément renvoie à l’affirmation de plus en plus marquée du rôle des médias et du formidable effet d’accélérateur qu’impriment les Tic aux informations. Cette rencontre de la «liberté d’informer» avec la mondialisation est, cependant, porteuse d’une certaine illusion. Elle donne l’impression que les affaires de corruption sont plus nombreuses, plus importantes et plus fréquentes, alors qu’en vérité , il s’agit, peut-être, du revers de la liberté de la presse dont les médias s’en délectent pour donner dans le sensationnel en puisant dans le marché unique de l’information, à savoir la Toile, leurs informations.

A. Koursi